Publié en Avril 2018 en espagnol, le livre « Violence, Conscience et Nonviolence », a été présenté en France, en Espagne, en Allemagne, en Argentine et au Chili. Ce livre prétend aller au-delà des mots, promouvant des activités au travers d’un Observatoire de la Nonviolence.
Philippe Moal, auteur du livre est licencié en Sciences de l’Éducation. C’est dans le courant du Nouvel Humanisme Universaliste, qu’il s’est formé à la Nonviolence, il est actuellement membre du Centre d’Études Humaniste Noésis et récemment il fonda l’Observatoire de la nonviolence. Depuis les années 1980 il a développé la méthodologie de la NonViolence Active en France, en Roumanie, au Bénin, au Chili, et de nos jours en Espagne. Il se dédie actuellement à la recherche, l’écriture et donne des conférences. Son livre « Violence, Conscience et Nonviolence » édité chez (Nueva Economie Sociale pour la version en espagnol et l’Harmattan pour la version en français) a été patronnée par la Commission Nationale Française pour l’UNESCO.
Pourquoi ce livre ?
L’écriture de ce livre a commencé exactement en 2012. Pour moi, ce n’est pas un thème récent. Dans les années 80 je me suis rapproché du courant du Nouvel Humanisme Universaliste, dont le point de vue sur la nonviolence correspondait à ma recherche vitale du moment. Ceci m’amena à agir dans divers lieux, en Europe, en Afrique en Amérique Latine. Mais en 2012 surgit la nécessité de mettre mes expériences sur le papier. Au début je ne pensais pas en faire un livre, plutôt faire un récit pour moi afin d’ordonner mes idées.
Lorsque Mario Rodriguez (Silo), fondateur du Nouvel Humanisme Universaliste, proposa la Nonviolence comme l’axe central de la problématique sociale et personnelle, le thème à ce moment là n’était pas compris. En ce temps, dans les années 70, on défendait par exemple : la violence armée pour se libérer, y compris chez les intellectuels la violence était justifiée, on ne considérait pas la lutte Nonviolente. Un peu plus tard, dans les années 90 surgit une prise de conscience et la mentalité changea beaucoup.
La violence n’est en aucun cas la solution, mais le problème. Aujourd’hui nous sommes face à un nouveau défi, parce que bien que nous soyons conscients que la violence ne résout aucun problème, nous ne savons pas comment en sortir. Il s’agit maintenant d’élever le niveau de conscience tant au niveau personnel qu’au niveau social. Nous devons influencer spécialement ceux qui dirigent le monde, parce que leur niveau de conscience ne semble pas très élevé.
Raconte-nous ton projet…
Mon projet est assez simple, il s’agit de persuader à prendre le chemin de la Nonviolence.
Actuellement, lors de mes interventions, je rencontre en général des personnes qui sont déjà dans cette sensibilité et dans la recherche de la nonviolence. J’aimerai pouvoir travailler avec des gens pour parvenir à plus de personnes qui ne connaissent pas la nonviolence.
Il y a encore des préjugés sur la nonviolence, on considère par exemple que c’est quelque chose de passif, et aussi que la violence est naturelle et donc normale, y compris légitime. Il y a un énorme travail de prise de conscience à réaliser, pour que l’on puise voir combien la nonviolence est bonne pour la vie des gens.
Que se passe-t-il avec les personnes qui subissent différents types de violence extrême, comme les réfugiés, les victimes de guerres, les abus… Est-ce que ce sont eux les destinataires de ta production ?
Effectivement, aujourd’hui il y a des gens qui sont dans l’urgence et évidemment théoriser dans une situation d’urgence ne me semble pas le plus adéquat. Ces personnes payent les conséquences de notre monde actuel, un monde qui a comme méthodologie et fondements, la violence. Mais cela n’invalide pas la recherche pour trouver les racines de la violence et éviter qu’elle ne se perpétue, afin que les choses puissent changer.
Comment définirais-tu ton projet, comme une synthèse vitale, ou bien comme quelque chose d’émergent ?
C’est les deux choses en même temps. Mise à part les causeries que je fais pour sensibiliser sur la nonviolence, je cherche comment se solidariser et sentir de la compassion pour les personnes sans s’identifier ni être affaibli par cette identification ; agir avec force, bonté et efficacité en même temps.
Peux-tu m’expliquer cette idée ?
Lorsque tu élèves le niveau de conscience cela te permet de prendre de la distance par rapport à toi, à tes propres tendances, croyances, valeurs ou expériences qui peuvent t’amener à la violence. En même temps, il s’agit de prendre de la distance par rapport à la violence qu’il y a hors de toi, celle qui vient du monde.
Comme disait le penseur René Girard dans son œuvre ‘La violence et le sacré’ : « si nous ne faisons rien pour éradiquer la violence, en définitif ce sera le hasard qui régira le conflit », et ceci je le mets en relation avec ce que proposait Ilya Prigogine par rapport à l’incertitude de la vie. La manière d’agir face aux événements est de choisir, sinon ce sont les déterminismes qui s’imposent.
Quoi dire aux personnes qui désirent s’approcher à la Nonviolence ?
En réalité, il y a beaucoup d’humanistes qui agissent dans ce domaine et aussi beaucoup de groupes divers parfois très petits mais très courageux. On parle beaucoup de la violence, mais très peu de la nonviolence, de sorte que ces initiatives restent invisibles.
L’Observatoire de la Nonviolence prétend montrer tous ces exemples, avec comme finalité de réveiller la foi dans le futur. En citant Silo, combattre la violence se fait grâce à la foi interne et à la méditation interne.
Nous devons apprendre à sortir de la spirale de la violence pour entrer dans une nouvelle spirale : la spirale de la nonviolence. Dans toute spirale la force se multiplie et gagne progressivement de la puissance avec la vitesse. Ainsi chaque petite action est importante parce qu’elle peut produire une grande influence.
Dans l’Observatoire de la Nonviolence que nous avons créée, nous développons deux domaines à travers le Laboratoire de la Nonviolence Active. Un domaine de travail qui se réfère à comprendre les racines et les fondements de la violence culturelle, sociale et psychologique qui nous déterminent afin de pouvoir les désactiver. Un autre consiste à développer des procédés personnels pour apprendre à résister à la violence.
Où pouvons-nous trouver ton livre ?
Il est édité par Nueva Economia Social et distribué en Espagne dans toutes les librairies par AZETA distribucion et l’on peut le trouver aussi sur le réseau internet, chez Amazon, à la Fnac ou sur une version ebook, vous pouvez aussi avoir de l’information sur le site web de l’Observatoire : www.o-nv.org [N.d.T. En espagnol et en français] et nous écrire à contacto@o-nv.org.
[N.d.T. En France le livre a été édité par l’Harmattan et peut se commander en librairie].
Traduit de l’espagnol par François Giorgi