Deuxième chapitre de la nouvelle série documentaire de lavaca qui traite des expériences récentes de différentes coopératives argentines qui ont réussi à récupérer des entreprises abandonnées ou mises en faillite par les patrons. Voir ici tous les chapitres.

Chapitre 2

Huilerie La Matanza a été la première usine récupérée à être visitée par un président argentin au cours de son mandat. Alberto Fernández a reconnu qu’il avait toujours considéré les coopératives comme faisant partie de l’« économie informelle », sans comprendre qu’elles impliquaient d’autres modes de production : « Maintenant, je suis l’un de ceux qui doivent convaincre le reste de l’Argentine que l’économie populaire existe et que nous devons lui donner les moyens de continuer à se développer », a-t-il déclaré devant 2 000 travailleurs. Néanmoins, pendant la pandémie, l’aide de l’État n’a pas été la même que pour les entreprises privées. Que dit-il à ce sujet ? Et que lui répondent ceux qui travaillent ?

Pour voir la vidéo ( 6′ 33′′ ) avec les sous-titres en français sur un ordinateur : 1. Cliquez sur l’icône Sous-titres (rectangle blanc en bas à droite de la fenêtre du lecteur vidéo).   2. Cliquez sur l’icône Paramètres (roue dentée en bas à droite), puis cliquez successivement sur Sous-titres, puis sur Traduire automatiquement.    3. Dans la fenêtre qui s’ouvre, faites défiler la liste des langues et cliquez sur Français.

Transcription

Les choses qu’il faut faire pour travailler, Chapitre 2

L’Huilerie La Matanza a été récupérée en 2016.

Aujourd’hui, elle emploie une centaine de travailleurs.

L’Huilerie la Matanza est la première entreprise récupérée à être visitée par un président argentin en exercice.

Présentation du projet de loi : Récupération des unités productives

Le Président de la Nation, Dr. Alberto Fernandez : Merci, Fernando, de nous accueillir dans la capitale nationale de la promotion du travail, La Matanza.

La crise de 2001 a été fatale : le défaut de paiement. Et l’une de ces difficultés était que les entreprises s’effondraient, les propriétaires disparaissaient, et les personnes qui travaillaient dans ces entreprises disaient qu’elles voulaient continuer à produire.

C’est alors que quelque chose d’étrange a commencé à se former pour nous, c’est-à-dire les coopératives de travail. Mais qu’est-ce que c’est ? Explique-moi ce que c’est, parce que je ne comprends pas. Eh bien, ce qui se passe, c’est que les propriétaires sont partis. Ils sont partis, ils ont tout abandonné, ils nous ont quittés. Ils se sont éloignés de nous et nous voulons continuer à travailler nous avons besoin de soutien, nous avons besoin que l’État nous soutienne.

Je lui disais, mais Vasco, l’entreprise appartient à ceux qui sont partis. Certes, mais ils sont partis. Ils ont tout quitté. Tu te souviens ? Et ceux qui travaillaient ont seulement demandé : laissez-moi le droit de continuer à travailler.

Il y a une partie de l’Argentine qui a développé d’autres valeurs très précieuses et qui ne peuvent rester sous le joug de l’économie formelle. Maintenant, personne n’a besoin de me convaincre de quoi que ce soit et je suis moi-même l’un de ceux qui doivent convaincre le reste de l’Argentine de l’existence de l’économie populaire, elle est là pour rester. Elle est précieuse et nous devons lui donner les moyens de continuer à se développer.

C’est pourquoi en Argentine, où je rêve, les premiers sont les derniers. Merci, mes amis.

Président, une question, êtes-vous ici parce que vous croyez en l’autogestion ?

Je connais l’histoire des entreprises récupérées depuis leurs débuts, depuis leur naissance, et je pense qu’elles ont très, très bien réussi.

Il y a un manque de politiques publiques pour soutenir ?

Eh bien, nous nous occupons de toutes les politiques publiques. Les premières lois des entreprises récupérées, je les ai élaborées au sein de l’assemblée législative de la ville de Buenos Aires.

Pendant la pandémie, les entreprises millionnaires ont été soutenues ; les entreprises récupérées ont été moins soutenues.

Non. Nous les avons toutes soutenues. Non, non, non, non, ce n’est pas vrai. Nous les avons toutes soutenues, nous avons soutenu le travail, nous n’avons pas soutenu les entreprises. Je vous remercie.

 

Interview à Eduardo « Vasco » Murúa, directeur national des programmes d’inclusion économique, Coopérative IMPA :

Ce qu’ils ont fait est très injuste. C’était très injuste, c’était très injuste. Ils ont donné aux secteurs qui gagnaient le plus, ils ont reçu plus que les ouvriers, qui étaient dans une relation de dépendance, à cause de ce que le Président te disait, et il était sincère. Ils considèrent l’économie comme ça, c’est une hypocrisie de considérer seulement que l’économie formelle comme étant toute l’économie.

Pendant longtemps, aucun gouvernement n’a été en mesure de s’attaquer à ce problème. Le président a encore du mal à accepter que nous soyons un secteur.

Question : Tous les fonctionnaires que j’ai interrogés aujourd’hui m’ont dit qu’il n’y avait pas de différence, qu’il n’y avait pas de différence entre les entreprises qui réalisent des bénéfices de plusieurs millions et ce que les usines récupérées ont reçu.

Mensonge, c’est un mensonge, c’est un mensonge, c’est un mensonge. Non. Nous n’avons reçu que le ‘Potenciar Trabajo’, [N.d.T. « Potenciar Trabajo » est un programme national d’inclusion socioproductive et de développement local. Son objectif est de contribuer à améliorer l’emploi et à générer de nouvelles propositions productives grâce au développement de projets socioproductifs, sociocommunautaires et socioprofessionnels et à l’achèvement de l’éducation, dans le but de promouvoir la pleine inclusion sociale des personnes en situation de vulnérabilité sociale et économique.]

Quel était le niveau de l’aide ?… Je ne me souviens plus, mais aujourd’hui c’est la moitié du salaire minimum. Et les travailleurs dans une relation de dépendance jusqu’aux cadres aux salaires élevés ont reçu la moitié de leur salaire.

Il s’agit donc d’un gros mensonge. Parfois, la différence est cinq fois plus importante entre ce qu’un employé formel a reçu en aide et la part des multinationales qui nous oppriment. Tous ces directeurs étaient payés par l’État au moins dix fois plus que l’aide économique apportée à notre peuple et à nos entreprises.

 

Les 8 chapitres de la série « Les choses qu’il faut faire pour travailler » :

Chapitre 1 : Présentation

Chapitre 2 : La visite d’un président

Chapitre 3 : re-présentation du projet de loi pour la récupération des unités productives

Chapitre 4 : l’Expérience de la récupération de l’imprimerie Gráfica Patricios

Chapitre 5 : La récupération du journal Tiempo Argentino

Chapitre 6 : l’Expérience de la récupération de l’hôtel Bauen

Chapitre 7/8 : La récupération d’une usine des vis

Chapitre 8/8 : Une autre économie est possible, la création d’une monnaie alternative

 

Traduction de l’espagnol et transcription, Evelyn Tischer

L’article original est accessible ici