[N.d.E. : Villa Grimaldi, située à Santiago du Chili, était un des centres les plus importants de détention et de torture durant la dictature militaire d’Augusto Pinochet. 4500 détenu.e.s y transitèrent entre 1973 et 1978.
Le Parc pour la Paix – Villa Grimaldi, inauguré en 1997, rend hommage à ces 4500 personnes. C’est un Centre de mémoire.]

Nous publions le discours de l’humaniste Dario Ergas à l’occasion de l’installation d’une plaque en hommage à la députée Laura Rodríguez dans le Parc pour la Paix – Villa Grimaldi, qu’elle a contribué à fonder dans les années qui ont immédiatement suivi le rétablissement de la démocratie au Chili.

Cette reconnaissance a eu lieu à l’occasion de la Journée internationale des droits humains.

« Chèr.e.s amies, amis, camarades, chère famille.

Venir à Villa Grimaldi, au Parc pour la Paix – Villa Grimaldi, n’est pas facile.

Il faut une intention, vouloir se plonger dans le souvenir de la douleur, de ce qui n’aurait jamais dû arriver, mais nous nous forçons, pour garder ce que nous ne devons pas répéter.

Lire les noms, un par un, la longue liste des noms des personnes torturées, assassinées, disparues, est une immersion douloureuse dans quelque chose en suspens, quelque chose que nous n’avons pas résolu en tant qu’êtres humains et en tant qu’humanité. Ces noms nous montrent ce qui n’a pas de nom, les actions d’êtres humains que nous infligeons à l’être humain, à l’humanité.

Ce parc de la Paix existe pour nous rappeler jusqu’où la contradiction, la haine et la vengeance peuvent nous amener.

Que signifie le mot Paix pour Laura Rodriguez ?

« Paix n’est pas synonyme d’immobilisme, d’amnésie ou de revanche.

Paix est synonyme de changement permanent, Paix est synonyme de transformation vers des conditions plus justes. Paix est synonyme de vérité, de vision de l’avenir.

Paix est liberté de parcourir le passé en se réconciliant.

Paix est avoir le courage de reconnaître les actions durant lesquelles les droits humains ont été violés et de reconnaître les victimes ».

Ces paroles ont été prononcées par Laura Rodriguez en faveur de la création de la ‘Commission Rettig pour la Vérité et la Réconciliation’.

Laura Rodríguez a essayé de représenter une vision de l’être humain et de la société. Elle a essayé de traduire cette vision dans son action législative et dans ses relations avec les gens. Chacun de ses projets de loi, – qu’il s’agisse de la loi sur le divorce, de l’a non exclusion des enfants illégitimes, des droits des travailleurs domestiques, des lois sur la responsabilité politique, de la santé et des droits génésiques, des droits des peuples indigènes, des handicapés ou des personnes vivant avec le VIH -, exprime de différentes manières le fait que l’être humain n’est pas une chose, ni quelque chose ou utile ou jetable ; en chaque être humain vit quelque chose de très grand, qui réclame la dignité et la liberté. Discriminer, terroriser, manipuler, exploiter, torturer ou tuer un être humain est une atteinte à l’histoire, à l’avenir, au sacré.

La mission de Lala [nom de Laura pour ses amis] pour le Mouvement Humaniste et pour le Parti Humaniste était de faire prendre conscience de la valeur sacrée de chaque être humain, de la non-violence comme unique voie de transformation et de l’effort de réconciliation personnelle et sociale pour affronter l’avenir.

Il y a 32 ans elle est venue ici avec les organisations de défense des droits humains, celles qui ont allumé une lueur d’espoir depuis le coup d’État militaire, celles qui ne se sont pas lassées de la dictature, qui ne se sont pas lassées de la démocratie et qui, espérons-le, ne se lasseront jamais, pour prendre possession de cet endroit, pour l’ouvrir, peut-être pour briser le cadenas de la porte et laisser entrer la lumière, la lumière du peuple, la lumière de la mémoire dans ce lieu de ténèbres.

La vie continue, nous sommes encore loin d’une société des droits humains. Ce n’est pas seulement notre bataille, c’est un changement pour résister à la violence en chacun de nous, en même temps que nous essayons de changer les conditions sociales violentes. Mais c’est aussi un engagement, celui de mener cette lutte dans le respect des droits humains des autres, même s’ils les enfreignent. Jusqu’à ce que nous parvenions à une nation universelle véritablement humaine. Merci beaucoup. »

Vidéo du discours

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Traduit de l’espagnol par Evelyn Tischer