I- Historique de la construction

La construction de la cathédrale Notre-Dame de Paris, commencée en 1163, fut réalisée en moins de deux siècles pour s’achever en 1345. La conception même de sa construction nous renvoie à l’alchimie : « On retrouve dans la Cathédrale Notre-Dame de Paris 4 éléments et 3 principes : les 3 niveaux de l’univers avec la Terre (partie Basse avec les portails), au-dessus le monde intermédiaire Air et Eau avec la galerie des rois et les rosaces, et enfin le monde spirituel avec les flèches ». Voir L’Alchimie de Notre Dame de Paris.

C’est l’évêque Maurice de Sully qui est à l’origine du chantier et qui dirigera les travaux. Il inaugure une ère nouvelle qui va durer plus de 3 siècles. C’est le plus vaste édifice religieux construit en Europe au XIIe siècle. Elle peut accueillir jusqu’à 9 000 personnes.

Le contexte du début des travaux est marqué par la volonté du pouvoir royal de se rapprocher de Paris, dont la population croît rapidement. La ville est déjà considérée à cette époque comme une « pré-capitale royale », Clovis le roi des Francs s’y rend régulièrement et y installe ses quartiers permanents. La décision est donc prise de construire un édifice plus grand, dédié à la vierge Marie. « La cathédrale de Paris, ainsi que la plupart des basiliques métropolitaines, est placée sous l’invocation de la benoîte Vierge Marie, ou Vierge-Mère. En France, le populaire appelle ces églises des Notre-Dame. En Sicile, elles portent un nom plus expressif encore, celui de Matrices. Ce sont donc bien des temples dédiés à la Mère… à la Matrone dans le sens primitif, mot qui, par corruption, est devenu la Madone (ital. Ma donna, ma Dame) et par extension, Notre-Dame ». [Fulcanelli : le mystère des cathédrales].

La tour Sud achevée en 1250 met fin aux travaux de la façade. À cette même époque est bâtie une flèche de 30 m. Elle sera détruite en 1797, remplacée par une plus haute qui atteignait 44 m, laquelle s’est écroulée le jour de l’incendie du 15 avril 2019. À sa base, douze statues en cuivre des apôtres, parmi lesquelles Viollet-le-Duc s’était fait représenter en saint Thomas, patron des architectes.

Notre-Dame sera bénie par le pape Alexandre III et parrainée par le roi Louis VII, alliant ainsi en son sein les pouvoirs spirituel et temporel. L’arrivée solennelle de la couronne du Christ – achetée une fortune (135 000 livres tournois, soit la moitié des revenus annuels de la couronne de France) par le roi Louis IX, futur St Louis – est un événement marquant pour la cathédrale, d’où elle sera transférée à la Sainte-Chapelle.

À la demande du roi Louis XV, c’est sur le parvis, devant le portail central, que sera placé le point zéro des routes de France, permettant ainsi de calculer les distances entre la capitale et les grandes villes.

Le point zéro des routes de France. Crédits : Jean-Pierre Bazard Jpbazard, wikimedia commons.

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, le gothique est passé de mode, Louis XIV et Louis XV ont fait faire des modifications, la clôture du chœur est abattue (jubé : clôture qui séparait le chœur de la nef), les vitraux du XIIIe sont remplacés par du verre blanc ; seules subsistent les 3 rosaces : Ouest, Nord, Sud.

En 1789, suite aux évènements révolutionnaires les statues ayant été décapitées, la cathédrale est dans un mauvais état. Au XIXe siècle, on envisage même de la détruire.

En 1831 paraît le roman de Victor Hugo, Notre-Dame de Paris, dont le succès suscite un important mouvement populaire pour la sauvegarde du monument. Sa restauration sera effectuée, entre autres, par l’architecte Viollet-le-Duc, admirateur de Victor Hugo, et s’étendra sur vingt ans de 1844 à 1864. C’est aussi à lui que l’on doit la reconstruction de la flèche qui avait été démontée en 1793, car elle menaçait de s’effondrer. Quant à la « forêt », c’est-à-dire la charpente, construite au XIIIe siècle en chêne, elle a été détruite lors de l’incendie du 15 avril 2019.

II- Intérieur

Coupe intérieure de la cathédrale

L’architecture de la cathédrale est à trois niveaux. À l’intérieur, elle est dotée de :

5 nefs : une nef centrale et 2 déambulatoires de chaque côté du chœur permettant la déambulation des fidèles.

