« Menace sur nos forêts de feuillus » par Vincent Ollier (SEPANSO 64) lors des rencontres organisées à « Paysages In Marciac » (PIM)

Crédits Photo / Vidéo : Xavier Foreau

Bonjour, je m’appelle Vincent Ollier. Je suis secrétaire général de la section Pyrénées Atlantiques de la SEPANSO qui est une organisation fédérale, au niveau Aquitain.

On traite plusieurs dossiers, une dizaine au total, par groupes de travail et on est centré sur certains types de pollution.

Chaque groupe est centrée sur un type particulier de pollution, et moi, je m’occupe du département forêts dans les Pyrénées Atlantiques, et c’est de ça dont je vais vous parler maintenant, parce que les problématiques sont multiples et enchevêtrées.

Le problème principal de la forêt française, et de la forêt des Pyrénées Atlantique tout particulièrement, parce que je recentre un peu le propos, c’est son industrialisation depuis une quinzaine d’années maintenant. Donc ça on l’entend un peu partout, on l’entend même sur les médias mainstream.

Il se trouve que cette cette industrialisation a dévasté, enfin elle a touché, pour pour utiliser un euphémisme, des zones bien avant d’atteindre nos coteaux des Pyrénées Atlantique : donc il y a des zones qui sont des zones martyrs comme le Morvan, ou les Cévennes.

On commence à en entendre parler un peu sur les grands médias.

Cette industrialisation a tout un tas de modes de fonctionnements, de modes opératoires : c’est un changement de paradigme du mode d’exploitation de la forêt.

Alors là je ne vais pas développer cette cette partie là, avec toute la partie d’évolution industrielle, avec son versant économique, son versant financier, etc, mais plutôt ses conséquences.

Et en fait les conséquences, c’est l’arrivée de nouvelles pratiques dans le milieu de la forêt les coupes rases qui ont toujours existé. Ce qui est nouveau c’est leur systématisation et puis l’arrivée de nouveaux matériels, l’arrivée de nouveaux modes opératoires qui concourent tous à un but commun qui est l’éradication à terme des forêts de feuillus, parce que le feuillu correspond peu à la demande telle qu’on a pu la conditionner sur les 15 années qui viennent de s’écouler.

Là aussi, il y aurait tout un débat que vous retrouverez un peu plus longuement expliqué, et puis ces forêts de feuillus ils ont un taux de renouvellement qui est celui des forêts naturelles, mais qui ne correspond plus aux ambitions de la sylviculture version industrielle qui souhaite raccourcir les cycles, et donc réensemencer des sols avec des essences exotiques, résineuses le plus souvent, pour atteindre des rotations plus importante et pour calibrer la production aux intérêts, aux objectifs, aux impératifs industriels.

Et donc, l’ensemble de ces pratiques qui sont déjà très à l’œuvre dans d’autres zones, mais qui atteignent les Pyrénées atlantiques, ont motivé la fondation dans les Pyrénées Atlantique, et sur l’ensemble de la chaîne des Pyrénées, d’un réseau SOS Forêt, auquel la SEPANSO participe activement, et dans une action qui soit qui est à la fois terrain, et politique.

C’est ça ce que je fais.

Alors en tant que citoyen, en tant qu’association, il est évidemment très difficile de résister à cette évolution parce que il y a :  les lobbys économiques, les syndicats de propriétaires, et y compris les agences d’état à certains égards, qui permettent cette évolution qui est sous-tendue par une volonté politique nationale.

Le Plan National Forêt Bois (PNBF), qui est donc une planification décennal, de comment on va organiser la forêt sur dix ans, cette planification décennale qui court sur 2016 – 2026 a prévu que les prélèvements de bois par rapport à la décennie précédente, augmenterait de 25%.

Donc là, la priorité de l’ensemble des intervenants, hors les protecteurs de l’environnement et des forêts naturelles que nous sommes, tous les autres, concourent à cet objectif commun. Cet objectif commun c’est ce qu’on appelle la levée de bois (comprenez, on coupe des arbres).

