Le 6 juin, Pressenza a présenté pour la première fois notre dernier documentaire, « Le début de la fin des armes nucléaires ». Pour ce film, nous avons interviewé 14 personnes, expertes dans leur domaine, qui ont pu nous donner un aperçu de l’histoire du sujet, du processus qui a conduit au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, et des efforts actuels pour les stigmatiser et faire de l’interdiction une élimination. Dans le cadre de notre engagement à mettre cette information à la disposition de tous, nous publions les versions complètes de ces entrevues, ainsi que leurs transcriptions, dans l’espoir que cette information sera utile aux futurs documentaristes, militants et historiens qui aimeraient entendre les importants témoignages recueillis durant nos entrevues.

Cet entretien est consacré à Daniel Högsta, Coordinateur de la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires dans ses anciens bureaux de Genève, Suisse, le 12 décembre 2018.

Questions : Tony Robinson, caméra : Álvaro Orús

Pour voir la vidéo ( 15′ 15′′ ) avec les sous titres en français : 1. Cliquez sur l’icône Sous-titres (rectangle blanc en bas a droite de la fenêtre du lecteur vidéo).   2. Cliquez sur l’icône Paramètres (roue dentée en bas à droite), puis cliquez successivement sur Sous-titres, puis sur Traduire automatiquement.    3. Dans la fenêtre qui s’ouvre, faites défiler la liste des langues et cliquer sur Français.

Transcription de l’entrevue :

Racontez-nous comment a été conclu le traité d’interdiction

Plutôt que de parler de dates et de rendez-vous, on a repensé, à mon avis, le débat autour de l’approche humanitaire, en comparaison avec une approche axée sur la sécurité des armes nucléaires, qui tend à favoriser davantage les arguments dissuasifs et la multiplication des armes nucléaires nécessaires dans un pays pour préserver la dissuasion comme moyen de défense crédible de défense nationale.

C’est plutôt déresponsabilisant pour les militants et aussi pour les États qui veulent y participer. Cela nous amène à une situation où certains États ont le contrôle et peuvent également intervenir dans le débat, avec le reste du monde qui devrait s’asseoir, se taire, écouter en silence et crier un peu sur les bords.

Ainsi, cette reconsidération humanitaire a permis aussi bien à la société civile qu’aux États d’assumer un rôle de leadership, comme ils l’ont fait lors d’autres campagnes : les armes à sous-munitions et les mines terrestres, que vous avez j’en suis certain entendues mentionner en de nombreuses occasions.

Je pense que la reformulation a été une décision importante, tout comme la portée de la Campagne Internationale pour l’Abolition des Armes Nucléaires, ICAN. Quand je parle de campagne, je ne me réfère pas seulement à l’ICAN, mais aussi aux États qui y ont participé, aux universitaires, au CICR Comité international de la Croix-Rouge, à ce genre de groupe avec plus de personnes, pour trouver ainsi le moment propice à créer et poursuivre cette impulsion.

Et donc, les conférences sur l’impact humanitaire en sont donc les exemples les plus marquants. C’est une grande congrégation d’États qui s’est réunie. De nombreux nouveaux essais ont été révélés, et nous avons écouté avec beaucoup d’émotion et d’attention les survivants, les Hibakusha ainsi que les survivants des essais nucléaires.

Ainsi, le fait d’y consacrer un moment a créé et développé un sentiment d’élan au fur et à mesure que les gens commençaient à réaliser qu’il y avait en fait une autre façon d’aller de l’avant. L’ONU en tant que forum a également été très utile à cet égard. Nous avons eu plusieurs réunions de l’Assemblée générale au cours desquelles les États se sont réunis pour formuler des déclarations communes de plus en plus fortes sur les conséquences humanitaires, ainsi que sur la nécessité d’un nouveau moyen pour combler le vide juridique, comme on l’a appelé.

Donc, en 2016, nous avons atteint une sorte de tournant avec le Groupe de travail à participation ouverte, un groupe qui a été mis sur pied pour identifier les différentes options sur la table permettant de remédier à cette situation, afin de briser le statu quo. Dans ce groupe de travail à composition non limitée, il était très clair que l’idée la plus efficace et la plus soutenue était celle d’un traité d’interdiction.

L’idée que le traité soit quelque chose qui peut et doit être poursuivi, même si les États dotés d’armes nucléaires sont tenus à l’écart du processus, est également importante. Je pense que cela a évidemment conduit aux négociations de l’année suivante, où le dynamisme nous a conduits. Mais j’aimerais terminer en soulignant l’importance pour la société civile, les gouvernements et les milieux universitaires, de prendre conscience du fait que nous devons continuer de chercher à élaborer un instrument juridique sans les États qui sont les principaux responsables des dommages que nous dénonçons, sans en faire partie, quelque chose qui soit utile pour l’instauration d’une norme touchant tant la théorie que la pratique sur les armes nucléaires.

