Emmanuel Macron, Friedrich Merz et Donald Tusk se sont donc récemment rendus à Kiev pour réaffirmer leur solidarité avec l’Ukraine et afficher une volonté de promouvoir la paix. Une démarche qui, en soi, n’est pas illégitime.
Mais alors, pourquoi avoir simultanément menacé la Russie de « sanctions dévastatrices » (sic) si Vladimir Poutine ne se rendait pas à Istanbul pour négocier la paix ? Une posture contradictoire, peu crédible, d’autant plus que cette initiative intergouvernementale — peu respectueuse de la méthode communautaire — n’était portée que par trois des vingt-sept États membres de l’Union européenne.
Comble de « maladresse », les trois dirigeants avaient convié Keir Starmer, alors même que le Royaume-Uni — sous l’égide de Boris Johnson — avait torpillé en 2022 le projet d’accord de paix « Istanbul 1 ». Ce projet, s’il avait abouti, aurait pu épargner des dizaines voire des centaines de milliers de vies humaines, de part et d’autre de la ligne de front.
Ne frise-t-on pas ici, comme l’a souligné Vladimir Fédorovski, ancien diplomate proche de Gorbatchev, une forme d’amateurisme politico-diplomatique ?
Comment ces dirigeants ont-ils pu ignorer que leur démarche risquait d’affaiblir encore davantage une diplomatie européenne déjà perçue comme morcelée et inefficace ? Comment croire un seul instant que de telles injonctions suffiraient à faire venir Vladimir Poutine à Istanbul ? C’était même l’inciter à ne pas faire le déplacement. Mais alors, pourquoi ?
Cette diplomatie d’apparat, qualifiée en coulisses de « gesticulatoire » par de nombreux diplomates — à la différence de tous ces anciens ambassadeurs et militaires opportunément sélectionnés et omniprésents sur les plateaux télé comme le furent tous ces médecins experts à l’époque de la Covid — semble relever d’un réflexe adolescent : exister politiquement, affirmer son leadership, voire se projeter en futur chef de file européen… quitte à compromettre les chances réelles de négociation.
Le contraste est d’autant plus frappant lorsque l’on observe l’inaction de ces mêmes dirigeants face à d’autres tragédies en cours. À Gaza, où un génocide est en cours selon la Fédération Internationale des Droits de l’Homme, aucune sanction sérieuse n’a été envisagée contre le gouvernement Netanyahou.
Même silence assourdissant au sujet du génocide qui se poursuit au Kivu, en République Démocratique du Congo, sans la moindre indignation médiatique occidentale ni mesures coercitives notables.
N’est-il pas aujourd’hui plus que jamais urgent d’en revenir à la Diplomatie, mais à une diplomatie authentique, fondée sur l’écoute, la raison et le respect mutuel, et non celle des gesticulations médiatiques, comme le souligne une fois de plus et avec justesse Dominique de Villepin ?
Pierrick Hamon
Délégué Général du Think Tank I-Dialogos
Ex « En Marche » Montreuil / France
Le 17