Dernier chapitre de la série documentaire de lavaca qui traite des expériences récentes de différentes coopératives argentines qui ont réussi à récupérer des entreprises vidées ou mises en faillite par les patrons. Voir ici tous les chapitres.

Chapitre 8

Le Movimiento de Empresas Recuperadas (Mouvement des entreprises récupérées) a présenté la MIA, la Moneda de Intercambio Argentina (monnaie d’échange argentine). Un outil de paiement entre les entreprises récupérées et l’économie populaire, pour échanger des produits et des services sans psychose inflationniste. Le précédent suisse, le symbole de l’autogestion et le slogan qui symbolise un paradigme de pensée et d’action : La coopération l’emporte sur la concurrence.

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Transcription

Texte d’introduction : « L’argent est fiduciaire, il est basé sur la confiance. Sur rien d’autre que la confiance. L’argent n’est pas une chose : c’est la croyance en une chose. L’argent n’est pas seulement le système nerveux central du capitalisme, c’est aussi le talon d’Achille du système. »

Bernard Lietaer

Inscription sur une chemise : UNE AUTRE ÉCONOMIE EST POSSIBLE

Inscription sur une bannière : La coopération l’emporte sur la concurrence

Sous-titre : Les choses qu’il faut faire pour travailler, Chapitre 8

Inscription sur une pancarte : OFFRE MIA (N.d.T. : monnaie d’échange argentine) Vous pouvez acheter des produits et des services à différents producteurs de l’économie sociale et populaire avec les billets de banque MIA.

Bonjour, comment allez-vous ? – Comment ça marche ? [la monnaie d’échange MIA]

Regardez, nous lançons maintenant quelque chose qui est la monnaie MIA… Nous échangeons des MIA contre des pesos à raison de 1 pour 1. Tout ce qui est acheté ici l’est avec des MIA. Vous échangez donc. Vous pouvez en utiliser autant que vous voulez. Et s’il vous reste des MIA, vous pouvez les dépenser dans les magasins MIA ou venir ici et nous vous les rembourserons.

Que puis-je acheter ici aujourd’hui ?

Vous pouvez acheter : des produits de l’entrepôt, des produits frais, des produits de Maderera Córdoba (bois de charpente), beaucoup de produits des entreprises récupérées, des meubles, des os pour chien…

Inscription sur le bras d’une personne : Occuper résister produire

Sous-titre : MIA est la Moneda de Intercambio Argentina (monnaie d’échange argentine). Elle a été créée par les entreprises récupérées comme outil pour payer les produits et les services entre les expériences de l’économie populaire.

D’où vous est venue l’idée, où avez-vous puisé l’inspiration ?

Eduardo « Vasco » Murúa, directeur national des programmes d’inclusion économique des coopératives IMPA (programas de Inclusión Económica Cooperativa IMPA) :

J’ai trouvé l’idée en lisant un article sur une expérience qui s’est déroulée en Suisse en 1934, après la grande crise mondiale, huit hommes d’affaires qui étaient presque en faillite ont commencé à générer cette monnaie entre eux pour se compléter, comme nous, les entreprises récupérées, le faisons aujourd’hui.

Est-ce une monnaie qui contribue à l’économie argentine ?

C’est une monnaie qui contribuera sûrement à la production et à l’échange entre les travailleurs et les consommateurs.

La question de la monnaie fait l’objet d’un consensus.

Ce qui a toujours été difficile pour le mouvement, c’est que les camarades, les travailleurs, les dirigeants du mouvement, comprennent l’importance de la monnaie. Cette monnaie ne sera jamais utilisée pour la spéculation, par exemple. Donc, le bien commun pour nous aujourd’hui dans notre pays, c’est le travail. Nous en sommes sûrs. La coopération l’emporte sur la concurrence. Bien sûr, là nous discutons du symbole ultime du système capitaliste, qui est un système totalement fini, la seule chose qu’il génère c’est la guerre, une guerre commerciale, et toutes les autres guerres viennent de cette guerre commerciale mondiale.

