Entretien avec Ernst Zürcher, sur le Réseau de Transition Écologique du Pélerin Compagnon, à l’occasion de la programmation de « Paysages In Marciac » 2019.

(Crédit Photo / Vidéo : Xavier Foreau)

Transcription de la vidéo

Alors la question est : « Que faire aujourd’hui face à l’urgence ? »

Surtout face à la montée de cette jeunesse qui veut vraiment que les choses changent.

Que les urgences écologiques et climatiques soient prises au sérieux, face au fait que cette jeunesse ne croit plus tout à fait à ce qu’on est en train de lui enseigner encore.

Il y a une forme de méfiance.

Je pense qu’une option très importante pour être de lui montrer qu’un monde en émergence est déjà là, qu’il attend, qu’il est là pour elle, pour la jeunesse et pour ceux qui sont moins jeunes aussi.

Un monde de la transition écologique existe déjà est déjà en route, mais il a simplement encore le petit défaut de ne pas être connecté, de ne pas être mis en réseau.

L’idée c’est de d’offrir ce nouveau monde, sous forme d’un réseau, sous forme d’un monde connecté, sous forme d’un monde relié, à cette jeunesse, à ces gens qui ont vraiment envie d’entrer dans une action de transition écologique et de renouer avec un très ancien patrimoine européen, et mondial, c’est à dire le patrimoine du pèlerinage est le patrimoine du compagnonnage.

Qu’est ce que le pèlerinage ?

C’est de se rendre à un endroit, où le but lui même est déjà important, mais ce qui est essentiel c’est le fait de se déplacer de marcher et de mûrir au cours de cette marche.

C’est une forme de méditation active, le pèlerinage de Compostelle naturellement le plus célèbre. Souvent c’est pour chercher une guérison, pour chercher une transformation intérieure. Mais c’est l’effort qui provoque cette transformation intérieure, et au bout de il y a peut-être un supplément dont on ne peut pas dire avec certitude en quoi il consiste.

Mais le pèlerinage, c’est vraiment le signe physique de la mise en route. Et ce pèlerinage a quelque chose de particulier c’est que cela ne se fait jamais en voiture. Ça se fait jamais sur l’asphalte, ça se fait à pied, ça se fait sur les sentiers, ça se fait sur les anciennes routes, les routes qui ont vu des générations et des générations de pèlerins passer, des routes éventuellement chargées de mémoires, chargées d’histoires. C’est des routes qui ont probablement une composante, dans cet effet du pèlerinage.

Donc créer un réseau du pèlerinage de la transition écologique, associée à la notion de compagnonnage.

On a donc la notion de ces anciens compagnons du devoir, le domaine de la construction, les tailleurs de pierre, les constructeurs de cathédrale, les anciens charpentiers : des métiers prestigieux parcourraient la France, faisait leur tour de France, faisait leur tour d’Allemagne. Toute l’Europe était gérée par ces corps de métier qui échangeaient et qui apprenaient d’un site à l’autre, d’un chantier à l’autre, et là ce serait à la fois un réseau de pèlerinage compagnonnage de la transition écologique,où chaque lieu de transition qui prend vraiment les choses au sérieux, qui est en train de faire un travail précieux, aurait la capacité ou bien serait prêt à accepter à héberger un jeune pèlerin compagnon et l’héberger.

Celui-ci serait sur place pour aider au travail on appelle ça le wwoofing, mais du wwoofing avec une vision à long terme, une vision très élargie derrière, un wwoofing où l’on apprend des choses essentielles.

On passe donc d’une ferme qui fait de la production vivrière, on passe à un maraîcher, on passe à un apiculteur, chaque fois la durée du temps nécessaire, et ça permettrait d’entrer dans un monde de la transformation écologique, de la transition écologique, à pied, sans que ça coûte pratiquement rien du tout, où l’échange se fait au niveau de la contribution, sous forme de main d’œuvre, où la rétribution et de l’apprentissage est du gîte et du couvert.

Pour ajouter quelque chose de très important une forme de sécurité, une forme de sériosité de ce système, l’idée c’est de pratiquer ce qu’on pratique déjà de manière extrêmement efficace dans le système développé en France nommé blablacar.

Chacun qui profite d’un trajet donne un retour sur la qualité du trajet, et chacun qui conduit une personne d’un retour sur la manière dont ça s’est passé. C’est une manière extrêmement efficace de garantir la qualité de partage de moyens et de l’infrastructure.

Donc là il y a de la modernité aussi là dedans, c’est pas simplement un retour en arrière. C’est vraiment un réseau du futur, très efficace et très riche en perspectives.

On aimerait relier le point de départ ce serait l’Alsace, au nord de Strasbourg, en passant par le Sud, le Sud-Ouest, le Gers qui serait prédestiné à être un lieu de passage, qui est un haut lieu du compagnonnage du passé.

Partout en passant de fermes et d’éco-lieux, aussi d’endroits où on fait du travail, de renouer avec la nature, les bonnes pratiques avec la nature. Qu’on puisse passer à pied jusqu’à finalement aboutir aux Landes : ça c’est notre premier trajet, dans notre première vision.

Naturellement avec le temps, ça sera une couverture totale du pays, pour que chacun puisse partir de partout et atterrir ou aboutir à chaque endroit, dans ce monde en construction.

C’est donc un monde qui existe, qui demande qu’à être découvert et qui sera plus facilement accessible grâce à cette notion de pèlerinage/compagnonnage, qui sera à la fois une transformation intérieure et une transformation du savoir-faire que certains pourront transmettre aux autres.

Et je me réjouis d’être bientôt en mesure d’inviter tous ceux qui veulent vraiment participer à cette nouvelle étape, travailler avec la nature, de travailler ensemble au niveau social, et aussi de pratiquer ces nouvelles économies, cette nouvelle culture.

Ce sera aussi les passages chez les gens qui font de la philosophie, ou de l’art, de la musique, qui sont prêts à enseigner de la musique, qui sont prêts à enseigner de la poésie, enseigner de l’écriture. Tous ceux qui ont envie de partager quelque chose qui est ouvert sur le futur, et non orientés sur bénéfice.

C’est un autre monde

Plutôt qu’un monde qui exclut, un monde qui ne prend que par sélection ceux qui sortent déjà faire des choses, pour lesquelles on les a formaté.

C’est un monde qui est ouvert à tous : quelqu’un qui ne sait rien faire, et qui n’a envie de rien faire, est même invité à pèleriner, parce que ne rien faire et précieux aussi.

On est trop dans le Faire, on n’est pas assez dans le Être.

Donc tout le monde est vraiment invité dans ce monde là. Ça ne coûte rien, y compris des endroits où l’on apprendra à faire du théâtre aussi par exemple, de l’éco-construction.

Le monde forestier, la foresterie du futur, la foresterie proche de la nature et même des scieurs qui scient des bois en circuit court, tout ça c’est des métiers dont on aura besoin dans ce nouveau monde qui sera plutôt basse technologie mais pas déconnecté un monde intégré, la technologie simple, tout le monde à sa place.

Voilà, c’est la vision qui immédiatement me semble rencontrer une forme d’enthousiasme.

Je suis très confiant dans une réalisation rapide.

Autres liens :

Paysages In Marciac : https://paysages-in-marciac.fr
WWOOOF est un mouvement mondial qui met en relation des volontaires avec des agriculteurs et des producteurs biologiques pour promouvoir des expériences culturelles et éducatives basées sur la confiance et l’échange non monétaire, contribuant ainsi à construire une communauté mondiale durable. https://wwoof.net/