Depuis le Réseau de Nouvelles de Santé Humaniste REHUNO Health (Red Humanista de Noticias de Salud REHUNO Salud), nous lançons un lieu d’échange où l’on trouve un nouveau regard sur la vie quotidienne basé sur une psychologie expérientielle et existentielle (la Psychologie du Nouvel Humanisme), et qui donne des propositions concrètes de travail personnel pour atteindre un plein sens de notre existence et une vie libre de toute souffrance inutile. Il ne s’agit donc pas d’une psychologie thérapeutique ni d’une psychologie qui s’occupe d’une quelconque pathologie, mais d’une psychologie qui s’adresse à toute personne qui veut se comprendre et avoir les outils, si elle le souhaite, pour amorcer un changement positif dans sa vie. Le bien-être psychologique est sans aucun doute l’un des fondements de la santé intégrale, c’est pourquoi il s’agit d’un aspect qui doit être abordé.

Nous t’invitons à mettre ces propositions en pratique et aussi à nous contacter pour nous faire part de ton expérience. Écris-nous !

Par Jordi Jiménez

Nous connaissons tous le mécanisme de la mémoire et savons plus ou moins comment il fonctionne du point de vue de notre expérience (nous ne faisons pas référence au fonctionnement neuronal, qui est beaucoup plus complexe). Nous pouvons dire que la mémoire est la fonction qui régule le temps subjectif et stocke les registres et les sensations externes et internes. Il existe une mémoire ancienne, qui est la base sur laquelle se sont formés les premiers enregistrements ; une mémoire intermédiaire, où sont encore enregistrés les phénomènes quotidiens à court et moyen terme ; et une mémoire immédiate qui ordonne et classe les données du moment présent. Il est également possible de reconnaître qu’il existe une mémoire motrice ou de mouvement, une mémoire affective, une mémoire visuelle et spatiale, une mémoire conceptuelle, etc. L’enregistrement des données dans la mémoire a lieu principalement pendant que nous sommes éveillés, tandis que le tri de ces données a lieu principalement pendant le sommeil (nous aborderons plus tard les niveaux de conscience).

Une autre caractéristique importante est que la mémoire enregistre les données de manière relationnelle et globale, elle n’enregistre pas de données individuelles ou sans lien entre elles. C’est-à-dire qu’au moment où j’écris ce texte, ma mémoire stocke des données visuelles, mais aussi des données auditives, tactiles, olfactives et toutes les sensations que je peux avoir en ce moment (je viens de boire un café chaud, par exemple, et il est stocké en même temps que le reste). L’ensemble de l’expérience est enregistré avec tous ses attributs interdépendants, ce qui est d’une importance capitale. Par exemple, si je prends toujours un café lorsque je m’assieds pour écrire, les deux stimuli seront fortement associés en mémoire par la répétition. Donc si un jour je m’assois pour écrire sans café, je ressentirai immédiatement l’envie d’en boire, il me manquera parce que dans la mémoire il est associé à l’écriture, il a été enregistré au même moment. Ce type d’associations fortes est bien connu des personnes « accros » au café ou à la cigarette après un repas, et cela se produit précisément parce que la mémoire enregistre les données de manière globale, liées les unes aux autres et non séparément.

Mais une autre des grandes fonctions de la mémoire, outre l’enregistrement et le stockage des données, est de fournir ces données (stockées quelque part dans le système nerveux) lorsqu’elles sont nécessaires, et c’est là que cela devient intéressant. Parce que… quel serait l’intérêt de tout cet enregistrement et de ce stockage s’ils ne servaient pas à quelque chose ? Notre système psychique utilise constamment les données stockées en mémoire pour faire d’innombrables choses. Nous n’utilisons pas la mémoire uniquement lorsque nous essayons intentionnellement de nous souvenir de quelque chose, mais tout ce qui y est stocké est utilisé en permanence. Par exemple, je suis en train d’écrire ces lignes et je remarque que j’ai soif. Je me lève et vais à la cuisine pour prendre un verre d’eau. Je n’ai pratiquement pas besoin de prêter attention à ces mouvements. Ma mémoire me « guide » vers la cuisine, trouve un verre, trouve un robinet, sait comment ouvrir le robinet, remplir le verre, se souvient de fermer le robinet, et ensuite saisit le verre et l’équilibre bien pour que je ne renverse pas l’eau quand je marche et me ramène au bureau où j’étais devant l’ordinateur portable pour que je puisse continuer à écrire, parce qu’elle se souvient de ce que je faisais avant l’interruption. « Ma mémoire » pose le verre sur la table avec précaution pour ne pas tout mouiller et continue sa tâche. Pendant que le corps faisait cela tout seul (guidé par la mémoire), je pensais au fil de l’article, à la façon de le terminer, à un exemple, etc. Mon attention était sur l’écriture. Je ne devais accorder presque aucune attention au sujet du verre d’eau.

