Le modèle industriel de l’agriculture se fonde sur la force et la guerre — guerre contre la Terre et contre nos corps. Il a fait de la faim, de la malnutrition et de la maladie des éléments structurels.

Il est temps d’en venir à des alternatives non-violentes, qui protègent la santé de la planète et des humains, qui régénèrent la biodiversité et garantissent la qualité sanitaire des denrées alimentaires et des sols.

Par Vandana Shiva

La biodiversité est la source de la santé sur le continuum du réseau de la vie. La biodiversité veille à ce que les sols restent vivants et sains, à ce qu’ils produisent des plantes saines, nourrissantes et d’une grande diversité biologique, qui à leur tour produiront des denrées alimentaires saines et diversifiées qui alimenteront la diversité biologique de notre flore intestinale, qui constitue le fondement de notre santé. La santé de notre flore intestinale est de plus en plus reconnue comme étant la base de notre santé.

La biodiversité à l’intérieur de nous est en lien avec la biodiversité à l’extérieur de nous. C’est la biodiversité dans nos sols, dans nos fermes et dans nos assiettes qui cultive et alimente la biodiversité de notre microbiote.

La santé de la planète et notre santé, c’est « One Health » — « Une seule santé ».

Nous pouvons être reliés les uns aux autres par la santé dès lors que nous respectons l’intégrité et les limites des espèces et des écosystèmes, mais nous pouvons aussi l’être par la maladie si nous ne respectons pas cette intégrité.

Si nous détruisons les forêts et leur diversité biologique pour introduire des monocultures commerciales de soja ogm en Amazonie ou de palmiers à huile en Indonésie et en Afrique, nous allons provoquer des épidémies comme Ebola, le vih, Zika, la fièvre de la forêt de Kyasanur ou quelqu’une de ces trois cents autres maladies infectieuses qui sont apparues dans les trente dernières années de globalisation et de croissance économique sans freins.

Nous pénétrons dans les écosystèmes parce que notre paradigme agricole et économique repose sur une extraction outrancière des matières premières et sur la recherche de profits au lieu de préserver la biodiversité pour maximiser le « One Health » comme l’ont toujours fait depuis des millénaires les cultures indigènes. Aujourd’hui, 80 % de la biodiversité se trouve dans 25 % des régions habitées par des peuples indigènes.

Des espèces et des cultures ont été anéanties et la planète s’est dégradée, et notre santé aussi.

Si nous détruisons la biodiversité dans les forêts, nous allons voir apparaître de nouvelles maladies infectieuses. Si nous détruisons la biodiversité en nous-mêmes, nous allons provoquer des maladies chroniques.

Si nous détruisons la diversité de notre microbiote avec des denrées alimentaires industrielles et ultratransformées, les maladies chroniques telles que le diabète ou le cancer vont prendre des dimensions épidémiques. 72,69 millions d’Indiens ont le diabète, 1,39 million ont un cancer, un chiffre qui va monter à 1,57 million d’ici à 2025.

Les maladies chroniques qui ont été définies comme des comorbidités pendant la pandémie du covid augmentent le risque de mortalité pendant une pandémie. Le risque de mourir d’une infection liée au covid augmente de 9,2 % avec le diabète et de 7,6 % avec le cancer.

« One Health » signifie que nous respectons les droits de toutes les espèces et leurs zones écologiques, leurs processus écologiques et leurs frontières écologiques. « One Health » exige une approche intégrée et écologique et non une approche militaire, mécaniste et réductionniste des espèces qui sont des parties de notre corps et de la Terre, qui sont présentées comme « des ennemis », qu’il faudrait exterminer. La maladie, c’est la dysbiose, le dérèglement de la symbiose, de l’auto-organisation et de l’autorégulation, de tout ce qui permet aux organismes vivants de se trouver dans un état de santé.

Nous avons le choix de ne plus pénétrer dans les forêts et, au lieu de cela, de les régénérer. Nous avons le choix d’arrêter cette invasion chimique dans nos exploitations agricoles comme dans nos intestins qui détruit la biodiversité agricole des organismes du sol et des plantes, sans oublier celle de nos intestins. En adoptant une nourriture diversifiée, nous pouvons régénérer notre biodiversité intestinale et agir contre les maladies d’origine alimentaire.

Les denrées alimentaires et la nourriture sont les outils de préservation de la vie qui crée la santé en imbibant le réseau de la vie, ce réseau alimentaire tissé par la diversité biologique.

Le paradigme de la culture industrielle est un paradigme militaire et mécaniste, qui a développé au cours du dernier siècle de nombreux stratagèmes plus astucieux les uns que les autres pour anéantir la diversité biologique et menacer la santé.

D’abord, la guerre a été déclaré à la vermine et à la biodiversité des insectes.

On a développé des pesticides et des insecticides pour tuer les insectes. Nous sommes les témoins de la mort des insectes et de la disparition des pollinisateurs, qui produisent un tiers de notre alimentation. D’après des données de l’ONU, 200 000 personnes meurent chaque année d’empoisonnement aux pesticides.