37 chapelles : celles placées autour du chœur sont nommées chapelles rayonnantes : leur construction démarre vers 1250 et s’étend jusqu’à 1320, au rythme des dons de riches commanditaires, royaux, ecclésiastiques ou laïcs. Elles sont dans le prolongement des deux rangées de sept chapelles bâties sur les côtés de la nef. Côté Seine, le palais de l’évêque que l’architecte Maurice de Sully avait construit en 1163, sera démoli suites aux émeutes révolutionnaires en 1830.

Un chœur central entouré d’un mur qui le sépare des déambulatoires ; ce Tour du chœur sculpté au XIVe siècle retrace des scènes de la vie du Christ : au Nord des scènes de son enfance, au Sud sont représentées les Apparitions.

Le triforium (galeries)

Trois rosaces de chacune 13m de diamètre.

La Pieta

La châsse de Ste Geneviève

Les cloches

Les sépultures

Position du chœur dans la cathédrale

L’élévation intérieure de la cathédrale est à trois niveaux. D’une hauteur sous voûte de 33m : elle comprend de grandes arcades, une tribune à claire-voie et des fenêtres hautes.

Le triforium [les galeries]

Crédits : Michael Costa Wikimedia commons

Les 3 rosaces

Rosace Ouest vue du parvis ; ci-dessous vue de l’intérieur

Cette grande rose est partagée en vingt-quatre parties :

– 12 inférieures représentant les 12 mois de l’année avec les 12 signes du zodiaque et les travaux de la terre.

– 12 supérieures représentant l’œuvre alchimique avec les travaux du ciel, et les vices et vertus.

Au centre la Vierge à l’enfant, jonction entre l’Ancien et le Nouveau Testament. Son thème est celui du travail de la Terre, des fruits qu’elle porte. C’est la Terre des sages, c’est-à-dire de la matière du Grand Œuvre.

Les deux rosaces des transepts Sud et Nord :

A : Rosace du transept Sud

Crédits : Paryż_notre-dame_rozeta_4.JPG: Albertus teolog  via Wikimedia Commons

Rosace Sud vue de l’extérieur, avant et après restauration par Viollet-le-Duc

Crédits : https://www.scientifiquesnotre-dame.org/les-roses-les-vitraux

Rosace Sud, ou Rose du Midi, offerte par le roi Saint Louis, elle est consacrée au Nouveau Testament, sa géométrie repose sur le chiffre 4, [la Tetractys de Pythagore], et comporte quatre-vingt-quatre panneaux répartis sur quatre cercles :

  • Le premier cercle comporte 12 médaillons
  • Le second en comporte 24
  • Le troisième est constitué de 12 quadrilobes (4 feuilles)
  • Le quatrième présente 24 médaillons trilobés (3 feuilles)

Au centre, le Christ de l’Apocalypse : l’épée sortant de sa bouche symbolise le fait que sa parole sépare l’erreur de la vérité. C’est le Christ triomphant siégeant au Ciel, entouré des quatre grands prophètes : Isaïe, Jérémie, Ezéchiel, et Daniel, ses témoins sur la Terre.

B : Rosace du transept Nord

Crédits : Krzysztof Mizera, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons

Son axe est décalé de façon à peine perceptible, donnant l’impression qu’elle tourne. C’est à cette impression du mouvement de la rosace que Viollet-le-Duc attribuait sa vocation, un jour où accompagné de son père il visitait la cathédrale et s’était écrié « regarde papa, elle tourne » !

Au centre de la rosace, le Christ sur les genoux de sa mère, entourés par les médaillons des prophètes.

La Pieta

Placée sur le maître-autel, sculptée en marbre blanc, elle a été réalisée suite au vœu du roi Louis XIII de consacrer la France à la Vierge Marie (afin de la remercier de la grossesse de la reine Anne d’Autriche après vingt-trois de mariage sans descendance).

Wikimedia Commons

La châsse de Ste Geneviève (patronne de Paris)

Elle se situe dans le transept Nord depuis le 12 décembre 2012. Elle avait préalablement séjourné au Panthéon où les reliques de la sainte avaient été déposées après la Révolution. Lors du jubilé des 850 ans de la cathédrale, la châsse de Ste Geneviève a été restaurée.

Les nouvelles cloches

Crédits : Thesupermat Via wikimedia commons

Le 31 janvier 2013, neuf cloches géantes sont arrivées à Paris. Vingt et une cloches de bronze composent la sonnerie de Notre-Dame dont le bourdon est la plus ancienne. « Le bourdon de Notre-Dame est fondu en 1683 et baptisé Emmanuel par son parrain Louis XIV… La mauvaise qualité du métal des quatre cloches de la tour nord engendrait des discordances harmoniques et une mauvaise qualité acoustique. Elles sont toutes remplacées en 2013, à l’exception du bourdon Emmanuel, reconnu pour son excellence sonore. »

La tour sud abrite le bourdon Marie. Ce prénom rend hommage à la mère du Christ, protectrice de la cathédrale Notre-Dame, et en souvenir du premier bourdon Marie en place entre 1378 et 1792.