Que s’est-il passé au moment où vous avez reçu l’appel concernant le prix Nobel de la paix ?

En fait, nous avons eu la retransmission de la cérémonie de remise du prix Nobel – l’annonce, la conférence de presse – parce que les armes nucléaires avaient abondamment fait la une des journaux l’année dernière, et l’ICAN avait été pressenti pour le prix Nobel de la paix auparavant. Ce jour-là, des journalistes se sont promenés par ici, attendant, et nous ne le prenions jamais au sérieux. Nous pensions donc que ce serait pour une autre année, mais nous savions que les armes nucléaires avaient fait les actualités. Nous nous attendions donc à ce que le prix soit remis à une organisation en lien avec les questions nucléaires ; peut-être l’OTPCE, Organisation du Traité de l’interdiction complète des essais nucléaires, ou peut-être les négociateurs de l’accord avec l’Iran.

Nous voulions donc être prêts à faire une déclaration à ce sujet. Évidemment, nous n’avions aucune idée du fait que nous étions en position clé pour ainsi dire. Donc 10 minutes avant 11 heures, nous avons reçu l’appel. J’ai décroché le téléphone – c’est un très mauvais vieux téléphone avec des boutons poisseux – et quand j’ai répondu, j’ai entendu une voix très forte avec un accent norvégien, qui était celle de Olav Njolstad du Comité norvégien du prix Nobel de la paix ; il m’a dit : « Je pense avoir de bonnes nouvelles. Je voudrais parler à Beatrice Fihn. »

Puis j’ai tendu le téléphone à Beatrice Fihn. A ce moment là je ne pensais toujours pas que c’était sérieux. Je croyais que c’était un journaliste qui demandait une réaction, mais j’ai évidemment vu son visage se figer et fondre, et… oh mon Dieu, oh mon Dieu !

C’est donc à ce moment-là c’est devenu évident. Je ne devrais pas dire que c’est devenu tout à fait évident, je continuais à penser que c’était une erreur ou quelque chose comme ça. Alors j’ai dit : « Personne n’a publié de communiqué de presse ! »

Puis, en effet, – à 11 heures précises, une fois la déclaration faite – le trafic de notre site web s’est écroulé. Je n’ai donc pas pu publier le communiqué de presse que nous avions préparé à la hâte. Nous avons donc dû le mettre sur Facebook d’abord.

C’était de la folie, après quoi nous avons eu dix minutes d’effervescence – je crois qu’il y a une vidéo de cela – à nous promener frénétiquement dans le bureau et à nous demander : « Oh mon Dieu, que sommes-nous censés faire ? Ok, on doit donner une conférence de presse. Nous devons donner une conférence de presse, c’est ce que font les organisations lorsqu’elles sont confrontées à ce genre de situation. »

Mais le téléphone a commencé à sonner. Il y avait des journalistes à l’extérieur de la salle, qui sont entrés presque de force et ont pris quelques photos au début.

Ce qui était très émouvant, évidemment. Ce fut une journée de folie qui ne s’est pas arrêtée avant – c’était un vendredi – elle ne s’est pas arrêtée avant le lundi suivant.

Quelle différence cela a-t-il fait pour votre travail et pour la campagne ?

Je dirais, pour ce qui est du travail que nous faisons, de nos priorités et de ce sur quoi nous nous concentrons, cela n’a pas beaucoup changé. Nos priorités restent les mêmes, les projets que nous allons réaliser, peut-être que nous les aurions réalisés de toute façon, mais cela revalorise tout. Cela nous donne beaucoup plus d’occasions de rencontrer des gens.

De toute évidence, notre interaction avec les médias s’est énormément améliorée, mais tout s’est intensifié. Cependant, notre façon d’être en tant que militants a-t-elle changé ? Non, je pense que l’esprit d’ICAN est le même qu’avant ; je considère, parce que l’ICAN est une campagne assez importante, avec beaucoup d’organisations partenaires dans le monde entier, nombre d’entre elles travaillent dans des contextes assez difficiles, comme les États dotés d’armes nucléaires, où elles ont l’impression de marteler, où elles n’obtiennent aucun résultat tangible, où elles attendent, et où elles se sentent seules dans un pays où les armes nucléaires ne sont absolument pas au programme, et se demandent quel effet cela a vraiment. Cela vaut-il la peine d’essayer d’amener mon gouvernement à se joindre à la lutte contre les armes nucléaires alors qu’il s’en fiche complètement ?