Puis on a déclaré la guerre à la biodiversité des plantes.

On a développé des herbicides comme le RoundUp, pour anéantir « toute verdure », ce qui inclut aussi les plantes nutritives, les denrées alimentaires non cultivées, les plantes médicinales et celles dont se nourrissent les pollinisateurs. D’après l’OMS, le Glyphosat/RoundUp est également carcinogène. Tous les ans, ce sont 10 millions de personnes qui meurent à travers le monde du cancer.

Avec le covid, c’est aux microbes que la guerre a été déclarée.

Et pourtant, sans microbe, il n’y a ni vie, ni santé.

La diversité microbienne est le véritable fondement de la structure de la vie. Les microbes — les bactéries, virus, champignons — sont irremplaçables pour entretenir le système en bonne santé — dans les sols, dans les plantes, dans les animaux et dans nos corps. Ce recours excessif aux produits chimiques dans le but de détruire des microbes a provoqué une baisse puis la disparition de la diversité biologique ; puis apparurent des microbes pathogènes. Nous sommes une partie de la nature et de son système. Quand nous portons atteinte à la santé de l’écosystème, c’est à notre propre santé que nous portons atteinte.

La santé, c’est une relation d’équilibre et de respect, de conscience et de responsabilité.

Un système alimentaire qui détruit la diversité biologique en prenant la vie d’autres êtres vivants vole aussi à une grande partie de l’humanité la part qui lui revient en matière d’alimentation, de droit à la vie, de droit à la santé.

Les pandémies de faim et de malnutrition ont coûté la vie à deux millions de personnes, avant même le covid. Selon l’enquête nationale sur la santé des familles menée en 2015-2016 par le gouvernement indien, 35,7 % de nos enfants sont en sous-poids, 38,4 % sont trop petits en taille par rapport à leur âge et 21 % ont un poids trop faible par rapport à leur taille.

Sur les 1,04 million d’enfants de moins de cinq ans morts en 2017, plus de 706 000 ont décédé de carences alimentaires ou de sous-alimentation.

Le covid a augmenté les fragilités dès lors que les gens ont perdu leurs moyens de subsistance et leur emploi. Chaque minute, ce sont sept personnes qui meurent des suites du covid et 11 personnes qui meurent des suites du « virus de la faim ».

Le deuxième des objectifs de développement durable de l’ONU s’intitule : Faim zéro, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir l’agriculture durable

Le troisième des objectifs de développement durable de l’ONU, c’est la bonne santé et le bien-être

Ces deux objectifs sont reliés l’un à l’autre par la biodiversité dans les systèmes alimentaires.

Des systèmes alimentaires qui reposent sur la chimie intensive et la monoculture ne sont ni durables, ni justes et induisent une augmentation de la faim et des maladies. Des systèmes écologiques qui reposent sur la biodiversité sont à la fois durables et justes et ils ont la capacité de faire diminuer aussi bien la faim que la maladie puisqu’ils cultivent la biodiversité en nous et tout autour de nous.

Nous avons les moyens de cultiver la biodiversité avec soin et responsabilité, nous pouvons cesser de causer des dommages.

Dès lors que nous prenons en compte ce lien qui existe entre la diversité biologique, la nourriture et la santé, entre la faim et la maladie, entre notre maladie et un enfant malnutri, entre développement durable et justice, alors, nous sommes dans « One Health ».

Nous pouvons alors commencer à cultiver la santé à travers les denrées alimentaires que nous cultivons et que nous mangeons. La science nous apprend aujourd’hui que les denrées alimentaires sont vitales. Manger est un acte de communication. Quand nous mangeons, nous communiquons avec la terre, avec le paysan et tous ceux qui préparent notre nourriture. Notre nourriture à son tour communique avec les bactéries dont notre intestin a besoin ; et c’est par cette communication que notre santé se maintient et que nos capacités de résistance aux maladies augmentent.

La santé du sol, c’est notre santé

Le sol, c’est notre santé

« La santé du sol, des plantes, des animaux et de l’humain est une et indivisible. »
– Albert Howard

Notre santé et la santé de la planète sont « One Health » – « Une seule santé ». Notre santé a à voir avec la santé du sol, avec les semences et les plantes que nous cultivons, avec les aliments que nous mangeons, avec les insectes et les microbes dont nous dépendons, avec l’eau et le climat qui maintiennent la vie.

Notre santé commence dans des sols sains. Un sol sain, c’est un système vivant.

Le sol, l’intestin et notre cerveau constituent un seul et unique biome, dont les éléments sont reliés entre eux — exercer une quelconque violence sur l’un de ces éléments déclenche de la violence dans l’ensemble du système, et donc dans les éléments qui lui sont liés.

