En avril 2023, la Malaisie a fait quelque chose d’extraordinaire. Elle a aboli la peine de mort obligatoire. Elle est ainsi passée d’une législation rigide en matière de condamnation à une approche plus discrétionnaire, permettant aux juges d’envisager d’autres peines en fonction des circonstances de chaque affaire. Dans le même temps, le Parlement a promulgué la loi 847, qui confère temporairement à la Cour fédérale – la plus haute juridiction du pays – la compétence d’entendre les demandes de réexamen des personnes condamnées à mort. Ces changements n’étaient pas seulement symboliques. Ils reconnaissaient une vérité profondément humaine : la justice doit tenir compte de la complexité des vies humaines.
Un an plus tard, l’impact a été significatif.
Avant ces réformes, la Malaisie comptait environ 1 300 personnes condamnées à mort. Selon des données récentes publiées lors de la 4e session du 15e Parlement (février-mars 2025), ce nombre a chuté à 140 seulement. Parmi eux, on ne compte que deux femmes, un individu dont l’identité sexuelle n’est pas claire d’après les données publiques, et 27 ressortissants étrangers.
Les chiffres sont éloquents. Cette forte baisse reflète le résultat des nouvelles condamnations en vertu de la loi 847 et la capacité des tribunaux à prendre en compte les circonstances atténuantes lors de la détermination de la peine.
L’un des résultats les plus marquants est la diminution du nombre de femmes dans le couloir de la mort. La Malaisie s’aligne désormais sur la moyenne mondiale, où les femmes ne représentent généralement que 1 à 5 % des personnes condamnées à mort. Il ne s’agit pas d’un simple ajustement statistique, mais d’une étape décisive vers la justice pour les femmes qui ont souvent été condamnées à mort pour des délits liés à la drogue commis sous la contrainte, la manipulation ou dans des conditions économiques désespérées. Leurs histoires avaient été enterrées par des lois sur les peines obligatoires qui ne laissaient aucune place à la nuance ou à l’empathie.
La décision de la Malaisie reflète un changement de politique notable qui pourrait influencer des discussions similaires dans la région. Dans un contexte mondial où les progrès en matière de réforme de la peine de mort varient, cette décision montre comment des changements bien pensés peuvent contribuer à rendre les systèmes judiciaires nationaux plus conformes aux droits humains.
Bien entendu, le travail n’est pas terminé. La Malaisie reste un pays rétentionniste, ce qui signifie que la peine de mort est toujours légalement en vigueur, même si son application est désormais plus limitée. À l’avenir, les efforts devraient se concentrer sur l’abolition complète de la peine capitale, en commençant par les infractions liées au trafic de stupéfiants, qui représentent historiquement une grande partie des condamnations à mort. Si la peine de mort pour les délits liés à la drogue reste une option de condamnation, il existe un risque de surreprésentation de certaines communautés vulnérables, notamment les femmes et les ressortissant·e·s étranger·e·s, à l’avenir. Donner la priorité à la réforme dans ce domaine permet non seulement de résoudre les problèmes de proportionnalité et d’équité, mais aussi d’ouvrir la voie à un système de justice pénale plus humain et plus efficace. Des améliorations plus larges – telles que la garantie de procès équitables, l’accès à une représentation juridique et des politiques axées sur la réinsertion – sont essentielles pour construire un système judiciaire qui serve véritablement la sécurité publique et les droits humains.