Ce 28 septembre à Papeetē, l’assemblée de la Polynésie française a adopté une résolution « relative au soutien au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) ». Cette action politique vient reconnaître cette nouvelle norme de droit international actuellement refusée par l’État français, et envoie un message très fort de la part d’un territoire victime de 193 essais nucléaires à Paris.

La resolution adoptée à l’unanimité, portée par la représentante Hinamoeura Morgant-Cross (du Tavini Huiraatira), souligne que le TIAN est un Traité de désarmement humanitaire, et que de fait la population de Polynésie française est particulièrement concernée par cette norme. En effet, ses articles 6 et 7 sont consacrés aux obligations d’aider les personnes victimes des armes nucléaires et à la réhabilitation, dans la mesure du possible, des zones contaminées par les essais nucléaires. Si aujourd’hui la Polynésie ne peut prétendre à cette assistance, la France refusant ce traité, c’est bien un message fort en faveur du TIAN qui a été envoyé à Paris.

Cette résolution également s’appuie sur une démarche positive, puisqu’il est demandé au Président Macron de bien vouloir « dans un premier temps, de favoriser la participation de la France aux prochaines réunions des États Parties au TIAN en tant qu’État observateur » ; la prochaine réunion se tenant du 27 novembre au 1er décembre 2023 au siège des Nations unies, New York. Et « dans un second temps », il est demandé d’ « œuvrer en faveur d’une adhésion de la France à cette nouvelle norme internationale ».

Pour Jean-Marie Collin, directeur de ICAN France « l’adoption de cette résolution est très symbolique et un message fort de la part d’un territoire qui a connu l’horreur nucléaire. Après l’appel de 76 villes françaises, de la région Bourgogne Franche-Comté et de la Métropole du Grand Lyon, ce nouvel acte politique ne doit pas être ignoré par le Président et son gouvernement. La France doit, si elle est un État responsable, participer comme État Observateur à la prochaine réunion du TIAN ».

Pour Patrice Bouveret, directeur de l’Observatoire des armements « alors que notre Observatoire travaille depuis 40 ans sur les conséquences des essais nucléaires en Algérie et en Polynésie ; il faut souhaiter que le vote de cette résolution engendre de la part de la France une prise de conscience qu’il doit apporter beaucoup plus de moyens humains et financiers pour aider les populations victimes de ces essais et ceci en pleine coordination avec les associations locales ».

Pour la représentante Hinamoeura Morgant-Cross (du Tavini Huiraatira) «  je voudrais dire que la reconnaissance du fait nucléaire est le combat de ma vie et c’est très fort pour moi que mon premier texte en tant que représentante de l’assemblée de la Polynésie française soit relatif au soutien au TIAN et c’est justement, lors de la 1ère réunion du TIAN que j’ai décidé de me lancer en politique ».

À ce jour, 76 villes et communes françaises (Tours est la dernière ville à avoir réalisé cette démarche le 26 septembre) ont signé « L’Appel des villes et Collectivités » tout comme Paris, Bordeaux, Lyon ou encore Montpellier. Il faut ajouter qu’une première Métropole – Le Grand Lyon – a aussi décidé de s’engager à soutenir le TIAN en adoptant ce 26 septembre une délibération « Appel des Villes et Collectivités territoriales pour soutenir le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires ». Enfin, une première région – la Bourgogne Franche-Comté – avait adopté le 27 janvier 2022, à la majorité, un vœu relatif à la paix qui mentionne que « la France doit se joindre au mouvement mondial pour l’élimination progressive et multilatérale des armes nucléaires en signant et en ratifiant le TIAN ».

Le TIAN est entré en vigueur le 22 janvier 2021, il a été signé par 93 États et compte 69 États parties.

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