Le sol n’est pas un contenant vide dans lequel on pourrait verser des engrais de synthèses. Les plantes ne sont pas des machines que l’on nourrirait d’engrais NPK qui viendrait d’usines ou de mines.

Nous savons que le sol est vivant. Rattan Lal, qui a remporté en 2020 le Prix Mondial de l’Alimentation, a déclaré : « Je crois que le sol est un être vivant. C’est ce que signifie la santé du sol. Le sol, c’est la vie. Tout être vivant a des droits. Et donc le sol lui aussi a des droits.

C’est pour cette raison que les cultures indigènes appellent la Terre et le sol la Terre-mère, Bhoomi Ma, Pacha Mama. »

Et comme la Terre est notre mère, nous n’avons pas le droit de la blesser, que ce soit avec des poisons, avec de la chimie ou avec des machines qui écrasent et compactent le sol vivant.

Quand l’Atharva Veda nous demande de prier pour Prithvi, la Terre, il nous demande d’être prudent en conscience et de respecter les limites.

« Ce que de toi, Ô, Terre, je mets au jour, fais-le vite refleurir et grandir
Ô, nettoyeur, ne me laisse pas creuser des galeries dans ta force de vie ou dans ton cœur. »

La politique qui prévaut aujourd’hui, et ses lois, semble dire tout l’inverse à la Terre : « Nous allons creuser à une telle profondeur et avec une telle puissance, nous allons tout écraser avec une telle brutalité, à une si grande échelle et à une vitesse telle que nous allons démolir jusqu’au cœur ta force de vie et garantir que plus rien ne pourra pousser de toi. »

La science écologique nous apprend, aussi bien que notre bonne vieille sagesse, que toute vie dépend du sol. Mais aujourd’hui nous acceptons sans restriction l’illusion que le progrès humain repose sur la rapidité avec laquelle nous sommes capables de défoncer le sol, de le creuser, de le consommer.

Si la civilisation indienne s’est maintenue tout au long de ces millénaires, c’est parce qu’elle honorait le sol, sa santé et son intangibilité. Elle travaillait le sol comme Vasundhara, Bhoomi, Dharti Ma, Maati Ma, mère Terre. Notre culture du respect de la terre a imprégné toute notre conscience.

Le sol n’est pas une matière inerte, sans vie. Le sol n’est pas une enveloppe vide. Le sol est vivant.

Les sols sains sont pleins de biodiversité ; celle-ci maintient la santé de la planète et des sols en participant aux cycles du carbone et de l’azote.

Un gramme de sol contient jusqu’à un milliard de cellules bactériennes, constituées elles-mêmes de 10 000 taxons, jusqu’à 200 millions d’hyphes et d’une multitude d’acariens, de nématodes, de vers de terre et d’arthropodes.

Une cuillère à café de sol vivant contient 6 milliards de micro-organismes, dont un milliard de bactéries, ce qui correspond à une tonne par acre. Un mètre cube de sol contient 1000 vers de terre, 50 000 insectes, et 12 milliards de vers ronds.

Un mètre cube de sol sain peut héberger 25 000 km de champignons mycorhizes, ce qui correspond à deux fois le diamètre de la terre. Les champignons sont des systèmes vivants, intelligents, qui sélectionnent et différencient, qui échangent des éléments nutritifs en toute réciprocité. Ce sont des filtres intelligents capable de repérer les éléments nutritifs indispensable à la vie, de les absorber et de les partager avec des plantes. Ils excluent les substances nocives. L’intelligence, c’est la capacité à faire le tri entre bon et mauvais. C’est la capacité des organismes vivants à faire la différence entre matières essentielles et toxiques et à favoriser l’échange des matières essentielles par des membranes protectrices qui permettent la vie et la santé dans les systèmes vivants, de la plus petite cellule en passant par le microbe jusqu’à des organes de notre corps, voire jusqu’à notre corps dans sa totalité.

Albert Howard nous le rappelle : « En réalité, le sol est plein d’organismes vivants. Il est important de le considérer comme quelque chose dans quoi la vie pulse, et non comme une masse morte ou inerte. Il n’y a pas d’erreur plus grossière que de considérer la terre comme de la matière morte : une poignée de terre est pleine de vie. Les champignons vivants, les bactéries et les protozoaires, qui sont présents même s’ils sont invisibles dans le complexe du sol, sont désignés comme des populations du sol. Cette population de millions et de millions d’existence infimes, qui sont évidemment invisible à nos yeux, mène sa propre vie. »
Albert Howard, Der Boden und die Gesundheit: Eine Studie über den ökologischen Landbau (Le sol et la santé : une étude sur l’agriculture biologique).

Si nous prenons soin du sol, nous produirons davantage sur une moindre surface. Les sols fertiles représentent la solution durable à la sécurité alimentaire. L’agriculture écologique est la seule véritable réponse au changement climatique. La pollution de l’air qui s’est accumulée dans l’atmosphère atteint aujourd’hui presque 400 parties par million (ppm) de dioxyde de carbone. C’est ce qui explique l’effet de serre et le chaos climatique, y compris l’augmentation des températures. Pour contenir l’augmentation de températures à 2 °C, il nous faudra réduire la concentration en oxyde de carbone dans l’air à 350 ppm.

