Le 1er février, lors de la projection-débat du film La Fabrique des Pandémies  à Bergerac (qui a réuni plus de 300 personnes tout de même !), nous avons eu le plaisir d’annoncer officiellement notre soutien à l’entreprise « Créateur de forêt » :  une « société à mission » destinée à accompagner des projets permettant de promouvoir la biodiversité. C’est en lisant le livre La fabrique des pandémies,  que Baptiste Trény, co-fondateur de l’entreprise avec Élise Girard, a eu envie de changer de travail en lançant une initiative concrète.

Voilà pourquoi nous avons choisi de soutenir un projet de création d’un îlot de biodiversité sur 6 hectares dans la commune de Jaure en Dordogne : https://www.createurdeforet.fr/creations/jaure/

La commune disposait de ce terrain, où la forêt a complètement été rasée, et le nouveau maire, Philippe de Séverac, ne voulait pas qu’on y plante une monoculture de pins ou autre essence destinée à l’exploitation. Il a donc décidé de collaborer avec « Créateur de forêt », qui invite les citoyen.nes à co-financer l’aménagement en « achetant » des mètres carrés, au prix de 6 Euros l’unité. La conception du projet et la sélection des espèces ont été effectuées par l’ancien technicien des Eaux et Forêts et co-président de l’Association SOS Forêt Dordogne, Jean-Claude Nouard (à droite sur la photo). Marie-Monique Robin est la marraine de ce magnifique projet ! M2R Films a financé l’équivalent de 800 mètres carrés !

Projection de La Fabrique des Pandémies à Bergerac, 1er février 2023

Une compensation carbone : non !

Vous avez bien lu, nous avons financé des mètres carrés de biodiversité et non des tonnes de carbone séquestrées. La nuance est importante, car séquestrer du carbone, ça ne veut pas dire préserver la biodiversité (planter une forêt d’une seule essence en monoculture, c’est mauvais pour la santé, pour les écosystèmes ou encore pour les animaux alors que ça peut permettre de séquestrer beaucoup, beaucoup de carbone). C’est bien le problème de nombreux projets de compensation carbone. En effet, en plus de servir d’outil de déculpabilisation et de greenwhashing aux grandes multinationales contraintes par les États à réduire leurs émissions, les projets de compensation carbone et les achats de crédits carbones ont parfois des effets néfastes sur la biodiversité et le respect des droits humains des territoires sur lesquels ils s’inscrivent (via la privatisation de communs pour la plantation d’arbres ou encore la mise en place de polices environnementales pour la conservation (1).

On peut s’intéresser comme les Amis de la terre (2) à l’exemple des projets REDD+, qui sont des projets de conservation (on ne plante pas d’arbres, mais on s’assure qu’ils ne seront pas détruits). Il y a notamment le PHCF (projet holistique de conservation des forêts) à Madagascar, avec entre autres, les acteurs WWF/AirFrance/goodplanet),pour lequel l’association note à l’époque (le rapport date de 2013 maintenant) de sérieux désavantages pour les habitants précarisés vivant sur les terres.

Vers un cinéma plus vertueux ?

En juin 2022, le CNC (centre national du cinéma et de l’image animée) a annoncé la mise en place d’un plan climat « Action ! Pour une politique publique de transition écologique et énergétique dans les secteurs du cinéma, de l’audio-visuel et de l’image animée ». Progressivement, le CNC conditionnera ses aides au respect d’obligations environnementales.

A priori c’est une bonne chose, à voir seulement dans quelle mesure ces nouvelles contraintes ne seront pas un outil de plus vers la discrimination des petites sociétés de production. Celles-ci sont généralement moins polluantes que les grandes mais sont pourtant bien moins équipées juridiquement et en termes de ressources humaines pour montrer patte blanche.

Le CNC construit actuellement un outil permettant d’évaluer l’impact en termes d’émission carbone des entreprises. Comme le diable est dans les détails, il faudra prendre du recul sur les choix qui seront pris dans l’évaluation des activités de chaque société. On note par ailleurs que pour le moment, certains des outils d’évaluation conseillés renvoient directement vers de très gros projets de compensation carbone (le site seco2 renvoie par exemple au projet Pur Project/REDD+). La question se pose  alors de la place que donnera le CNC dans ses nouvelles orientations aux mécanismes de compensation carbone et à qui ces nouvelles orientations profiteront.

 

Notes

(1) https://reporterre.net/Les-peuples-indigenes-denoncent-l-arnaque-des-marches-carbone

(2)https://issuu.com/amisdelaterre/docs/mada?utm_medium=referral utm_source=www.amisdelaterre.org

 

Relayé avec l’aimable autorisation de M2R Films

L’article original est accessible ici