Le jeudi 20 octobre, des activistes de Résistance à l’Agression Publicitaire (R.A.P.) se sont infiltré·es au Mondial de l’Auto pour mettre en lumière le greenwashing du secteur automobile et demander l’interdiction de ses publicités. Les activistes ont déroulé une banderole « Greenwashing is on – #StopPubAuto » devant le Stand de la 4L de Renault, transformée par le constructeur en SUV.

Le « salon des solutions », une « révolution »… C’est ainsi que la filière automobile décrit l’édition 2022 du Mondial de l’Automobile, qui se tient du 17 au 23 octobre à Paris. Elle s’y présente fièrement comme l’actrice-clé de la transition écologique et énergétique, où la voiture individuelle demeure au centre de notre système de mobilité. C’est aussi un haut lieu de rencontres politiques, en témoigne la présence de député·es et l’inauguration du Salon par le Président Macron qui a déclaré vouloir faire de la France la « grande terre automobile de demain », vantant l’électrique comme le messie.

Cet événement est en réalité un festival de greenwashing.

Les prétendues « solutions » que sont l’électrification, l’hybridation, l’hydrogène… représentent à certains égards le futur de la voiture, mais ne doivent pas constituer le futur des mobilités. Il est nécessaire de voir plus loin. L’électrification du parc ne fera, par exemple, que massifier d’autres problèmes sociaux et écologiques liés à la fabrication des batteries1. L’aberrante « SUV-isation » du marché automobile représente encore la seconde source de croissance des émissions de CO2 du pays. Au Mondial, on se réjouit pourtant de la transformation de la petite 4L en un véritable tank électrique ! Et le président Macron et sa ministre de l’énergie Pannier-Runacher d’annoncer un objectif de 100% de « voitures zéro carbone » d’ici 2035. Or la seule voiture « zéro carbone » qui existera jamais est celle.. qui n’est pas produite.

Plus généralement, tout un mode de vie s’est construit autour de la dépendance à la voiture, soutenu par des politiques et des infrastructures qui ne laissent pas le choix – surtout aux populations les plus précaires – que de subir pollution de l’air, pollution sonore, accidents, bétonisation, cloisonnement social, etc. Or pour conserver une planète vivable, la mobilité de demain doit se construire avec moins de voitures, moins de vitesse, moins de distance parcourue en voiture et plus de transports en commun et de mobilités actives.

L’un des principaux moteurs de ce mode de vie a été et demeure la publicité. La mythologie publicitaire que l’industrie a construit autour de la « bagnole », symbole de liberté, de virilité, de vitesse, de domination… nous enferme dans une société où la voiture, objet de désir et non plus de besoin, est au centre de tout, tout en véhiculant des valeurs sociales plus que problématiques. Par ailleurs, le but de la publicité est de stimuler la demande, elle participe donc directement à la surconsommation de véhicules lourds et polluants, retardant l’atteinte des objectifs climatiques de la France2. Ainsi, en 2019, la publicité pour SUV atteignait 3h30 par jour à la télévision3.

Dénormalisons l’usage de la voiture individuelle

R.A.P. demande donc son interdiction. Elle choisit d’agir au Mondial, car il est utilisé comme une véritable vitrine de greenwashing par la filière automobile, or il est urgent de démystifier le « rêve automobile » qu’il prône et dénormaliser cet usage. Les valeurs associées à la voiture individuelle à travers la publicité sont dangereuses et mensongères au regard des conséquences dramatiques de la dépendance à la voiture pour les êtres humains et le vivant en général.

 

Notes

1 L’extraction du lithium en Amérique du Sud et celle du cobalt au Congo font déjà des ravages : exploitation d’enfants, maladies causées par la pollution, contamination des eaux…Quant à l’hydrogène, il est encore issu à 90% d’énergies fossiles, et même en cas d’électrolyse, nécessiterait une quantité d’eau astronomique. Enfin, l’usage des biocarburants entraîne une déforestation massive et crée un conflit entre nourrir des êtres humains ou des automobiles.

2 Les constructeurs automobiles ont dépensé en 2019 1,82 milliards d’euros pour convaincre les consommateur·ices d’acheter des véhicules SUV, plus lourds, plus chers et plus émetteurs que les autres modèles.

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