Septième chapitre de la série documentaire de lavaca qui traite des expériences récentes de différentes coopératives argentines qui ont réussi à récupérer des entreprises abandonnées ou mises en faillite par les patrons. Voir ici tous les chapitres.

Chapitre 7

En 2002, les propriétaires abandonnent une usine de vis. Les personnes qu’y travaillaient ont pris le relais. ElIes ont créé la coopérative La Matanza. Elles ont traversé les crises, les récessions et la pandémie. Et elles ont déjà 20 ans sans patron, avec une nouvelle génération à la tête de l’entreprise. Edith Garay est l’une des personnes référentes de l’usine, du mouvement et des personnes qui travaillent dans des coopératives.

La clé : « L’essentiel est de nous penser comme des personnes qui entreprennent sans oublier que nous sommes des personnes qui travaillons ».

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Transcription

Les choses qu’il faut faire pour travailler. Chapitre 7

Texte écrit sur le mur : « AUJOURD’HUI VA PEUT ÊTRE UN GRAND JOUR »

La grande difficulté des entreprises récupérées est que, bien que nous produisions à l’échelle industrielle, nous produisons plus lentement que les autres entreprises. Nous ne voulons pas d’une assistance permanente de l’État. Nous voulons que l’État intervienne pour que nous puissions avoir accès au crédit. Parce que les entreprises du secteur privé ont cette possibilité, elles hypothèquent, elles ont accès au crédit, et les entreprises récupérées n’y ont pas accès parce que nous n’avons rien à nous pour pouvoir mettre en place, pour pouvoir contracter un prêt, pour nous renouveler technologiquement.

Texte sur l’image : Edith Garay – Coopérative La Matanza

Sous-titre : En 2002, après avoir été abandonnée par ses propriétaires, la fabrique de vis a été récupérée par ses travailleurs. Quelques mois plus tard, ils ont créé la coopérative La Matanza.

J’ai rejoint la coopérative. Ici, mon salaire était presque la moitié de celui des autres travailleurs.

Pourquoi ?

Uniquement parce que j’avais un travail administratif. Et il y a deux choses très importantes ici : Le fait d’être une femme et le fait d’avoir un travail administratif. Ce sont deux choses qui, pour eux, ont nui à mon travail et à la possibilité d’être payée de la même manière qu’eux (N.d.E. : ‘eux’ fait référence aux personnes travaillant sur les machines). Pour eux, être une personne signifiait travailler sur une machine. C’était quelqu’un qui avait un métier, quelqu’un capable de s’aligner sur le salaire. Et ce n’était pas mon cas. C’est là que nous avions un problème. De 2011 à 2015, j’étais moins bien payée qu’eux.

Ils n’arrêtaient pas de me dire : non, il faut attendre.

Regarde-toi, tu es assise là, tu bois du thé, tu… et c’était toujours… le travail administratif n’a jamais été valorisé parce que pour eux ce n’était pas important, pour eux ce qui était important et fondamental c’était la production. La chose principale dont je parle toujours, même ici à mes collègues : il faut se considérer comme des entrepreneurs, sans oublier que nous sommes des travailleurs. C’est l’essentiel.

Notre idée n’est pas de nous enfermer uniquement sur la production et de penser que nous ne sommes que des chiffres et que nous devons travailler plus et gagner plus, non. Nous croyons et pensons que le travail rend la dignité, mais le travail en ensemble, dans des coopératives, le travail en coopération avec d’autres.

En général, les entreprises récupérées ont des travailleurs qui savent parfaitement comment produire sur leurs machines, mais l’administration n’est jamais prise en compte, et il est essentiel de toujours avoir la question des coûts à portée de main.

Comment sont les matières premières, quels sont les prix, comment se vendent-elles et à qui vendent nos concurrents. Que fait votre concurrent, quel nouveau produit sort-il, comment le sort-il, à qui le vend-il ?

Quel marché allez-vous cibler ? Ne faites pas payer trop cher nos concitoyens. Regardons si nous pouvons avoir accès à de bons produits d’une qualité égale à celle des produits achetés à l’extérieur. Sans être exploités.

 

Les 8 chapitres de la série « Les choses qu’il faut faire pour travailler » :

Chapitre 1 : Présentation

Chapitre 2 : La visite d’un président

Chapitre 3 : re-présentation du projet de loi pour la récupération des unités productives

Chapitre 4 : l’Expérience de la récupération de l’imprimerie Gráfica Patricios

Chapitre 5 : La récupération du journal Tiempo Argentino

Chapitre 6 : l’Expérience de la récupération de l’hôtel Bauen

Chapitre 7/8 : La récupération d’une usine des vis

Chapitre 8/8 : Une autre économie est possible, la création d’une monnaie alternative

 

Traduction et transcription : Evelyn Tischer

L’article original est accessible ici