Le texte proposé respecte le tempo de l’hymne national. Il est évidemment libre de droits tout en remerciant ceux qui le publient de conserver les noms de l’auteur et du contributeur involontaire : Henri Didon. »
« La Marseillaise » du monde sportif
(10 temps) Allons, enfants de la Fraternité,
(8 temps) Le jour de gloire est arrivé !
(9 temps) Avec nous pour la Liberté_é,
(8 temps) Avec nous pour l’Égalité,
(9 temps) Avec nous pour l’Éga_alité,
(9 temps) Entendez-vous dans la clameur_(e)
(8 temps) Monter les encouragements
(8 temps) Qui viennent jusque dans nos cœurs
(10 temps) Du doux pays dont nous sommes les enfants !
Paroles de Frédérique DAMAI
* « Citius, Altius, Fortius » (Plus vite, plus haut, plus fort) : Henri Didon.
Cette version n’est évidemment pas figée et des améliorations y seront les bienvenues.
Commentaires
Nous savons les résistances à toucher aux paroles de cet hymne et nous les comprenons. Notre démarche s’est articulée sur deux réflexions principales :
« La Marseillaise » : un tout
Pour la plupart d’entre nous qui avons appris « La Marseillaise » dans notre petite enfance — il y a quelques décennies déjà — la question du sens des paroles de cet hymne ne s’est jamais vraiment posée. Il s’agissait d’un tout, appris comme une ritournelle et dont la connotation nationaliste exacerbée ne devait apparaître qu’à ceux qui avaient eu, directement, à en assumer l’épreuve.
« La Marseillaise » était dans nos têtes, comme ces chansons en langue étrangère que l’on fredonne quelquefois sans se poser la moindre question sur la signification réelle de celles-ci.
« La Marseillaise » était l’hymne et au fond, peu importe ce qu’il racontait. Les personnes qui la chantaient ne se sentaient pas intimement engagées par son contenu clairement belliqueux, empreint de nationalisme et, parfois, à la limite de la xénophobie.
Au total, l’hymne national que nous apprenions et que nous entonnions n’était pas composé de deux constituants (la musique et les paroles), mais d’un seul : « La Marseillaise », notre hymne.
Les temps changent
Parce que la société est de plus en plus sensible à la connotation des symboles et ne se satisfait plus de les admettre sans condition, l’apprentissage de « La Marseillaise » aujourd’hui ne peut se faire sur la simple dénotation. L’adhésion béate qui nous faisait poser un voile pudique sur la signification discutable de ces paroles a vécu.
- Oui, on a le droit – sans contester les symboles – d’avoir un regard critique sur la tonalité de ce texte tout en adhérant à une forme de patriotisme généreux.
- Oui, on peut avoir envie d’hymne national – notamment lors de compétitions sportives internationales – et ne pas aimer le texte.
- Oui, on peut refuser de le chanter sans que ce soit nécessairement pour des mauvaises raisons. Il est caricatural de stigmatiser tous ceux qui ne l’entonnent pas et de les considérer comme des Français à temps partiel. Qu’on se rassure, nous n’avons pas la naïveté de croire que certains ne le soient pas, mais c’est à la marge.
La pratique du sport et la représentation de son pays dans les compétitions internationales imposent-elles que l’on doive entonner un champ martial pour convaincre de son appartenance ?
Le sport n’a sans doute pas autant de valeurs profondes qu’on veut bien lui en prêter, mais sa pratique presque universelle pourrait en faire le vecteur d’un discours de paix.
Un texte belliqueux et vengeur est-il le meilleur média pour valoriser un tel idéal ?
Le sens de ce couplet et de ce refrain serait-il si indiscutable depuis 1792 ? L’esprit d’un nationaliste exacerbé qu’il porte depuis plus de 220 ans peut-il être fier de tous ses fruits ?
Le patriotisme nécessite-t-il l’adhésion sans discernement à tous les symboles, sans droit à poser quelques questions, même de façon maladroite ?
Si le sport s’accordait à être à sa manière un ambassadeur de paix, est-ce avec un « étendard sanglant » qu’il serait le plus crédible pour le faire ?
Concrètement
Il suffirait que les instances sportives nationales accordent le droit à chaque sportif qui le souhaite de choisir ou non de chanter ces paroles de substitution. Quoi qu’il arrive, le public français sera à leur côté.
Donc, une seule chose à faire : relayer cette initiative si elle vous séduit : fédérations et instances sportives finiront sûrement par l’adopter un jour.
Frédérique DAMAI, auteur de « Nowar, 47 jours d’espoir », Éditions L’Harmattan