Du 28 avril au 9 mai, les 191 États membres du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) se réunissent au siège des Nations unies à New York. Cette session de préparation à la Conférence d’examen de 2026 s’annonce décisive. Car, les puissances nucléaires, qu’elles soient démocratiques ou autoritaires, semblent déterminées à saper les fondations mêmes du régime de non-prolifération en bafouant son esprit, voire sa lettre.

La France, État partie au TNP depuis 1992, est juridiquement tenue d’agir, selon son article 6, de « bonne foi » pour le désarmement nucléaire. Depuis 1995 les différents gouvernements successifs ont également adopté des décisions (en 2000 et en 2010) pour renforcer ce régime de non-prolifération et pour réaliser le désarmement nucléaire.

Pourtant, le président Macron a annoncé (le 18 mars) le doublement des Forces aériennes stratégiques, soit une augmentation de l’arsenal nucléaire. La publication en mai de la nouvelle Revue Stratégique devrait accompagner ce mouvement avec l’annonce d’une hausse supplémentaire du budget « dissuasion », pourtant déjà en augmentation de près de 45 %, par rapport à la précédente loi de programmation militaire (2019-2025). Ces annonces sont réalisées par un pouvoir exécutif qui, une nouvelle fois, passe par-dessus le Parlement, en imposant des décisions, sans le moindre débat démocratique au sein des assemblées et dans la précipitation.

Dans cette course ouverte aux arsenaux, qui serait toujours la faute des autres, la parole présidentielle pour ouvrir le partage de la protection nucléaire de la France à certain États européens (Pologne, Allemagne, Norvège) renforce le danger de la prolifération verticale et la fin du TNP.

Ces décisions sont en contradiction flagrante avec les engagements pris dans le cadre du TNP, traité qui a permis d’éviter jusqu’ici la multiplication des puissances nucléaires. La poursuite de cette politique ne peut qu’accélérer la course aux armements et signifie l’acceptation de confronter les populations au risque d’une guerre nucléaire.

Si la France veut « sauver le TNP », ICAN France recommande au ministère des Affaires étrangères de

  • réitérer l’engagement sans équivoque pris (en 2000 et 2010) par les États dotés d’armes nucléaires de procéder à l’élimination totale de leurs arsenaux nucléaires en vue du désarmement nucléaire auquel tous les États parties se sont engagés en vertu de l’article VI ;
  • condamner les avancements qualitatifs et quantitatifs des arsenaux nucléaires des États dotés d’armes nucléaires comme des violations de l’article VI ;
  • refuser le « partage nucléaire » ou le déploiement d’armes nucléaires sur un territoire étranger, et en appelant tous les États à mettre fin à de tels arrangements.

Note d’information : Comité préparatoire du TNP, 2025

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