Il est nécessaire de réduire les émissions et de sortir des énergies fossiles, mais il est également indispensable de réduire l’excédent de gaz carbonique dans l’atmosphère et de le remettre dans le sol là où il a sa place. De ce point de vue, l’agriculture écologique régénérative nous offre une solution. Elle s’attaque aussi à l’insécurité alimentaire et à la faim, elle renverse la formation des déserts, elle propose des moyens d’existence à travers la sécurité écologique et, par là même, une voie vers la paix.

Avant tout, elle permet le passage d’un paradigme violent (des structures violentes et un système violent) à un paradigme non-violent (des structures et des systèmes qui reposent sur Ahimsa, non-violence en sanskrit, NdT), qui inclut le bien-être de toute l’humanité. L’agriculture écologique est la réponse à la sécheresse et au changement climatique. Elle est également une solution pacifique. Si nous ne respectons ni notre terre, ni notre diversité culturelle et si nous ne nous soumettons pas collectivement à Ahimsa, notre civilisation risque de péricliter rapidement. Pour moi, l’agriculture écologique, c’est le Dharma qui sème les graines de paix et le bien-être pour tous. L’agriculture écologique nous aide à sortir du cycle infernal de la violence et de la dégénérescence et à créer des dynamiques positives basées sur la non-violence et la régénération.

Howard s’est penché sur le rôle central des champignons mycorhizes dans la création de l’humus et du sol vivant.

Si nous pratiquons la loi du retour (Law of Return), nous entrons dans un rapport symbiotique avec le sol. Nous nourrissons les organismes du sol. Les organismes vivants font le reste du travail en produisant de la nourriture, des éléments nutritifs et de la santé pour les plantes qui, à leur tour, nous nourrissent et nous apportent la santé.

Les organismes du sol tels que les champignons mycorhizes et les plantes adoptent une relation symbiotique. Les champignons sélectionnent les éléments nutritifs, ils les apportent aux plantes et les protègent des toxines, tandis que les plantes alimentent le champignons en hydrates de carbone issus de la photosynthèse. Les sols riches en organismes auxiliaires incitent les plantes à produire des molécules qui renforcent la santé et qui luttent contre les maladies, à savoir des polyphénols, qui agissent comme antioxydants et anti-inflammatoires.

Les sols traités à la manière industrielle, qui sont gorgés par l’extérieur d’engrais azotés de synthèses, détruisent les organismes du sol comme les mycorhizes, qui, en véritables filtres créateurs, alimentent les plantes en éléments nutritifs. Les plantes doivent se débrouiller avec un cocktail d’engrais de synthèse, d’herbicides tels que le Glyphosat/RoundUp, de pesticides et de fongicides, qui contaminent nos denrées alimentaires. Les plantes sont astreintes à un régime chimique et privées de l’apport symbiotique des champignons, qui les aide à trouver des éléments nutritifs aussi importants que le zinc ou le magnésium. Et pourtant, ces éléments nutritifs servent aux plantes et aux animaux (humains compris) pour constituer les enzymes indispensables à la régulation des échanges carboniques et biochimiques, à la constitution de notre système immunitaire, à la lutte contre les maladies et à la préservation de notre santé.

En détruisant la biodiversité des sols, l’agriculture industrielle produit des denrées alimentaires toxiques et sans éléments nutritifs, qui portent atteinte à notre santé.

D’après une étude qui a été publié dans le journal de l’American College of Nutrition (ACN) et de l’American Journal of Agricultural Sciences (AJAS) de Washington DC, la teneur en éléments nutritifs dans les légumes et fruits est en diminution constante aux États-Unis depuis 70 ans.

Nos denrées alimentaires sont de moins en moins nutritives : la teneur en éléments nutritifs des fruits et légumes est en diminution constante aux États-Unis depuis 70 ans. Voici comment le professeur Donald Davis, de l’université du Texas, quantifie dans une étude globale, la perte en éléments nutritifs dans les fruits et légumes : diminution des protéines de 6 %, du phosphore de 9 %, du fer et de la vitamine C (acide ascorbique) de15 %, du calcium de 16 %, de la vitamine A de 18 %, de la vitamine B (riboflavine) de 38 % [1].

Une méta-étude britannique regroupant plus de 400 études a montré que les denrées alimentaires écologiques pouvaient contenir plus d’éléments nutritifs (jusqu’à 60 %) que les denrées alimentaires produites avec la chimie [2].

Une étude de Navdanya qui compare des sols — travaillés pour les uns de façon écologique et pour les autres de façon chimique — sur une durée de plus de vingt ans a montré un recul dramatique des éléments nutritifs du sol dans l’agriculture chimique et une augmentation significative de ces mêmes éléments dans la culture de type écologique [3].

