Un document mis au jour par l’unité de recherche de Greenpeace (publié accidentellement par Initiative for Free Trade [Initiative pour le libre-échange]) a révélé qu’ « un groupe de think tanks conservateurs transatlantiques élabore actuellement une campagne de lobbying auprès des ministres pour faire abandonner les normes de sécurité strictes de l’UE afin de parvenir à un accord commercial avec les États-Unis ».

Le rapport, selon le Guardian, implique des groupes conservateurs de droite tels que « la fondation Heritage, qui a fait pression pour la suppression de mesures de protection de l’environnement, et l’Institut Cato, co-fondé par les barons milliardaires du pétrole Charles et David Koch. En Grande-Bretagne, le projet est supervisé par Initiative for Free Trade (IFT), une organisation fondée par Daniel Hannan, défenseur du Brexit dur et eurodéputé conservateur. »… « Une telle mesure permettrait de commercialiser pour la première fois au Royaume-Uni des poulets chlorés et du bœuf aux hormones. » On sait également que les États-Unis utilisent beaucoup plus d’antibiotiques en élevage et que les importations de ces animaux peuvent contribuer à accroître la résistance aux antibiotiques, qui est déjà un problème majeur.

Cela impliquerait également l’abandon du « principe de précaution » de l’UE, qui consiste à tester correctement les nouveaux produits avant de les mettre sur le marché, abandon en faveur du modèle américain d’approbation préalable, plus souple, avec intervention seulement si des problèmes surgissent. Cela se traduit par des produits moins chers mais de moindre qualité.

Ce n’est pas un hasard si nombre des partisans du Brexit « dur » ont les yeux rivés sur les profits à tirer des accords commerciaux entre les États-Unis et le Royaume-Uni, et décrivent la bureaucratie bruxelloise comme une contrainte injuste, alors qu’en réalité dans de nombreux domaines elle est à l’origine de normes de sécurité : dans l’alimentaire, les médicaments, la protection de l’environnement et les conditions de travail.

La menace qui pèse sur les exploitations agricoles britanniques, qui « pourraient être anéanties après la transition du Brexit », a déjà été dénoncée, avec l’augmentation des prix des aliments qui en résulte. À l’heure actuelle, les agriculteurs britanniques reçoivent 3 milliards de livres de subventions de l’UE, ce qui bien entendu cesserait après le Brexit.

Dans les services publics de santé, on constate une hémorragie des travailleurs européens incertains sur leur situation après le Brexit (et craintifs face à la montée du sectarisme nationaliste). En même temps, la (l’absence de) frontière entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande – le grand succès de l’accord européen du Vendredi qui a permis d’éliminer largement la violence dans le conflit – est en discussion en vue de trouver une solution originale pour empêcher un retour aux affrontements du passé, étant donné que sortir de l’UE créera une frontière stricte entre le nord et le sud avec les contrôles de l’immigration et des douanes ; pour le moment aucune solution n’a été trouvée. Le fait que le gouvernement conservateur dépende maintenant d’un groupe de dix députés Nord-irlandais, le DUP, pour avoir une mince majorité (et sous condition) aux Communes, ceci n’aide pas.

Ce qui apparaît de plus en plus clairement, c’est le coût humain du Brexit dans un souci de profit.