La tour nord reçoit huit cloches, par ordre décroissant de taille :

  • Gabriel, en hommage à l’ange de l’Annonciation,
  • Anne-Geneviève, en mémoire de sainte Anne, mère de Marie et de sainte Geneviève, patronne de Paris,
  • Denis, en l’honneur du saint, premier évêque de Paris,
  • Marcel, en l’honneur de saint Marcel, neuvième évêque de Paris au Ve siècle,
  • Étienne, en souvenir de l’ancienne église cathédrale de Paris placée sous la protection de ce saint,
  • Benoît-Joseph, en souvenir de Benoit XVI, pape au moment de leur consécration en 2013, lors du 850e anniversaire de la cathédrale,
  • Maurice, en mémoire de l’évêque de Paris, Maurice de Sully qui a posé la première pierre de la cathédrale en 1163,
  • Jean-Marie, en hommage au cardinal Jean Marie Lustiger, 139e archevêque de Paris, de 1981 à 2005.

Les sépultures

La cathédrale en compte une soixantaine, des personnages illustres de l’État et de l’Église, dont les dépouilles de Louis XIII, Louis XIV, le cœur de Louise de Savoie [mère de François 1er], l’évêque Eudes de Sully en 1208 et de cette date à 1532, dix-sept évêques.

Le cercueil du cardinal Jean-Marie Lustiger a été déposé dans le caveau des archevêques avec le coffret contenant de la terre de la Terre Sainte. Une plaque doit être posée dans la cathédrale, à la demande du cardinal Lustiger, portant le texte suivant : « Je suis né juif. Devenu chrétien par la foi et le baptême, je suis demeuré juif comme le demeuraient les Apôtres. J’ai pour saints patrons Aron le Grand Prêtre, saint Jean l’apôtre, sainte Marie pleine de grâce. Nommé 139e archevêque de Paris par Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II, j’ai été intronisé dans cette cathédrale le 27 février 1981, puis j’y ai exercé tout mon ministère. Passants, priez pour moi. Aron Jean-Marie cardinal Lustiger, archevêque de Paris »

L’incendie

De même que chacun de nous se souvient de ce qu’il ou elle faisait le 11 septembre 2001 lors de l’attaque terroriste sur les tours jumelles à New York, de même l’émotion suscitée par l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris les 15 et 16 et avril 2019 a laissé une forte empreinte dans nos mémoires. Ce joyau du gothique, inscrite au patrimoine mondial de l’humanité depuis 1991 est le monument le plus visité de France.

L’incendie s’est déclaré le lundi 15 avril 2019 vers 18 h 20. Il a trouvé son origine au niveau de la charpente, à la base de la flèche, œuvre de l’architecte Viollet-le-Duc, constituée de 500 tonnes de bois et 450 tonnes de plomb. Les flammes sont apparues au niveau des échafaudages installés sur la toiture et se sont propagées extrêmement vite, atteignant l’ensemble du toit et détruisant la charpente. Cette charpente, la plus vieille de Paris pour les parties de la nef et du transept, était faite de 1 300 chênes, soit 21 hectares de forêt.

Peu avant vingt heures, la flèche de la cathédrale, avec ses 93 m de hauteur, s’est effondrée et a basculé dans le vide. Vers vingt et une heures, le feu a redoublé d’intensité pour atteindre la tour Nord qui a commencé à s’embraser ; elle sera sauvée grâce à l’intervention rapide des pompiers. Ils ne parviendront à maîtriser l’incendie totalement que le lendemain 16 avril au matin, après quinze heures de lutte.

Ce qui est définitivement perdu :

– La flèche de la cathédrale et le coq qui la surmontait lequel contenait des reliques : une parcelle de la Sainte Couronne d’épines, une relique de saint Denis et une de sainte Geneviève,

– La charpente, dont certaines parties dataient des XIIe et XIIIe siècles,

– Une partie de la voûte s’est effondrée.

Crédits : LeLaisserPasserA38 via wikimedia commons

Après les indispensables importants travaux de restauration, la cathédrale devrait être à nouveau ouverte au public en 2024.

 

Série Les Cathédrales

1. Les secrets des cathédrales

2. Les religions primitives

3. Notions de base

4. Le compagnonnage

5. Architecture sacrée

6. Chartres

7. Amiens

8. Bourges

9.1. Notre Dame de Paris, l’or alchimique

9.2. Notre Dame de Paris, architecture