 

 

 

Dans les sols des exploitations bio, ce ne sont pas seulement les éléments nutritifs essentiels qui ont augmenté, c’est également le cas des organismes bénéfiques du sol. La population de champignons dans les exploitations bios a été multipliée entre 6 et 36 fois. Dans les entreprises chimiques, elle a diminué de 2,5 à 49,7 %.

La population bactérienne dans les sols biologiques a augmenté entre 50 et 241 %.

Cette loi de la réciprocité, l’idée de devoir prendre soin de la santé du sol vivant, comme quand on rend quelque chose, nous fait cultiver notre propre santé.

Notre santé et la santé du sol sont « One Health »

La culture écologique, c’est le soin du sol, c’est un système de santé publique.

Pour cette raison, de plus en plus de médecins confient leurs pratiques à des exploitations bio.

Nous sommes reliés au sol. Tant que les sols sont sains, les sociétés sont saines elles aussi. Mais si les sols tombent malades ou se sclérosent, les sociétés seront malades elles aussi, et les cœurs et les viscères des gens se scléroseront.

C’est en rassemblant les particules du sol que l’humus en ralentit l’érosion ; de même, c’est en rassemblant la société qu’il empêche la violence et la désagrégation sociale. Du fait qu’il prend en charge l’alimentation, les moyens de subsistance, l’eau et la sécurité du climat, l’humus contribue aussi à la paix. De même qu’on ne met pas le feu à une paille mouillée avec une allumette, de même, des sociétés qui vivent en sécurité ne risquent pas d’être mises à mal par des éléments violents qui se nourriraient de l’insécurité créée par un modèle économique expressément conçu pour permettre aux puissances économiques globales d’extorquer ce qu’elles veulent et qui, de plus, tue Swadeshi (un mouvement initié par Gandhi et qui tend à n’utiliser que l’autoproduction ; NdT). Le soin du sol est le summum de l’Ahimsa, il apporte la paix par des relations qui ne font subir aucun mal ni à la terre ni aux autres.

En prenant soin du sol, nous retrouvons notre humanité. Notre avenir est indissolublement lié à l’avenir de la terre. Ce n’est pas un hasard si le mot « humain » a sa racine dans « humus », le mot latin pour la Terre vivante. Et Adam, le premier homme dans la tradition abrahamique, dérive de Adamah, le mot hébreu pour désigner la terre

Le Mahatma Gandhi a écrit : « Quand nous oublions comment on creuse la terre et comment on soigne le sol, c’est nous même que nous oublions. »

La diversité biologique apporte plus de santé et d’alimentation à l’hectare

Ces dernières décennies, l’agro-industrie, qui est basée sur le paradigme de l’agriculture mécanisée industrielle, a favorisé la monoculture, ce qui a provoqué un déclin de la biodiversité. L’agro-industrie a également faussé la mesure de la productivité, ce qui donne l’illusion que nous produisons plus de denrées alimentaires alors qu’en réalité nous ne produisons que des produits agricoles sans valeur nutritive, qui sont de plus en plus utilisés comme biocarburants ou comme fourrage.

Une agriculture qui se concentre exclusivement sur la vente de produits chimiques comme intrants externes pour la production de matières premières a déplacé la mesure de la productivité agricole dans la catégorie réductionniste du « revenu à l’hectare ». Mais le revenu à l’hectare méconnaît les aspects principaux des denrées alimentaires et de l’agriculture. Le revenu mesure la masse, la quantité d’une marchandise, pas la qualité nutritive de la denrée alimentaire. Et donc en tant que critère de qualité pour l’alimentation en rapport avec la santé, il est insuffisant. Le « revenu » ne mesure pas non plus la destruction de la biodiversité, elle qui nous offre nourriture et santé. Le « revenu » ne mesure pas les coûts financiers importants des substances chimiques qui criblent le paysan de dettes et le poussent au suicide. Il ne mesure pas non plus les coûts sanitaires induits par la présence de ces substances toxiques dans nos denrées alimentaires. Enfin, le revenu à l’hectare laisse également de côté les coûts écologiques de la monoculture chimique.

Nous devons perdre l’habitude de mesurer le « revenu à l’hectare » de monocultures pauvres en éléments nutritifs et riches en substances toxiques dont la production induit des coûts élevés et qui détruisent la biodiversité et la santé. Nous devons lui substituer la teneur à l’hectare en éléments nutritifs d’un certain nombre de plantes économiquement utiles.

Pour notre part, au sein de Navdanya, nous avons développé une nouvelle mesure : la « santé à l’hectare », de façon à mesurer la valeur nutritive à l’hectare. Si, à la place de ces investissements intensifs en chimie et en capital, nous intensifions dans nos campagnes la production écologique de produits alimentaires dans le respect de la biodiversité, nous pourrons fournir deux Indes en produits sains, équilibrés et riches en éléments nutritifs, comme le montre l’étude publiée par Navdanya Health per Acre.

