Corinne MEA, directrice de soins à la clinique Rech est décédée hier à l’ICM emportée par la plus terrible maladie de notre civilisation : le cancer. Pendant sept ans elle a lutté après trois reprises de la maladie, tous les traitements ont été essayés.

Elle avait été recrutée dans les années 2000 par la direction de la clinique qui avait découvert cette pépite dans l’Est de la France, où elle avait commencé comme infirmière. Ses qualités étaient appréciées des patients et de tous les psychiatres avec lesquels elle travaillait ou effectuait des recherches. Son expertise était recherchée par des entreprises de formation professionnelle, elle m’a dit être membre d’une branche de recherche médicale de l’ARS.

Par sa compétence, sa rigueur et sa gentillesse, elle s’était vite imposée jusqu’à parvenir à assumer presque sans le vouloir le rôle de directeur de l’établissement. Elle avait créé un pôle d’hospitalisation de jour et développé l’art thérapie. Elle luttait aussi contre une autre maladie de civilisation en lien avec le stress et le burnout : la dépression, recherchant comment soigner les patients avec des moyens moins chimiques, plus doux. Son caractère perfectionniste étonnait, le temps qu’elle prenait à l’écoute du patient et sa compassion lui attirait l’adhésion de tous et même des syndicalistes. Corinne Mea était aussi une jolie femme, discrète, soignée, le magnétisme de sa personne tenait de la grâce.

Mais derrière la soignante émérite, il y avait une autre femme d’une grande ouverture d’esprit engagée un temps dans l’est de la France pour la cause tibétaine. Étant moi-même engagé dans la défense des peuples autochtones, c’est sur ce terrain commun que nous nous sommes rencontrés, Corinne et moi, il y a vingt ans. Nous avons cofondé la 1re association « Témoins au bout du monde » dont elle était la présidente, et entamé un véritable dialogue des cultures avec échanges des savoirs où elle a trouvé sa famille de cœur. Elle m’a accompagné dans des périples et expéditions à la rencontre de certains amérindiens d’Amazonie que je n’avais pas encore rencontrés au Brésil ou en Équateur, ou même chez les Afars du désert du Danakil…

Les Montpelliérains ont pu rencontrer Corinne Mea les 24 et 25 mai 2017, lorsque j’ai reçu le chef Indien Ladio Veron des Guaranis du Brésil pour deux conférences communes, l’une à la faculté Paul Valéry, l’autre dans le jardin de l’hôtel Océanie le Métropole. À cette occasion, nous avions divulgué un documentaire auquel elle avait participé apportant même sa voix au dialogue :  Peuples en voie de disparition : Huaorani d’Amazonie équatorienne.

En qualité de photographe-auteur elle avait participé avec moi à des expositions photographiques en France et à l’étranger, une chanson ne dit-elle pas, soutenons-nous vivants : « N’attendons pas que la mort nous trouve du talent ».

J’ai essayé d’accompagner Corinne Mea tout au long de son « calvaire » contre la maladie. Marc et moi nous lui avons tenu la main pour l’aider à passer dans l’au-delà. Je lui ai fermé les yeux et croisé les mains. Un au-delà mystérieux et céleste qui lui faisait tant aimer sur notre planète les plus hautes, paisibles et mystiques vallées de l’Himalaya indien où, de 5 500 mètres, elle oubliait les vicissitudes humaines. Il n’y a pas si longtemps encore nous étions partis à la rencontre des Spiti-Boutan.

Nous avions pris au-delà de la vie un engagement l’un vers l’autre, je le tiendrai.

Dans cette période de crise des hôpitaux, Corinne Mea pourrait devenir le symbole du dévouement des soignants dans son côté le plus sacrificiel.

Un dernier hommage lui a été rendu samedi 21 et dimanche 22 janvier dans le Salon des Pompes Funèbres 722, avenue Théo LUCE, à MAUGUIO. La cérémonie religieuse a eu lieu en l’église Notre-Dame-des-Tables de Montpellier lundi 23 janvier à 10 heures.

 

Christian Puech, Président de l’association : « Témoins au bout du monde ».

Montpellier, le 18 janvier 2023.