Et donc c’est un billet, et c’est aussi un positionnement politique ?

Oui, comme tout ce que nous avons fait, depuis la première récupération d’entreprise jusqu’à aujourd’hui.

Vous êtes fonctionnaire, mais pensez-vous que l’État s’approprie ces outils que l’organisation sociale crée ?

Au début, il les sous-estime, comme il nous a sous-estimés lorsque nous avons repris la première entreprise récupérée et ensuite, il ne peut pas finir par nous légaliser, il ne peut pas finir pR nous légaliser parce que nous sommes une noix dure à casser et nous disons toujours « pourquoi n’y a-t-il pas une loi comme celle que nous proposons pour que les entreprises puissent être récupérées rapidement sans un coût social énorme, sans conflit » ; et sûrement ce qu’ils doivent penser est que s’il y avait beaucoup plus d’entreprises récupérées, il y aurait aussi un mécanisme différent pour les travailleurs par rapport à l’État.

Sous-titre : C’EST MIA, C’EST À NOUS

C‘est vous qui avez imprimé les billets de banque ?

Interview à Mario Mato, Cooperativa 3 de Agosto

Oui, nous imprimons les billets. Et aujourd’hui, nous les présentons.

La boucle est bouclée. C’est une source de fierté. Fierté d’être avec ça.

Vous êtes en train de mettre en place la monnaie ?

Oui, nous sommes en train de le faire.

Cela fonctionne-t-il ?

Oui, comment cela pourrait-il ne pas fonctionner ?

Ce sont vos amies ? [des personnes sur un billet MIA]

Oui, mes amies de Mielcitas.

Comment ont-elles reçu des billets de banque ?

Interview à Silvia Ayola, Coopérative Mielcitas

Et bien, avec beaucoup de fierté, beaucoup de fierté et nous savons que ce sera très bon.

Est-ce déjà mis en œuvre à Mielcitas ?

Oui, c’est déjà en cours, les amies et amis reçoivent la somme de 5 000 MIAs ou 10 000 MIAs par mois.

Et bien, elles font leurs courses, elles vont au restaurant, elles utilisent les billets.

À quoi servent vos MIAs ?  (Réponses de différentes personnes)

À acheter des produits, des produits RECOOP.

Je dirais qu’une usine récupérée signifie des vies récupérées. L’espoir retrouvé, les rêves retrouvés, la dignité retrouvée. C’est de l’autogestion, savoir que tout le monde cherche son rêve, tout le monde essaie de se projeter, et à un âge comme le mien, encore plus.

Je pense que c’est la meilleure chose qui puisse arriver à un travailleur.

Être libre

Dignité et travail.

Posséder les moyens de production.

Générer des ressources.

Nous travaillons sans patron.

En bref : occuper, résister et produire.

La confiance des gens en eux-mêmes pour construire ce que le système ne leur offre pas.

Mais d’un autre côté, c’est aussi une expérience qui accumule les possibilités que nous avons de quitter ce système et d’en construire un autre avec tout ce que cela signifie. C’est cela l’autogestion.

Inscription sur un mur : Mouvement national des entreprises récupérées

 

Les 8 chapitres de la série « Les choses qu’il faut faire pour travailler » :

Chapitre 1 : Présentation

Chapitre 2 : La visite d’un président

Chapitre 3 : re-présentation du projet de loi pour la récupération des unités productives

Chapitre 4 : l’Expérience de la récupération de l’imprimerie Gráfica Patricios

Chapitre 5 : La récupération du journal Tiempo Argentino

Chapitre 6 : l’Expérience de la récupération de l’hôtel Bauen

Chapitre 7/8 : La récupération d’une usine des vis

Chapitre 8/8 : Une autre économie est possible, la création d’une monnaie alternative

 

Traduction et transcription : Evelyn Tischer