Mise à jour 20 mai 2023 : les dirigeants du G7 viennent de publier le communiqué final de leur sommet à Hiroshima. Ce communiqué affirme qu’ils ont « pris des mesures concrètes pour renforcer les efforts de désarmement et de non-prolifération, en vue du but ultime d’un monde sans armes nucléaires et d’une sécurité garantie pour tous », mais ne dit pas quelles sont ces mesures. Parce qu’ils ne peuvent pas le dire.

Ce que nous avons obtenu de la discussion des dirigeants sur les armes nucléaires hier, c’est un ressassement d’idées et de propositions qui n’ont pas permis de réaliser des progrès au cours des trois dernières décennies. Ils n’ont rien annoncé de nouveau ou de concret. Ils n’ont même pas pu se résoudre à suivre les États membres du G20 et du TIAN en condamnant toutes les menaces nucléaires. Au lieu de cela, ils ont réservé leur condamnation aux menaces de la Russie et de la Corée du Nord, ce qui, bien que justifié, ne tient pas compte du fait que les propres doctrines nucléaires du G7 sont elles aussi basées sur la menace d’utiliser des armes nucléaires et contribuent ainsi au danger aigu que ces armes représentent pour tout le monde.

La déclaration détaillée du G7 intitulée « Vision d’Hiroshima des dirigeants du G7 sur le désarmement nucléaire », publiée le 19 mai, est loin de fournir des résultats significatifs en matière de désarmement nucléaire. Après des mois de préparation et de fortes expectatives, les dirigeants ont manqué l’occasion de rendre le monde plus sûr face aux armes nucléaires.

Au lieu de faire face aux menaces nucléaires avec un plan concret et crédible pour le désarmement nucléaire – comme le traité sur l’interdiction des armes nucléaires – ils se contentent à peine d’évoquer les horreurs d’Hiroshima, la première ville attaquée par des armes nucléaires.

La déclaration rappelle la dévastation sans précédent et les souffrances extrêmes et inhumaines vécues par les habitants d’Hiroshima et de Nagasaki, où les bombes atomiques ont été larguées, et réaffirme la détermination des dirigeants du G7 à réaliser un « monde sans armes nucléaires ». Pourtant, il ne s’engage pas à prendre des mesures concrètes pour atteindre cet objectif et souligne même l’importance de se réserver le droit d’utiliser des armes nucléaires. Le G7 tente de faire passer pour une nouvelle « vision » des initiatives insuffisantes et vieilles de plusieurs décennies, alors qu’il est lui-même complice de l’augmentation des risques nucléaires et qu’il promeut le meurtre de masse de civils comme une forme légitime de politique de sécurité nationale.

Daniel Hogsta, directeur exécutif de l’ICAN, a réagi à cette déclaration : « C’est plus qu’une occasion manquée. Alors que le monde est confronté au risque aigu que des armes nucléaires soient utilisées pour la première fois depuis le bombardement d’Hiroshima et de Nagasaki, il s’agit d’un échec flagrant du leadership mondial. Il ne suffit pas de pointer du doigt la Russie et la Chine. Il faut que les pays du G7, qui possèdent, hébergent ou approuvent tous l’utilisation d’armes nucléaires, fassent un pas en avant et engagent les autres puissances nucléaires dans des pourparlers sur le désarmement si nous voulons atteindre leur objectif déclaré d’un monde sans armes nucléaires »

Face aux menaces nucléaires inacceptables de la Russie, les dirigeants du G7 n’ont pas proposé de réponse progressiste et crédible, revenant en fait sur les propos antérieurs du G20 qui condamnaient clairement toutes les menaces nucléaires, avec des équivoques destinées à donner une certaine garantie aux États du groupe dotés de l’arme nucléaire : « Dans ce contexte, nous réitérons notre position selon laquelle les menaces d’utilisation d’armes nucléaires par la Russie, et a fortiori toute utilisation d’armes nucléaires par la Russie, dans le contexte de son agression contre l’Ukraine, sont inadmissibles ». C’est un pas en arrière par rapport à la reconnaissance que toutes les menaces nucléaires sont inadmissibles, quelle que soit leur origine.

La déclaration fait également référence à l’importance de la transparence. Là encore, certains États du G7 doivent se pencher sur l’exemple qu’ils donnent – le Royaume-Uni, par exemple, a décidé en 2021 d’être moins transparent au sujet de son arsenal.

Refus d’entendre l’appel des survivants

La déclaration ne reconnaît pas véritablement les conséquences humanitaires des armes nucléaires et, surtout, elle ne répond pas aux demandes des hibakusha pour une action réelle en vue de l’élimination des armes nucléaires. Au lieu de répondre à l’urgence et à la gravité de ce moment, l’inaction du G7 est une insulte aux hibakusha et à la mémoire de ceux qui sont morts à Hiroshima.

Plus tôt dans la journée, les dirigeants du G7 ont passé moins de 30 minutes dans le musée du Mémorial de la paix avant de déposer une gerbe au cénotaphe. Ils ont également rencontré brièvement des survivants de la bombe atomique, mais cette déclaration montre qu’ils n’ont pas réellement écouté les demandes des Hibakusha. Ils ont l’intention d’ignorer les risques et les conséquences humanitaires des armes nucléaires et de continuer à être complices des risques qu’elles représentent.

Satoshi Tanaka, survivant de la bombe atomique et secrétaire général de la conférence des organisations d’Hibakusha d’Hiroshima, a déclaré : « Ceci n’est pas le vrai désarmement nucléaire que les Hibakusha appellent de leurs vœux. Il s’agit d’une fuite de leur responsabilité. Le premier ministre Kishida a déclaré que le traité sur l’interdiction des armes nucléaires était la dernière étape pour un monde libéré des armes nucléaires. Non, ce n’est pas la dernière étape. C’est le point d’entrée. Le Premier ministre Kishida et les autres dirigeants du G7 devraient accepter le traité sur l’interdiction des armes nucléaires et entamer le véritable processus d’élimination des armes nucléaires. »


Satoshi Tanaka s’adresse aux journalistes lors d’une conférence de presse conjointe avec les survivants de la bombe atomique, l’ICAN et le réseau japonais d’ONG.

Les armes nucléaires sont illégales au regard du droit international.

La prochaine occasion pour le G7 de montrer qu’il prend au sérieux la menace nucléaire est de participer à la prochaine réunion des États parties au traité sur l’interdiction des armes nucléaires. C’est là que les États responsables se réunissent pour mettre en œuvre un plan de désarmement mondial.

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