Une agriculture riche en biodiversité produit plus d’éléments nutritifs à l’hectare.

Diversité dans nos exploitations et dans nos assiettes, telle est la réponse à la malnutrition, à la faim et à la maladie. En comparaison, les cultures mixtes écologiques apportent un meilleur revenu en moyenne que la monoculture conventionnelle :

106 % de cuivre en plus
61 % de manganèse en plus
243 % de molybdène en plus
64 % de zinc en plus
120 % de chrome en plus

La biodiversité, c’est « One Health » : du sol en passant par les plantes que nous mangeons jusqu’à notre microbiote

Nous sommes des êtres vivants. Nous sommes des organismes multi-espèces. Nous sommes une société écologique. Un écosystème complexe, auto-organisé, autorégulé.

Nous sommes constitués à 90 % d’autres êtres vivants, en premier lieu de nos co-microbes, ceux qui nous gardent en bonne santé. La biodiversité à l’intérieur de nous-mêmes est modelée et conservée par la biodiversité dans notre environnement extérieur et notre nourriture.

Le microbiote humain est constitué de l’ensemble des microbes — bactéries, champignons et virus — qui vivent en nous ou à l’extérieur de nous, y compris la peau, les glandes mammaires, le sperme, l’utérus, les follicules ovariens, les poumons, la salive, la muqueuse buccale, le tissu conjonctif, les voies biliaires et le tube digestif.

On estime qu’il vit en nous plus de 380 billions de virus, une communauté connue sous le nom de virome humain. Plus de 38 billions de bactéries constituent une partie de nous, le biome humain.

Notre microbiote intestinal est constitué de 100 millions de micro-organismes et de centaines d’espèces.

Dans notre intestin vivent 100 000 fois plus de microbes que d’humains sur la Terre.

Il y a une relation étroite entre la biodiversité et la santé des sols, des plantes, de notre flore intestinale et de notre cerveau. Notre intestin est un microbiote qui contient des billions de bactéries.

Pour bien fonctionner, le microbiote intestinal a besoin d’une alimentation variée et une alimentation variée nécessite de la diversité dans nos champs et nos jardins. La perte de diversité dans notre alimentation provoque des maladies.

La compréhension sophistiquée qu’a l’Ayurveda de l’alimentation a imprégné la diversité et la base saine des habitudes alimentaires indiennes. Aujourd’hui, cette riche tradition culinaire est menacée par l’invasion de la malbouffe. Il est temps d’établir un abrégé ayurvédique de l’alimentation saine et d’intensifier les recherches sur les denrées alimentaires locales ; encore faut-il le faire non pas sur la base d’un paradigme réductionniste, mécaniste et cartésien, mais sur la base du paradigme ayurvédique du lien et de la biodiversité de « One Health ».

L’Ayurveda a reconnu que la biodiversité de l’alimentation est la base de notre santé et que l’alimentation et le système digestif sont d’une importance capitale pour la santé physique et psychique.

L’Ayurveda se fonde sur le principe quantique de la non-séparation et du potentiel, et non sur les hypothèses mécanistes de séparation, d’absolutisme, d’input externe et de contrôle.

Même la science occidentale commence à concevoir ce que l’Ayurveda a compris il y a déjà plus de 10 000 ans — à savoir que le corps n’est pas une machine, et que l’alimentation n’est pas un carburant qui met une machine en mouvement selon les lois du mouvement et de la masse de Newton. L’alimentation n’est pas une « masse », elle est vivante, elle est la source de la vie et la source de la santé.

On parle de plus en plus de l’intestin comme du deuxième cerveau. Il dispose de son propre système nerveux, le système nerveux entérique (sne), et compte entre 50 et 100 millions de cellules nerveuses. Notre corps est un organisme intelligent. L’intelligence n’est pas fixée dans le cerveau. Elle est divisée. Et l’intelligence, qu’elle soit dans le sol, dans les plantes et dans notre corps, prend en compte la santé et le bien-être.

Un intestin en bonne santé dispose d’une diversité et d’une barrière entre l’intérieur de l’intestin, où les microbes décomposent l’alimentation, et le système immunitaire associé à l’intestin, qui assure des interactions saines entre les microbes intestinaux et les cellules immunes. Une communauté douée d’interactions saines donne One Health globale. Plus la biodiversité dans un écosystème est grande, plus la capacité de résistance aux maladies sera grande. Cela vaut aussi pour l’écosystème de notre intestin. Les atteintes à la biodiversité dans le microbiote intestinal sont responsables d’inflammations et de troubles du métabolisme, qui prédisposent à de nombreuses maladies chroniques, dont le diabète de type 2, l’obésité, les troubles du comportement, le déclin cognitif, les dépressions et les affections cérébrales dégénératives. Si la diversité biologique de notre intestin s’effondre suite à une intoxication ou à des carences alimentaires, il peut en résulter des pandémies — infections stomacales ou intestinales, maladies auto-immunes comme l’asthme, l’arthrite rhumatoïde, les maladies inflammatoires intestinales, les troubles du spectre autistique, l’obésité ou les troubles du métabolisme.

