Message de paix de Yair Asulin, sur les réseaux sociaux de Maoz Inon

Dans quelques jours, les 8 et 9 mai 2025, Jérusalem accueillera ce Sommet dans un esprit de Paix que nous n’aurions jamais imaginé possible : dans les circonstances de plus en plus catastrophiques que nous connaissons. Et pourtant, cela est sur le point de se produire, et ce sera la conférence de paix la plus grande, la plus fréquentée, la plus compliquée et la plus importante jamais tentée au Moyen-Orient, et peut-être dans le monde. Plus de 60 organisations différentes ont adhéré, des milliers de personnes arriveront à Jérusalem depuis d’autres villes d’Israël, des interventions sont également prévues depuis la Palestine, mais uniquement via Internet, et depuis le monde entier, il sera possible de suivre en streaming.

Mais ce ne sera pas une promenade, comme nous l’avons déjà vu avec la cérémonie israélo-palestinienne organisée il y a quelques nuits (le 29 avril 2025) par les Combattants for Peace en collaboration avec l’organisation du Parents Circle Families Forum, avec la synagogue de la ville de Ra’anana, qui accueillait l’événement en streaming, prise d’assaut par les voyous parmi ceux qui ne veulent même pas entendre parler de paix : la pire droite kahaniste, malheureusement très agressive et soutenue par le gouvernement. La police est intervenue, il y a eu des arrestations, des ambulances, des blessés… l’épisode a été stigmatisé dans la presse, évidemment sur les réseaux sociaux; parmi les nombreux messages, nous soulignons le message vidéo d’Aziz Abu Sarah qui est l’un des principaux promoteurs de ce Sommet de la Paix et que nous avons interviewé sur Pressenza il y a quelques semaines.

Tout cela coïncidant avec les deux jours les plus importants du calendrier israélien : le Jour du Souvenir (en mémoire des dizaines de milliers de victimes des nombreuses guerres menées par Israël) qui, comme chaque année, était le prélude au Jour de l’Indépendance, cette année cependant marqué par l’incendie le plus effrayant aux abords de Jérusalem, les gens fuyant comme à Gaza, la défense civile incapable de maîtriser les flammes à cause du vent fort, l’angoisse face à la possibilité d’une nouvelle attaque terroriste. Au cours des dernières heures (avec l’aide des pays les plus amis et voisins, dont l’Italie), l’incendie a été éteint, mais le climat peut être qualifié d’… incendiaire.

Et voici aujourd’hui, en guise de commentaire à ce qui précède, depuis les pages sociales de Maoz Inon (que nous avons déjà interviewé ici), ce beau message à deux voix, dans le sens où il reprend les mots de Yair Asulin, un autre pacifiste israélien bien connu, professeur à l’Université de Tel Aviv, collaborateur de Haaretz, protagoniste de cet extraordinaire réveil de conscience dans le corps social israélien, qui gagne de plus en plus de terrain et que nous continuerons à suivre attentivement.

(extrait des pages sociales de Maoz Inon) :

« Dans les jours qui suivent immédiatement le Jour de l’Indépendance, alors que le cœur continue de chercher un endroit pour respirer un instant, les mots de notre camarade Yair Asulin, ami et compagnon de route, nous rappellent ce qui devrait vraiment être au cœur de notre histoire : la Paix. Pas comme mot de passe, mais comme base. Pas un compromis, mais un être. »

Voici ce qu’a écrit Yair dans sa chronique dans « Haaretz » :

De tous les mots que l’on peut penser, en ce jour de l’Indépendance en mille morceaux, alors que nous ne pouvons sortir du marais de Gaza, alors que nous contemplons la perte de notre souveraineté morale, alors que 59 otages sont toujours là sans perspective de solution… de tous les mots possibles, celui qui me revient sans cesse à l’esprit est précisément le mot Paix. Oui, ce mot-là, ce mot continuellement méprisé pour quiconque ose le prononcer, mais qui est devenu l’aspiration la plus profonde et la plus essentielle du peuple juif : « Faites la paix sur ses hauteurs, la paix se fera sur nous… » Un mot associé aux premières lueurs de l’aube… un mot murmuré.

En ce jour de l’Indépendance, nous devons nous battre pour le mot Paix. Dans le sens profond de la Paix. Non seulement la Paix sous la forme de tel ou tel autre ordre politique, non seulement la Paix comme « prise de position », mais comme état de conscience. La Paix comme définition fondamentale de qui nous sommes et de l’histoire que nous voulons raconter à nous-mêmes et au monde.

Au cours des 77 années d’existence d’Israël, chaque fois que nous nous sommes trop éloignés de la paix, chaque fois que nous avons pensé que nous étions trop « sobres » pour reconnaître son pouvoir critique, nous avons menacé notre propre sécurité. C’était le cas avant la guerre du Kippour, et c’était le cas dans les années qui ont précédé le désastre du 7 octobre 2023 : l’apocalypse visant à renforcer le Hamas découlait précisément du désir d’exclure la possibilité que ce mot puisse être prononcé.

(…) C’est pourquoi, en ce jour d’indépendance brisé, où les démons qui sortent de la bouteille sont toujours plus nombreux et se multiplient sous la pression de la dégénérescence la plus profonde de la politique, nous devons honnêtement admettre que l’israélisme n’a jamais prévu une véritable place pour la Paix. Le choix a toujours été celui du « Mur de fer », avec en plus des fantasmes sur les « muscles juifs » et ainsi de suite. Et pour ceux qui ne veulent voir que les fautes de l’autre côté, pour réitérer la cruauté, pour raconter les tentatives faites au fil des années pour parvenir à la paix, pour tous ceux qui veulent se laver avec la propreté de leurs propres mains, il faut se rappeler que la guerre n’est pas seulement le contraire de la paix : les guerres se gagnent aussi avec la conscience de la paix, avec l’intention de la paix, avec la recherche de la paix.

Mais ce n’est pas comme ça que nous nous comportons (et donc nous ne gagnerons jamais). Ce n’est pas la façon dont nous parlons, ni la direction dans laquelle nous allons. Dans cette guerre, le mot Paix est presque devenu une trahison. Et pour ce péché d’effacement de la Paix, nous payons un prix énorme. « Quand un peuple fuit son essence, quand il la méprise, quand il lui tourne le dos, il se perd inévitablement. »

La semaine prochaine, du 8 au 9 mai 2025, beaucoup d’entre nous seront à Jérusalem pour le Sommet des peuples pour la paix. Pour réitérer notre programme : Hope is an action, l’espoir est une action et nous devons le réaliser ensemble. Faisons la paix. Ensemble.

Informations et mises à jour : https://www.timeisnow.co.il/, www.eventer.co.il/timeisnow

Articles de Pressenza sur le Sommet des peuples pour la paix à Jérusalem :

Interview à Maoz Inon: https://www.pressenza.com/fr/2025/04/vers-le-sommet-des-peuples-pour-la-paix-a-jerusalem-les-8-et-9-mai-entretien-avec-lun-des-organisateurs-maoz-inon/

Interview à Aziz Abu Sarah: https://www.pressenza.com/fr/2025/04/vers-le-sommet-des-peuples-pour-la-paix-a-jerusalem-les-8-et-9-mai-entretien-avec-aziz-abu-sarah/

Interview à Nivine Sandouka: https://www.pressenza.com/fr/2025/04/vers-le-sommet-des-peuples-pour-la-paix-a-jerusalem-les-8-et-9-mai-nous-devons-soutenir-la-societe-civile-declare-la-palestinienne-nivine-sandouka/

 

Traduction, Evelyn Tischer