Je pense que c’est une grande consécration pour le travail que font ces militants dans n’importe quel contexte ; je pense que c’est la plus belle chose que j’ai ressentie immédiatement après, et j’en ai la chair de poule rien que d’y penser maintenant ; c’est la célébration de toute la campagne, depuis l’Afrique du Sud au Kenya, en passant par la Zambie et Panama. Il a suffi de voir nos militants et ces gens du monde entier passer à la télévision, assumer ce moment incroyable qui venait de se passer, être vraiment valorisés et approuvés par le dur travail qu’ils ont accompli tout au long de ces années.

Je pense donc que c’était la chose la plus importante.

ICAN en tant que réseau d’organisations

Je vois notre rôle ici, c’est-à-dire que nous sommes un personnel plutôt restreint ici à Genève et certains collègues également en dehors de Genève, mais notre rôle est surtout d’aider et de faciliter le travail en cours de nos partenaires, car c’est le travail dans les capitales qui fait une grande différence, surtout maintenant que le traité a été ouvert à la signature et est en passe d’entrer en vigueur, ce travail qui aurait dû avoir lieu dans les centres diplomatiques comme les Nations unies à Genève ou à New York est encore plus important s’il se fait en ce moment dans les capitales.

Ce sont ceux qui forgent l’opinion, les décideurs, que nous devons convaincre. La valeur du réseau est donc entièrement, à mon avis, la force des organisations partenaires.

Parlez-nous de la campagne d’ICAN : les villes soutiennent le TIAN Traité d’interdiction des armes nucléaires

La campagne « Les villes soutiennent le TIAN » est donc un engagement que les villes peuvent prendre pour soutenir le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires et demander à leurs gouvernements d’y adhérer.

Une tendance générale que nous avons observée, c’est que les gens partout dans le monde, non seulement sur la question des armes nucléaires, mais aussi sur l’ensemble du monde politique, sont très insatisfaits des gouvernements nationaux, ce qui suscite de la frustration. De plus, cette tendance a pris des tournures désagréables dans certains contextes. Mais je pense que l’une des choses passionnantes qui émergent est la résonance beaucoup plus grande des gouvernements locaux, de l’activisme local, de la participation avec les gouvernements municipaux, et de la pertinence que cela peut avoir.

Dans le passé, je pense que c’était secondaire. La politique locale peut être perçue comme quelque chose de moins excitant, mais je pense qu’elle est en train de changer avec cette approche d’organisation dans la communauté. Le gouvernement local peut également avoir un impact en termes de construction d’un mouvement au niveau national.

Il me semble que ce sera aussi le cas pour les armes nucléaires. Donc pour les villes, qui sont en fait les principales cibles des armes nucléaires. Les armes nucléaires sont conçues pour détruire les villes, pour avoir le maximum d’impact, pour détruire autant de vies humaines et autant d’infrastructures que possible.

Il est logique que les villes aient une responsabilité ; que les gouvernements, les maires et les fonctionnaires municipaux aient la responsabilité envers leurs citoyens de s’élever contre cette question. C’est leur devoir de veiller au bien-être de leur population. Par conséquent, lorsqu’il s’agit d’une question comme celle des armes nucléaires, il est logique qu’ils utilisent également leur voix, en tant que représentants les plus proches de leur population pour parler au gouvernement national, et dire qu’ils sont impliqués d’une manière ou d’une autre, que ce soit dans un pays qui possède vraiment des armes nucléaires ou dans tout autre pays. Il y en a des douzaines qui soutiennent l’utilisation des armes nucléaires en faisant partie de ce qu’on appelle des alliances de parapluies nucléaires ; les gouvernements de ces pays ont la responsabilité de dire : « Ce n’est pas acceptable. Ils n’agiront pas ainsi en notre nom, ni au nom de la ville. »

Je pense donc que c’est quelque chose qui permet de profiter d’une tendance qui est en train de se manifester en ce moment, car c’est logique compte tenu de la nature des armes nucléaires.

Comment les gens peuvent-ils prendre part aux initiatives visant à interdire les armes nucléaires ?

De plusieurs façons différentes. « Les villes soutiennent le TIAN », dont nous parlons, est l’une des clés. S’impliquer auprès de son gouvernement local. Se renseigner auprès du représentant de district local, et lui demander s’il a entendu parler de « Villes soutenant le TIAN ». Demander si la ville a une politique relative aux armes nucléaires.

Ce que nous observons c’est que de plus en plus de villes approuvent des motions ou des déclarations solennelles appuyant le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, et demandent à leur gouvernement d’y adhérer. C’est quelque chose que les fonctionnaires municipaux peuvent faire, que les gens peuvent faire, parce que ces fonctionnaires municipaux doivent être en lien avec nous d’une certaine façon.

C’est donc quelque chose que presque tout le monde peut faire, parce que « Les villes soutiennent le TIAN » n’est pas seulement pour les grandes villes, mais aussi pour les agglomérations et autres communes.