« One Health », cela signifie que nous reconnaissons que la biodiversité microbienne est importante pour la structure de notre système immunitaire. De même que les microbes du sol aident les plantes à pousser et à rester en bonne santé, les microbes de notre corps nous apportent la nourriture et entretiennent notre santé physique et psychique. Ils renforcent notre résistance dans la lutte contre les maladies. Comme nous sommes plus des bactéries que des humains, les toxiques tels que les pesticides et herbicides utilisés en agriculture qui arrivent dans notre intestin par la nourriture, peuvent tuer des bactéries bénéfiques. Notre flore intestinale traite l’alimentation que nous ingérons et la transforme en éléments nutritifs pour notre corps et notre cerveau. De même que la biodiversité du sol, notre flore intestinale remplit également des fonctions écologiques vitales telles que la préparation et l’absorption d’éléments nutritifs, la protection vis-à-vis d’agents pathogènes, l’édification de barrières qui filtrent les nutriments suivant qu’ils sont bénéfiques ou toxiques ainsi que la transformation de notre alimentation pour en faire différentes substances chimiques et enzymes, qui entretiennent notre état de santé. La flore intestinale est associée à des processus vitaux tels que la digestion, l’homéostasie et le métabolisme, la synthèse des vitamines et d’autres nutriments, ainsi que le développement et la régulation de la fonction immunitaire. Elle contribue également à la production de nombreuses liaisons qui arrivent dans le sang et influencent différents tissus et organes du corps.

L’Ayurveda recommande six saveurs pour une nourriture équilibrée : sucrée, acide, salée, piquante, amère et astringente.

Chaque saveur représente un potentiel pour des processus qui créent les systèmes d’autorégulation de notre corps. Agni — l’énergie — dans l’appareil digestif est le grand transformateur qui produit les caractéristiques existantes.

Les récepteurs du goût ne se trouvent pas seulement sur la langue, ils sont répartis sur l’ensemble de l’appareil estomac-intestin, ils se trouvent dans des terminaisons nerveuses et dans des cellules de transduction contenant des hormones dans la paroi intestinale.

Aujourd’hui, les plus récentes connaissances en biologie montrent que l’intestin dispose de capteurs spécialisés pour chacune des saveurs et que différents processus métaboliques sont déterminés par la diversité des goûts. Il y a 25 récepteurs différents pour la saveur acide.

Comme le montrent les recherches du docteur Éric Seralini, l’intelligence hautement développée de l’écosystème complexe de notre intestin communique avec la nourriture que nous prenons. Si nous mangeons des aliments frais et biologiques, les processus de régulation qui préservent la santé sont renforcés. Si nous ingérons des aliments chimiques avec des substances toxiques, cette communication conduit aux maladies.

Certaines molécules et substances végétales secondaires contenues dans les choux et les épices activent des récepteurs déterminés du goût et déclenchent des processus métaboliques déterminés. Les récepteurs du sucré stimulent l’apport de glucose dans la circulation sanguine et la libération d’insuline du pancréas quand celui-ci a repéré le glucose. Mayer explique : « La multitude de substances végétales secondaires provenant d’une nourriture riche en différentes plantes, combinée avec la multitude de mécanismes sensoriels parfaitement synchronisés entre eux dans notre intestin synchronise notre écosystème, notre flore intestinale avec le monde qui nous entoure…. (Mayer, p. 59). Les systèmes sensoriels de l’intestin sont l’agence nationale de sécurité du corps humain : c’est à eux qu’il revient de rassembler les informations en provenance de toute zone du système digestif, incluant l’œsophage, l’estomac et l’intestin tout en ignorant la plupart des signaux et de sonner l’alarme dès que quelque chose semble suspect ou ne marche pas. Comme il semble, il s’agit bien de l’un des organes sensoriels les plus complexes du corps (Mayer, S. 63). »

Le fait de manger constitue un échange entre le sol, les plantes, les cellules de notre intestin et les cellules de ce que l’on vient de manger, mais aussi entre notre intestin et notre cerveau. Manger est un acte intelligent au niveau cellulaire et microbien le plus profond. La communication cellulaire est la condition de notre santé comme de notre bien-être. Mais elle est aussi la racine de nos maladies. Les aliments toxiques provoquent des maladies. Nous ne savons pas grand-chose sur les rapports entre alimentation et santé. Mais nos cellules, elles, savent. Notre corps est plus intelligent que la compréhension réductionniste et mécaniste que l’humain moderne a développée. Si nous écoutions notre corps, notre savoir serait plus en accord avec l’intelligence de notre corps qui, du fait du dialogue entre l’intestin et le cerveau, est la véritable intelligence de notre raison. Puisque les aliments portent en eux-mêmes la mémoire de la biodiversité dans le sol et dans les plantes, la manière dont sont structurés nos aliments est un facteur important de la santé. En s’appuyant sur la science écologique de l’agroécologie et de l’Ayurveda, notre raison pourrait se hisser au niveau de l’intelligence de la Terre, de notre corps, de ses doshas, de ses cellules et de ses microbes, qui veulent, avec ces épidémies, attirer notre attention sur les dangers de notre alimentation et de notre environnement.

