On devrait enseigner les arts dans toutes les écoles, d’autant plus dans les pays les moins développés.

Écrire, peindre, chanter, jouer d’un instrument ou exécuter un pas de danse sont des formes de communication essentielles pour l’être humain quel que soit l’endroit où il se trouve, son origine ethnique ou sa situation. C’est simplement une façon de créer, d’imaginer et d’admirer la beauté, et aussi la manière la plus directe pour exercer les diverses fonctions de notre cerveau, surtout durant les premières phases de croissance dans l’enfance. L’importance des arts comme forme complémentaire aux autres apprentissages pratiques tels que comment manger, marcher, parler ou accomplir des fonctions basiques, a été peu apprécié dans les programmes de l’enseignement et cette carence se reflète dans toutes les manifestations sociales et culturelles d’une communauté.

Intimement liée aux aptitudes mathématiques, la musique est un des arts les moins diffusés auprès des enfants, car elle est considérée comme une espèce de jeu sans grande importance. C’est-à-dire, une activité inutile dans le cadre d’un plan d’enseignement axé sur les compétences, les enjeux, le développement de l’esprit d’entreprise ou sur le chemin qui mène aux professions libérales lucratives et finalement, aux métiers bien perçus par la société. Avec ce raisonnement, par conséquent, on préfère encourager les activités sportives plutôt que la pratique des arts reléguée à un rôle si mineur qu’il en devient marginal.

Combien de pères et de mères préfèrent-ils donner à leurs enfants un instrument de musique, un livre ou une boîte d’aquarelles pour leur montrer leur affection ? Très peu, bien évidemment. De nos jours, l’affection s’exprime par des objets bien plus sophistiqués comme des tablettes, des jeux vidéo, des smartphones ou des ordinateurs, avec l’objectif évident de suivre les tendances du marché. Après, on s’étonne de voir les enfants plongés dans un monde digital où peu de parents ont la possibilité d’exercer un contrôle effectif sur la qualité des contenus accessibles par cette fenêtre ouverte sur l’inconnu.

Et l’art dans tout ça ? Je connais des cas de mères avides d’initier leurs enfants à cette merveilleuse aventure – quelque peu inaccessible par le programme du système scolaire – pour laquelle elles s’adressent au Conservatoire National de Musique ou à l’École Nationale de Danse – exemples parmi tant d’autres centres d’enseignement artistique – et sont confrontées à la dure et décevante vision d’immeubles en ruines, dénués de l’essentiel pour assurer la mission pour laquelle ils ont été créés. Le ministère dont ils dépendent a abandonné depuis longtemps ces écoles dont le rôle est vital pour le plein épanouissement de la jeunesse.

Il suffit de regarder du côté des pays du lointain Orient comme la Chine, le Japon ou la Corée pour se rendre compte du rôle fondamental de la pratique des activités artistiques dans leur évolution sociale et culturelle. Dans ces pays, chaque établissement scolaire – que ce soit dans les hameaux, villages ou villes – dispose d’un espace important pour l’enseignement des arts, perçu comme socle sur lequel se construisent les compétences linguistiques, mathématiques et scientifiques qui constituent par la suite l’ensemble des compétences des élèves. De ces pays proviennent l’élite des scientifiques, intellectuels et artistes aujourd’hui les plus éminents, et dont les performances sont reconnues par les universités, entreprises et centres culturels les plus prestigieux de la planète.

Mais peut-être que le rôle des arts ne s’arrête pas là. C’est aussi un exercice pour guérir une société malade de ses peurs, plongée dans le découragement et la désillusion. Les arts sont la route pour un épanouissement personnel qui, en plus de satisfaire une besoin esthétique, constitue l’expression la plus importante de l’être humain.

 

Article traduit de l’espagnol par Trommons.com. Révision de Jean-Marc Dunet.