La xénophobie commence à montrer des signes de recrudescence en Amérique latine et dans les Caraïbes, ce qui constitue un signal d’alarme.

Un exemple déplorable a été fourni il y a quelques semaines par le sénateur argentin Miguel Ángel Pichetto qui, parlant à la radio de l’insécurité dans le pays, s’en est pris aux immigrants, déclarant que l’Argentine fonctionne « comme un logement social de la Bolivie et un logement pénal du Pérou ». Des déclarations similaires ont été faites par des secteurs du gouvernement de Mauricio Macri (N.d.T.: président de l’Argentine de 2015 à 2019), tandis que d’autres se sont fait l’écho de cette insulte en rendant les immigrants responsables de la saturation des systèmes d’éducation et de santé et de l’augmentation de la pauvreté.

Dans le même ordre d’idées, l’appel lancé par le « Front national du peuple panaméen » (Frente nacional del Pueblo Panameño) à former une chaîne humaine dans le but de récupérer « Panama pour les Panaméens », une action contre les immigrants vénézuéliens qui résident dans le pays d’Amérique centrale, est alarmant.

Au Chili, un psychiatre réputé a affirmé dans une émission de radio que les étrangers arrivant au Chili en provenance de Colombie et d’Haïti apportaient la violence et la maladie, et une star argentine devenue présentatrice de télévision a déclaré, dans une attitude ouvertement raciste, combien elle appréciait la famille présidentielle argentine parce qu’elle était « blanche, belle et pure ».

D’autres personnalités, comme l’ancien président chilien Piñera, pensent pouvoir gagner des soutiens ou dissimuler des affaires louches en se pliant au courant de droite à la Trump, rejoignant ainsi une vague insensée de discrimination. Tous ces gestes – apparemment isolés ou inoffensifs – apparaissent comme des signes dangereux de légitimation qui pourraient entraîner d’énormes reculs pour les droits humains dans la région.

La discrimination réapparaît en temps de crise, en utilisant les immigrants comme boucs émissaires, en rendant l’autre responsable du chômage, et comme le font certains gouvernements qui tentent de se sauver de leur propre chaos, en l’utilisant dans leurs arguments.

Il est prévisible que, dans le cadre de l’actuelle récession de l’économie mondiale qui fait suite à l’explosion des marchés immobiliers internationaux en 2008, la faute sera rejetée sur les migrants plutôt que sur les banques spéculatrices, véritables causes de l’aspiration des ressources de l’économie réelle et des possibilités d’amélioration des conditions de vie de la population.

En contrepartie de ce contexte, une nouvelle positive est la campagne « JE VIENS du SUD » (SOY del SUR), lancée par l’Unión de Naciones Suramericanas UNASUR (Union des nations sud-américaines), dans le but de promouvoir l’intégration et de réaffirmer l’identité régionale des 417 millions d’habitants du continent.

Nous consacrons cette partie de notre micro-émission de radio “Régional et Populaire” (Regional y Popular) à ce sujet, dont le titre, paraphrasant Silo, est « Ce qui est bon, c’est ce qui unit les peuples. Ce qui est mauvais, c’est ce qui les désunit. » [1]

Pour écouter, télécharger, partager ou diffuser le programme de radio (en ESP) : https://ar.ivoox.com/es/14275388

« Régional et Populaire » est un programme de radio hebdomadaire de quinze minutes consacrées aux questions liées à l’intégration souveraine de l’Amérique latine et des Caraïbes. Il s’agit d’une production libre de l’agence de presse internationale Pressenza, réalisée depuis Córdoba en Argentine, en collaboration avec la radio communautaire La Ranchada, radio qui est diffusée régulièrement sur diverses stations et réseaux de radio de la région.

 

Notes

[1] Phrases prononcées sur les plages de Chowpatty, en Inde, le 1er novembre 1981 :

« Ce qui est bon, c’est tout ce qui améliore la vie.

Ce qui est mauvais, c’est tout ce qui s’y oppose.

Ce qui est bon, c’est ce qui unit un peuple.

Ce qui est mauvais, c’est ce qui le désunit.

Ce qui est bon, c’est d’affirmer : « Il y a encore un futur. »

Ce qui est mauvais, c’est de dire : « Il n’y a ni futur ni sens à la vie. »

Ce qui est bon, c’est de donner aux peuples foi en eux-mêmes.

Ce qui est mauvais, c’est le fanatisme qui s’oppose à la vie. »

(Silo parle, Acte public à Bombay, Éditions Références, Paris, 1999.)

 

Traduction de l’espagnol, Evelyn Tischer