La matérialisation de l’Accord entre l’État colombien et l’ancienne guérilla des Farc emprunte un chemin sinueux, cahoteux et inégal, qui limite les avancées. Ces difficultés préoccupent les victimes du conflit armé, qui réclament une plus grande rapidité. Le bilan, cinq ans après, est aigre-doux. C’est ce que révèle cette série journalistique. (Cliquez sur les titres en bleu pour lire les différents chapitres de la série).

Le silence des fusils a été de courte durée

Grâce au processus de paix, les communautés des régions dominées par les anciennes Forces armées révolutionnaires de Colombie Farc (Fuerzas armadas revolucionarias de Colombia) ont pu vivre en paix pendant un certain temps. Cependant, préalablement aux promesses de l’après-conflit, de nouveaux groupes armés sont arrivés et la violence est revenue.

La Juridiction Spéciale pour la paix (JEP) avance, malgré l’opposition

En moins de quatre ans, la JEP a pris plus de 50 000 décisions judiciaires, dont 17 489 décisions prises par la Chambre d’Amnistie ou de Grâce et 19 641 décisions judiciaires prises par la Chambre de Définition des Situations Juridiques. Ces résultats contredisent les critiques formulées par les secteurs opposés à la JEP et à ce scénario de justice de transition. Verdadabierta.com s’est entretenu avec différents acteurs qui interviennent devant cet organe afin de connaître leur évaluation.

La Colombie face au miroir de la vérité

Pendant plus de 50 ans, ce pays a subi un conflit armé sanglant entre les forces de l’ordre, les armées paramilitaires, les groupes subversifs et les réseaux de crime organisés. Le bilan est fait de morts, de souffrances, et de destructions sur toute l’étendue du pays, les communautés civiles étant les plus touchées. La Commission de la Vérité doit relever le défi de clarifier ce qui s’est passé afin que cela ne se reproduise pas.

L’Unité de Recherche des Personnes portées Disparues (UBPD) n’a pas encore comblé le vide des disparitions

Les proches des victimes considèrent que, pour obtenir de meilleurs résultats, l’Unité de recherche doit modifier son organisation interne, les exigences pour effectuer des recherches et des exhumations, et pour agir au-delà des demandes de recherche. Entre-temps, l’entité est aux prises avec deux contraintes: la pandémie de Covid-19 et l’intensification du conflit armé.

«L’objectif final est la réconciliation, et elle est obtenue grâce à une vérité incontestable»

Le prêtre jésuite Francisco De Roux préside la Commission de Clarification de la Vérité, une organisation à laquelle l’Accord de paix a confié, parmi plusieurs tâches, celle d’élaborer un rapport qui rende compte des causes du conflit armé en Colombie et des impacts qu’il a produits tout au long d’un demi-siècle, afin d’éviter de répéter ce chapitre tragique.

Le solde en attente pour les femmes et la communauté LGBTI

L’un des points les plus applaudis de l’Accord de Paix avec les FARC est l’accent mis sur le genre. Bien qu’il s’agisse du premier pacte de paix au monde à l’inclure, cinq ans plus tard il y a peu de raisons de se réjouir, puisque seulement 20 % de ce qui a été convenu a été mis en œuvre.

Le Chapitre Ethnique se limite au papier

Après avoir surmonté de multiples obstacles, les communautés afro-descendantes et indigènes ont réussi à inclure une série de garanties dans l’Accord de Paix afin de protéger leurs droits et de s’assurer que leurs territoires ne seraient pas affectés par la mise en œuvre des politiques post-conflit. Cinq ans plus tard, à quelques exceptions près, il n’y a eu pratiquement aucun progrès.

La mise en œuvre de l’Accord de Paix s’est avérée fatale pour les dirigeants sociaux

Différents secteurs demandent à grand cris l’arrêt de la violence contre les personnes qui se consacrent à la défense des droits humains. Environ 700 personnes ont été assassinées en Colombie depuis novembre 2016, un nombre alarmant, atteint sans contrôle majeur de l’État, et dans un contexte d’impunité.

Sécurité des ex-combattants : une dette qui a coûté la vie à 290 personnes

Depuis la signature de l’Accord de Paix, en moyenne, un membre de l’ancienne guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie Farc (Fuerzas Armadas Revolucionarias de Colombia) qui avait déposé les armes et qui était en train de se réinsérer dans la vie légale a été tué tous les six jours. Les Farc ont compté sur la réconciliation, mais l’État, selon les critiques, n’a pas su les protéger.

Réintégration de l’ancienne guérilla : Le retour difficile à la vie légale, un bilan doux-amer

L’une des réalisations de l’Accord de Paix a été le désarmement et la démobilisation d’au moins 14 000 combattants des anciennes Forces armées révolutionnaires de Colombie Farc (Fuerzas Armadas Revolucionarias de Colombia). Cependant, les promesses d’une vie beaucoup plus calme et plus productive dans la légalité se heurtent à de multiples obstacles pour devenir réalité. Cinq ans plus tard, les versions de leurs progrès s’entrechoquent.

Le Programme National Intégral de Substitution des Cultures Illicites (PNIS), un programme mis en œuvre au compte-gouttes

Le gouvernement national ne cesse de montrer l’investissement important qu’il a fait pour développer le programme de substitution des cultures de feuilles de coca à usage illicite, mais les communautés remettent en question la manière et les moments choisis pour allouer ces ressources. Allouer les ressources au compte-gouttes ne garantit pas que les paysans sortent de l’illégalité, dit-on dans diverses régions du pays.

Les Programmes de Développement axés sur le Territoire (PDET) n’ont pas réussi à étancher la soif de bien-être rural

Le non-paiement des travaux simples et la marginalisation des communautés qui ont participé aux étapes de construction des programmes de développement centrés sur le territoire mettent en péril l’avenir de cette initiative, qui vise à régler les dettes socio-économiques avec les régions les plus touchées par le conflit armé.

Cinq années de recherche de la paix au milieu des fractures

La mise en œuvre de l’Accord de Paix a connu des hauts et des bas et des adversités. Après ses cinq premières années, bien qu’il y ait des points à souligner, le sentiment pour ceux qui en sont la raison d’être est doux-amer : les plus durement touchés par la guerre attendent toujours que ce qui a été promis se réalise.

Journalistes

  • Luciana Rodríguez
  • María Camila Paladines
  • Santiago Díaz Gamboa
  • Carlos Mayorga Alejo
  • Andrés García
  • Juan Diego Restrepo E.

Editeur

  • Andrés García

Podcasts

  • Protección Internacional (PI)

Traducción

  • Beatriz A Ortiz Velez (anglais)

Directeur

  • Juan Diego Restrepo E.

Développement web

  • Digital Cocktail

 

Les 13 chapitres de la série ont été traduits de l’espagnol ou de l’anglais par Evelyn Tischer et Ginette Baudelet

L’article original est accessible ici