Et donc, il est très compliqué d’y résister, alors il y a des initiatives ici ou là, qui sont des initiatives :

  • de sensibilisation d’une part, sur la forêt publique des communes, sur la forêt privée des propriétaires, des syndicats de propriétaires, mais c’est un petit peu compliqué parce que on va à contre-courant du discours dominant évidemment,
  • et puis il y a des initiatives par le rachat de certaines parcelles, par certains regroupements de propriétaires qui s’assignent des objectifs qui ne sont pas de l’ordre de l’exploitation industrielle,
  • Il y a la possibilité de promouvoir un certain nombre de modes de sylviculture, qui sont des sylvicultures dites douces : alors la futée irrégulière par exemple qui permet de conserver un couvert végétal à une parcelle, malgré son exploitation, c’est à dire qui permet de conserver un certain nombre d’arbres de toutes les essences présentes sur la parcelle et de toutes les classes d’âge. Donc la parcelle demeure une forêt malgré son exploitation,
  • Il y a une méthode qui est bien connu dans le milieu sylvicole s’appelle la méthode PRO SILVA et qui a peu de choses près abouti à ce type de pratique,
  • Et puis il y a l’identification (ça c’est un gros travail) et la préservation de ce que l’on appelle les vieilles forêts. Il y a même dans les Pyrénées, et dans les Pyrénées moyenne Atlantique, et bientôt les Pyrénées Catalanes, des observatoires des vieilles forêts.Donc ce sont des individus ou des groupes d’individus qui sous l’égide de France Nature Environnement, la grande association nationale qui fédère les associations comme la nôtre, et bien ces gens là se sont fixés pour mission d’identifier les vieilles forêts, qui correspondent à un certain nombre de critères (c’est une forêt qui a n’a pas subi d’exploitation, qui a pas été entropisée depuis un certain nombre de temps, et dans laquelle il reste bien des arbres de tous les diamètres, des gros bois, des arbres sénescents, des arbres morts au sol à une forêt, comme on imagine la forêt fantasmée). Et donc ces forêts là ne sont peut-être plus très difficile de les évaluer. C’est en cours. Elles ne seraient peut être plus que 5 à 2 % du territoire en fonction des zones.Donc là il y a une urgence vitale à les préserver par rapport à leur biodiversité, par rapport à l’heure aux bénéfices écosystémiques qu’elles apportent, comme l’ensemble des forêts d’ailleurs, mais celle là tout particulièrement, et puis aussi par rapport à la valeur patrimoniale qu’elles représentent. Et pour autant les tronçonneuses s’en préoccupent aussi.

Donc là, il y a une urgence importante à laquelle des organismes comme le Conservatoire des Espaces Naturels d’ailleurs dont c’est la vocation, sont des tâches auxquelles ils sont en train de s’atteler.

Et on est partie prenante évidemment de l’ensemble de ces modes de préservation, mais on en est aux balbutiements et encore une fois on lutte contre des intérêts économiques et politiques, et donc c’est malgré tout assez compliqué.

Alors ce que je peux vous dire de positif, c’est rejoignez-nous parce que on se bat fort, et que on a besoin de bras.

 

Remerciements à Vincent Ollier pour sa disponibilité, et à Olivier, Sylvie et toute l’équipe pour l’organisation des rencontres « Paysages In Marciac »

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Autres liens :

SEPANSO : http://www.sepanso.org/index.php
SEPANSO 64 http://www.sepanso64.org/
Paysages In Marciac https://paysages-in-marciac.fr/
France Nature Environnement : https://www.fne.asso.fr/
SOS Forêt : http://www.sosforet.org/

Coupe rase : https://fr.wikipedia.org/wiki/Coupe_rase
Méthode PRO SILVA : http://www.prosilva.fr/brochures/brochure_PRO%20SILVA_6_pages-def_MD.pdf

Programme national de la forêt et du bois (PNFB) :
https://agriculture.gouv.fr/le-programme-national-de-la-foret-et-du-bois-2016-2026
https://fr.wikipedia.org/wiki/Programme_national_de_la_for%C3%AAt_et_du_bois

Menaces sur les forets AP19: https://youtu.be/sBGFwKQ8gEs