Les famines et l’urgence sanitaire invitent les citoyens et les gouvernements à dépasser la séparation entre humain et nature, entre agriculture, alimentation, nourriture et santé et à reconnaître les rapports qu’entretiennent toutes ces choses entre elles. L’interdépendance exige l’intégration. La biodiversité et l’intégrité de nos denrées alimentaires doivent être au centre de nos politiques de santé publique. Les systèmes agricoles et alimentaires doivent être considérés comme des systèmes de santé, qui entretiennent et favorisent la santé de la planète et de la société. Nous devons payer les paysans qui cultivent des sols sains, des plantes saines et des sociétés en bonne santé plutôt que les subventionner sous prétexte qu’ils utilisent des énergies fossiles, des engrais chimiques et des produits toxiques qui contribuent au changement climatique, à la pollution de l’eau et aux maladies. Au regard de l’ampleur de la crise sanitaire, de la faim et de la malnutrition qui sévit en Inde, il nous faut passer d’un système chimique de production de denrées pauvres en éléments nutritifs à une agriculture délicate, qui augmente la « santé à l’hectare » et les « éléments nutritifs à l’hectare ». Il nous faut redéfinir les systèmes PDS et ICDS comme un système public de santé basé sur « One Health ». Et nous avons besoin de campagnes publiques d’information qui cultivent le « One Health » parmi les citoyens.

Nous devons concevoir nos vieux systèmes scientifiques éprouvés que sont l’agroécologie et l’Ayurveda, qui dépassent le réductionnisme mécaniste, et le corps comme des écosystèmes complexes auto-organisés et les réévaluer en rapport avec les épidémies et la biologie moderne.

Les systèmes d’alimentation sont la pièce maitresse de la santé et de la maladie.  Le covid 19 a mis sous nos yeux les rapports entre nourriture et santé. Une nourriture saine donne un intestin sain qui, à son tour, produit de l’immunité. On commence à manger plus de curcuma, de gingembre et d’ashwagandha. La pandémie a amené les gens à vivre les enseignements de l’Ayurveda « Annam Sarva Aushadhi » et d’Hippocrate « Que ta nourriture soit ta médecine. »

La biodiversité dans les sols, dans les plantes et dans notre organisme est la base de l’auto-organisation des systèmes vivants — des bactéries du sol en passant par notre intestin jusqu’à Gaïa.

La biodiversité du réseau trophique dans le sol, la biodiversité des plantes et la biodiversité de notre flore intestinale qui collaborent en toute réciprocité sur la symbiose, l’harmonie et la cohérence quantique, créent « One Health ».

La restauration de la biodiversité comme principe d’organisation pour « One Health » est l’avancée la plus importante pour restaurer la santé de la planète et celle des humains.

C’est cette science de la biodiversité et du lien entre sol vivant, semence vivante, nourriture vivante et économies vivantes du bien-être que Navdanya pratique et finance depuis trois décennies. Pour nous, le soin à la Terre est un soin de santé, tant pour l’humanité que pour la planète.

Notre travail a montré que nous pouvons atteindre tant l’odd2 (Faim zéro) que l’odd3 (bonne santé et bien-être pour tous) à condition de régénérer et de cultiver la biodiversité dans nos têtes, dans nos fermes et dans nos intestins.

La façon dont nous cultivons notre alimentation et ce que nous mangeons, c’est le grand changement que chacun(e) d’entre nous peut entreprendre pour régénérer la Terre en prenant conscience que la nature est de la matière vivante, et non pas de la matière morte. Nous pouvons collaborer avec la terre vivante et sa biodiversité pour créer One Health — Une seule Santé. Une Terre saine produit une humanité saine.

Sources :

[1] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/15637215/https://www. gowinglife. com/70-years-of-nutritional-decline/

[2] https://www.cambridge.org/core/journals/british-journal-of-nutrition/article/div-classtitlehigher-antioxidant-%20and-lower-cadmium-concentrations-and-lower-incidence-of-pesticide-residues-in-organically-grown-crops-a-system-%20atic-literature-review-and-meta-analysesdiv/33F09637EAE6C4ED119E0C4BFFE2D5B1

[3] https://medcraveonline.com/HIJ/a-comparison-on-soil-biological-health-on-continuous-organic-and-inorganic-farming. html

 

Pour plus d’informations sur l’auteur, voir www.vandana-shiva.de

 

Traduit de l’allemand para Didier Aviat