Au niveau national, il existe également la possibilité de contacter son rapporteur parlementaire. L’ICAN a aussi ce qu’on appelle l’Engagement parlementaire, signé par plus de 800 parlementaires du monde entier. Et c’est un engagement à travailler pour que le traité entre en vigueur dans ce pays.

Tout le monde a donc un représentant local, un représentant national. Chacun peut écrire à son sénateur ou à son député, où qu’il se trouve, et l’amener à soutenir l’engagement parlementaire. Et enfin : les armes nucléaires sont une entreprise extrêmement coûteuse, et cet argent ne provient pas seulement des gouvernements, mais surtout des banques et des institutions financières.

L’ICAN, avec la coopération de notre organisation partenaire PAX, publie chaque année le rapport Don’t Bank on the Bomb, une étude étonnante qui révèle le manque de transparence dans la manière dont les institutions financières et les banques acheminent l’argent vers les grandes entreprises qui produisent, développent et participent à la modernisation des armes nucléaires, ainsi qu’au développement d’idées quant aux nouvelles armes nucléaires. Comme par exemple, les États-Unis qui ont récemment parlé d’armes nucléaires plus « maniables », ce qui est une perspective horrible en soi.

Par conséquent, grâce à ce rapport, les citoyens peuvent s’adresser à leurs banques et leur demander comment elles sont impliquées, les encourager à être plus transparentes, dans quelles entreprises elles investissent, et aussi les encourager à retirer leur argent des institutions qui développent des armes nucléaires.

Je pense donc que ce sont là trois choses auxquelles presque tout le monde peut participer, militant expérimenté ou pas.

Quelle est votre motivation ?

Une chose que j’ai apprise en participant à ICAN, c’est de me focaliser sur les petites victoires, les petites victoires tout au long du processus, et les voir comme si elles étaient un chemin.

Une chose très importante au sujet d’ICAN est notre approche unilatérale du TIAN. Mais il ne devait pas seulement permettre l’entrée en vigueur du traité et son application, pour laisser les choses se faire d’elles-mêmes, mais pour tracer une démarcation entre toutes les victoires individuelles.

Il en est ainsi de chaque engagement, chaque engagement parlementaire signé, de chaque ville qui adhère au réseau « Villes qui soutiennent le TIAN », de chaque courriel que l’on reçoit d’un fonctionnaire du gouvernement qui prend des décisions, répond à nos questions, et dont on reçoit une nouvelle partie d’information que l’on peut partager avec le réseau élargi. Tous ces éléments se conjuguent pour créer une dynamique ; c’est comme ça que nous parviendrons à mettre le traité en vigueur, et que nous allons l’utiliser pour changer les véritables politiques.

Il est donc extrêmement important de se concentrer sur les petites victoires. Parfois, je pense que l’apathie à l’égard des armes nucléaires vient du fait que les gens voient cela comme un problème tellement gros, quelque chose qui a toujours existé, quelque chose qui ne va jamais changer. C’est ce que j’entends constamment, non seulement de la part des gouvernements, mais aussi, malheureusement, de la part de beaucoup de mes amis, parfois au sein même de ces gouvernements.

Mais la politique change constamment. Nous nous trouvons dans un climat politique qui aurait été totalement impensable il y a de nombreuses années, et cela ne doit pas nécessairement être négatif. Ce n’est pas forcément le mauvais côté que nous avons vu dans de nombreux pays. Il peut aussi s’agir de changements positifs et de changements rapides dans des domaines que nous avons longtemps considérés comme intransigeants, et les armes nucléaires en font partie.

 

Traduction de l’espagnol par Ginette Baudelet

 

Voir l’ensemble des entretiens du documentaire :

Entretien avec Tim Wright, de la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires ICAN

Entretien avec Dr. Ira Helfand, de l’Association internationale des médecins pour la prévention de la guerre nucléaire IPPNW

Entrevue avec Alice Slater

Entretien avec Setsuko Thurlow, survivante de la bombe d’Hiroshima

Entretien avec Kathleen Lawand, Comité International de la Croix Rouge

Entretien avec Carlos Umaña, de l’Association internationale des médecins pour la prévention de la guerre nucléaire IPPNW

Entretien avec Susi Snyder, Ne misez pas sur la bombe [Don’t Bank on the Bomb]

Entretien avec Ward Wilson, auteur de « Cinq mythes sur les armes nucléaires »

Entretien avec Daniel Högsta, Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires

Entretien avec Beatrice Fihn, de la Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires ICAN

Entretien avec Elayne Whyte Gómez, ambassadrice du Costa Rica auprès de l’ONU à Genève

Entretien avec Ray Acheson, de la Ligue Internationale des Femmes pour la Paix et la Liberté