Le 31 mars passé, ce fut certainement le marathon le plus court du monde. Cernée par un mur, la ville de Bethléem ne pouvait en effet offrir aux sportifs un parcours continu sur 42 km de distance. Visiblement, le « marathon » ne comptait pas non plus de grands athlètes parmi ses participants. Sur la ligne de départ, beaucoup d’entre eux se sont élancés dans la course en brandissant pancartes, drapeaux et ballons, puis ont parcouru le reste du trajet en trottinant, sans espoir de battre un quelconque record olympique.

À 87 ans, le participant le plus âgé scande avec conviction le slogan du marathon. Ayant connu au cours de sa vie l’occupation ottomane, britannique, jordanienne et israélienne, il marche à cette occasion pour la libre circulation des personnes.

Organisé par une centaine de bénévoles, l’évènement a plus des airs de festival que de compétition : accueillis devant le Centre de la paix de Bethléem à force de musique et de vidéos motivantes étalées sur des écrans géants, les participants se voient offrir de l’eau, des pommes et des quartiers d’orange : tout ce qu’il faut pour maintenir leur énergie jusqu’au bout de la course.

Dans les portions les plus raides, des volontaires aident les personnes en fauteuil roulant. De temps à autre, les gens saluent aimablement les soldats israéliens perchés en haut de leurs miradors. Pourtant, à seulement quelques pas de là, des photographies de jeunes Palestiniens emprisonnés rappellent à tous la réalité de l’occupation militaire, de la constante violation des droits de l’homme.

Pour Eitedal Ismail, le directeur des Sports qui supervise pour la cinquième fois ce marathon au cœur de la Palestine, c’est une véritable réussite d’avoir pu organiser un tel évènement. Il reste tout de même à améliorer le passage de témoin le long du parcours, pour ceux qui préfèrent courir en relais. D’autres auraient aimé marcher un ou deux kilomètres de moins. Mais en réalité, pour la plupart des participants, ce n’était pas la durée de la course ni sa distance qui importaient vraiment. Comme on pouvait le lire sur les t-shirts, le marathon avait un tout autre sens :

Nous courrons pour :

La Paix

LA joie

L‘amour

La libErté

La juStice

La digniTé

L‘Identité

L’humaNité et l’Espoir

NOUS COURRONS POUR LA PALESTINE

Images publiées avec l’autorisation de المصور العجوز  et d’Ina Darmstädter

 

Traduction de l’espagnol : Laurane Tesson