Cet exemple simple et quotidien montre l’énorme quantité de choses que nous faisons automatiquement grâce à l’énorme quantité de données stockées dans notre mémoire. Si nous pouvions effacer toute notre mémoire (une sorte de formatage total du disque dur), nous ne pourrions même pas nous lever, nous ne saurions même pas marcher, nous ne pourrions rien faire, nous devrions tout réapprendre depuis le plus essentiel. Par conséquent, tout ce qui est stocké en mémoire depuis les premiers jours de notre vie est là, prêt pour le moment où nous devons accéder à cette information et l’utiliser lors de n’importe quelle action de notre vie.

Mais ce merveilleux mécanisme qui nous permet, chaque jour, de faire tant de choses plus facilement nous cause aussi quelques difficultés. En effet, lorsque nous essayons de changer quelque chose dans notre vie, une habitude, une coutume ou quelque chose de plus intangible comme changer certaines pensées ou certaines émotions, les choses se compliquent. Nous en avons tous fait l’expérience à un moment ou à un autre. Si nous proposons un changement d’habitudes (qui n’a pas proposé quelque chose comme ça au début de la nouvelle année ?), nous constatons qu’au début, nous nous en sortons bien, mais qu’au bout d’un moment, les choses reviennent à leur état initial, eh oui. Pourquoi ça ? En raison du pouvoir de la mémoire, un mécanisme très puissant et difficile à briser, surtout à mesure que l’on vieillit.

La fonction de la mémoire en tant qu’enregistreur de données est donc importante, mais pas plus que sa fonction de fournisseur de données. Nous savons tous que pour changer quelque chose dans notre vie, nous devons réapprendre, réenregistrer de nouvelles données, de nouvelles habitudes par rapport à celles déjà connues, et cela prend toujours beaucoup plus de temps et d’énergie que si nous enregistrons de nouvelles données au sujet de quelque chose d’inconnu, au sujet duquel il n’y avait rien auparavant. Bien sûr, si je me propose de commencer du sport en salle, en plus de la force de la mémoire, il y a l’effort physique qui doit être ajouté au changement d’habitude. Mais si ce que nous voulons changer est une « habitude » interne (pensées, émotions…), quelque chose qui ne demande aucun effort physique, nous verrons que c’est la force de la mémoire qui entrave ce changement. Aller à l’encontre de la mécanicité demande de l’énergie et du temps.

Ce qui est bien, c’est qu’une fois que nous avons réussi à modifier quelque chose et à le réenregistrer dans le nouveau format, cela finira par fonctionner automatiquement et nous n’aurons pas à y consacrer autant d’énergie qu’au début. C’est aussi vrai pour le sport en salle que pour les habitudes internes, intangibles. De nombreuses personnes disent qu’une fois qu’elles ont « pris l’habitude » d’aller à la salle de sport (elles ont bien mémorisé cette action), le jour où elles n’y vont plus, cette action leur manque. L’effort physique a cessé d’être un problème parce que le problème était la mécanicité précédente, c’est-à-dire la mémoire. Et que se passe-t-il avec les intangibles, avec notre psyché ? La même chose. Si nous parvenons à introduire de nouvelles habitudes internes et à les maintenir, elles s’automatiseront et fonctionneront d’elles-mêmes. Par exemple, cela arrive si je prends l’habitude quotidienne d’être reconnaissant/e pour les bonnes choses qui me sont arrivées – voir l’article : le remerciement quotidien -, ou si je prends l’habitude de rechercher une cohérence dans mes actions – voir l’article : le bonheur s’appelle cohérence -, ou si je parviens à avoir une image directrice fortement gravée, un guide intérieur – voir l’article (en espagnol) : le guide intérieur -, qui me sert d’inspiration et d’orientation dans les moments difficiles, ou si je prends l’habitude de demander le meilleur pour les autres quand ils ont des difficultés. Toutes ces habitudes (certaines peuvent être nouvelles, d’autres non) façonnent un nouveau monde intérieur, un nouveau style de vie et une nouvelle façon d’être dans le monde des relations humaines, avec un nouveau regard. Si je parviens à enregistrer tout cela (et chacun/e peut ajouter ce qu’il/elle veut), de nouvelles mémoires se formeront qui, grâce à leur propre mécanique, commenceront à travailler en ma faveur, dans la direction que je souhaite pour ma vie, laissant derrière elles les anciennes difficultés.

Nous ne découvrons pas vraiment quelque chose de nouveau, nous soulignons simplement les aspects psychologiques du changement qui nous semblent les plus intéressants pour mener une vie plus saine, plus cohérente et donc plus heureuse.

 

Voir aussi :

Tous les articles de la Série Psychologie du Nouvel Humanisme

 

Traduit de l’espagnol par Evelyn Tischer