La semaine dernière j’ai eu une discussion sur l’actualité mondiale avec quelques amis et plusieurs jeunes qui viennent de compléter leurs études secondaires. Lors de notre échange j’ai découvert plusieurs choses concernant la perception des jeunes sur les événements actuels dans le monde et surtout sur leurs expériences personnelles.

Ils m’ont expliqué qu’ils avaient la nette impression qu’après la pandémie de la COVID19 plusieurs choses avaient changées dans le monde.

Avant la pandémie, m’ont-ils dit “il y avait Greta Thunberg, il y avait plus de liberté, moins de conflits et avec quelques dollars tu pouvais facilement faire une sortie intéressante. Après la pandémie, il y a plus de contrôle social, plus de contrôle sur les réseaux sociaux; les guerres éclatent un peu partout, l’Ukraine, Gaza, le Soudan ; les catastrophes climatiques n’en finissent plus de finir, et tous les trucs sont de plus en plus chers. Durant la pandémie, c’est comme si le monde s’était brisé.”  

De plus ils m’ont expliqué avoir expérimenté un dégoût et ressenti une forme de détresse psychologique à la perception répétée des images de la guerre à Gaza et surtout devant la désolation et la crise que vivent les jeunes et les enfants palestiniens. 

Puis, nous avons discuté du futur et de la possibilité que des changements positifs surviennent dans le monde. Mais j’ai vite compris que la grande majorité d’entre eux préféraient vivre dans le moment présent en évitant de se projeter dans le futur puisqu’ils y perçoivent de nombreuses incertitudes. En fait, plusieurs m’ont expliqué qu’ils et qu’elles vivent de l’angoisse face à l’incertitude des événements futurs.

J’ai été agréablement surprise par la belle capacité d’empathie des jeunes et par leur capacité de se mettre à la place des jeunes Palestiniens.

Mais, le plus déconcertant a été de constater que plusieurs de ces jeunes expérimentent des difficultés à imaginer un monde meilleur dans le futur. Par ailleurs, ce manque d’images et d’inspirations face au futur touche l’ensemble des générations. 

Suite à cette discussion j’ai réfléchi aux conséquences de la crise globale actuelle sur l’imaginaire collective et sur le psychisme des nouvelles générations. 

En fait, plusieurs études au Canada et aux Etats-Unies démontrent que les jeunes vivent de plus en plus de craintes face au futur. Plusieurs vivent des moments difficiles et de l’éco-anxiété.

En fait, un des symptômes les plus alarmants consiste à l’expérience déchirante d’un futur de plus en plus fermé à cause des guerres, des changements climatiques et de la polarisation et fragmentation que vivent plusieurs individus des nouvelles générations.

Mais, selon moi le thème le plus urgent est précisément celui du futur et il ne faut surtout pas céder aux pressions du système qui nous renvoie constamment des images d’un futur truffé de catastrophes et de désastres. 

Évidemment, la possibilité qu’il y ait de plus en plus de catastrophes est bien réelle, mais l’alimentation constante des tendances destructrices illustrées dans les grands médias et dans les productions vidéo ne permettent pas aux nouvelles générations de développer des projections futures axées sur des changements sociaux positifs. 

Pourtant il existe des alternatives, il existe d’autres façons de faire les choses afin d’éviter davantage de catastrophes. L’agence de Presse Pressenza permet de présenter ces alternatives. 

Mais en plus d’avancer des propositions et des alternatives il nous faut comprendre le contexte dans lequel nous vivons.

Premièrement je crois que nous devons dénoncer le système dans le lequel nous vivons qui nie l’existence de l’intentionnalité de la conscience* de l’être humain.  C’est une position anti-historique qui nie la possibilité de l’être humain de se projeter dans le futur afin d’imaginer et construire un monde meilleur et ce même dans l’un des pires moments de l’histoire de l’humanité.

Deuxièmement les visions catastrophiques font l’affaire d’une minorité au pouvoir qui impose leurs futures conditions à l’ensemble de l’humanité. Cette minorité souhaite conserver le contrôle sur les événements, et ce même s’il faut sacrifier plusieurs centaines de milliers de vies humaines.

Par ailleurs, dans ce monde sous l’influence constante des forces de fragmentations et de polarisations, il est pratiquement impossible de conserver un certain contrôle et ce même pour cette minorité dominante. En fait, plus cette minorité cherche à contrôler les événements et plus le monde se brise et se fracture, comme l’a très bien saisi les jeunes avec qui j’ai discuté. 

Troisièmement, je crois que nous sommes devant l’incapacité de plusieurs gouvernements, des institutions et des leaders politique et économique a proposer une nouvelle vision du monde capable de contribuer à l’amélioration de la vie ; capable de faire face à la discrimination, au fanatisme, au fondamentalisme radical, à l’exploitation et au changement climatique. Au niveau personnel nous constatons une nouvelle sensibilité qui est caractérisée par l’empathie envers ceux et celles qui souffrent.

Malgré toutes les difficultés qui pouvons-nous faire?

Je crois que nous devons avancer avec des propositions basées sur la liberté de choix et surtout sur la liberté à choisir notre propre futur. Je crois que c’est l’acte de rébellion par excellence face à ce système anti-humain et anti-histoire. 

« L’être humain est un être historique et a la liberté de choisir son futur »

Choisir un projet de vie, choisir ses conditions de vie est la caractéristique essentielle de l’être humain, c’est ce qui définit l’être humain. L’être humain est un être historique parce qu’il a la liberté de choix. Si nous renonçons à ce choix, nous arrêtons l’histoire ou si nous reportons cette responsabilité à plus tard, d’autres se chargeront de choisir pour nous nos conditions de vie. 

Par ailleurs, la liberté de choisir les conditions futures dans lesquelles nous voulons vivre devient une réalité dans le moment présent. Que nous luttions ou non pour ce futur, cette liberté de choix demeure et c’est précisément cette liberté qui nous permet de refuser que d’autres décident à notre place.

(…) Toute l’histoire de l’humanité a été marquée par le dépassement de l’oppression en faveur de la liberté de choix. La révolution humaniste devra donc garantir à l’être humain cette liberté et donner une large place à la multiplicité de l’existence humaine. (Une condition préalable à la survie, Mikhaïl Gorbatchev, Moscou 30 octobre 1994, tirée du livre “Interprétations de l’humanisme de Salvatore Puledda, éditions références) 

La prochaine fois que je vais voir les jeunes je vais leurs faire part de mes réflexions et de l’importance de ne pas renoncer à leur liberté de choisir leurs conditions de vie futures et ce même si nous sommes devant un moment très difficile. 

De plus, je vais m’engager à promouvoir la liberté de choisir son propre futur auprès des nouvelles générations et construire le monde d’après la pandémie et la dissolution de l’ancienne mentalité.

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* Définition: intentionnalité de la conscience, mécanisme fondamental de la conscience, au moyen duquel elle maintient sa structuralité, en liant les actes aux objets. Cette intentionnalité, toujours lancée vers le futur, est enregistrée comme une tension de recherche, même lorsqu’elle travaille en revenant sur les événements passés. Source: Autoliberation Luis Amman