La Coalition Internationale contre les disparitions forcées (CIDF) lance un appel pour attirer l’attention sur la Journée internationale des personnes disparues, qui a lieu chaque année le 30 août

Le 30 août, tout le monde se devrait de poser cette question et de porter une écharpe blanche en signe à la fois de solidarité avec les nombreuses victimes et de protestation contre le crime de disparition forcée.

Les disparitions forcées représentent un immense problème dans le monde entier.

On appelle « disparitions forcées » un crime (et une violation des droits de l’homme) consistant en une détention d’une personne par les autorités d’un État qui nie cette détention. L’art. 2 de la convention du CDE (Comité des disparitions forcées) définit les disparitions forcées comme suit : On entend par « disparition forcée » l’arrestation, la détention, l’enlèvement ou toute autre forme de privation de liberté par des agents de l’État ou par des personnes ou des groupes de personnes qui agissent avec l’autorisation, l’appui ou l’acquiescement de l’État, suivi du déni de la reconnaissance de la privation de liberté ou de la dissimulation du sort réservé à la personne disparue ou du lieu où elle se trouve, la soustrayant à la protection de la loi. L’art 3. se réfère à des actes similaires, sans toutefois les nommer : Tout État partie prend les mesures appropriées pour enquêter sur les agissements définis à l’article 2, qui sont l’ouvre de personnes ou de groupes de personnes agissant sans l’autorisation, l’appui ou l’acquiescement de l’État, et pour traduire les responsables en justice.

L’absence d’informations laisse les détenus à la merci totale de ceux qui les détiennent, sans aucune protection de la loi. Une disparition forcée est souvent le prélude à la tortue et/ou un meurtre. C’est également le moyen de propager la peur parmi des groupes de personnes ou de faire taire une société entière. Sans information sur le lieu où se trouve la personne, sur les circonstances de sa disparition ou sur ceux qui l’ont fait disparaître, les familles sont laissées seules dans leur recherche de la personne disparue. Les autorités n’entreprennent généralement aucune investigation et leurs réponses sont parfois agressives, mais dans la plupart des cas, totalement passives. C’est pourquoi Louis Joinet (l’expert français de l’ONU, 1934-2019) a désigné les disparitions forcées comme un « crime de l’oubli organisé ».

Des millions de proches de personnes disparues dans le monde entier espèrent toujours entendre la vérité sur le destin du membre de la famille disparu. Pratiquement aucun des auteurs de disparitions forcées n’a jamais été traduit en justice.

Entretemps, de nouveaux conflits et des régimes répressifs génèrent de nouveaux cas de disparitions forcées.

Les pays peuvent protéger les personnes contre ce crime abominable en prenant les mesures définies dans les traités internationaux sur les droits de l’homme. Le traité principal est la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées de 2006. Malheureusement, à l’heure actuelle, seuls 68 pays ont ratifié cette convention et seuls 23 permettent à leur organe de surveillance (Comité des disparitions forcées) d’examiner les plaintes individuelles des victimes.

En 2011, l’ONU a déclaré le 30 août « Journée internationale des personnes disparues ». Pourtant, la plupart des États membres se taisent à cette occasion et, malheureusement, cette journée internationale n’est célébrée que par les proches des personnes disparues et par une poignée d’autres parties prenantes (agences de l’ONU, ONG).

Le CDF lance un vaste appel aux institutions publiques, aux organisations de la société civile, artistes, médias et autres faiseurs d’opinion ; aux écoles et aux universités, aux syndicats, etc. :

  • de célébrer la journée internationale (dans toute forme de communications, écrite ou orale, messages en ligne, à la radio et à la télé, etc.) ;
  • de rendre visible ce crime horrible ;
  • de rendre hommage à la lutte des proches des personnes disparues, aux niveaux national et international ;
  • d’insister sur la nécessité de mieux protéger contre ce risque, où que ce soit dans le monde.

Le symbole de ralliement est le foulard blanc avec un point d’interrogation (ou, à la place, un mouchoir blanc ou des T-shirts avec le même symbole)

Rendre la solidarité visible grâce au symbole : un foulard blanc avec un point d’interrogation noir

Le symbole choisi pour manifester la solidarité à l’occasion de la Journée internationale des personnes disparues (le foulard blanc avec le point d’interrogation noir) s’inspire bien sûr des foulards portés encore aujourd’hui par les Madres (mères) et Abuelas (grands-mères) de la Plaza de Mayo. C’est le signe distinctif qu’elles ont porté pendant leurs quatre décennies de marches silencieuses autour de la fontaine sur cette place centrale de Buenos Aires.

Au cours des quarante dernières années, de nombreux proches des disparus ont utilisé le même signe distinctif, ou légèrement modifié, lors de rassemblements de protestation pacifiques très similaires (ainsi que d’autres symboles utilisés au niveau international pour des campagnes nationales). Des photos des disparus, des bannières et des slogans tels que « Nunca más ! » (plus jamais) ; Hasta encontrarlos ! (jusqu’à ce que nous les trouvions) Vivos los llevaron, vivos los queremos ! (enlevés vivants ; qu’ils nous soient rendus vivants), etc.

Le CDF a choisi le foulard blanc avec le point d’interrogation comme signe visible et unificateur, pour tous les proches du monde entier, mais aussi pour tous ceux qui ressentent de la compassion pour leur souffrance, qui veulent afficher leur solidarité et se rallier à la campagne de plaidoyer pour la vérité, la justice, la mémoire et la réparation ainsi que pour une prévention efficace de ce crime dans tous les pays du monde.

Le 30 août, Journée internationale des personnes disparues,

Le 21 décembre 2010, dans sa résolution 65/209, l’Assemblée générale des Nations unies s’est déclarée extrêmement préoccupée par l’augmentation des disparitions forcées ou involontaires dans diverses régions du monde, y compris les arrestations, les détentions et les enlèvements, lorsqu’ils font partie des disparitions forcées ou y équivalent, et par le nombre croissant de rapports faisant état de harcèlement, de mauvais traitements et d’actes d’intimidation à l’encontre de témoins de disparitions ou de proches de personnes disparues.

Dans la même résolution, l’Assemblée s’est félicitée de l’adoption de la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées et a décidé de déclarer le 30 août Journée internationale des victimes de disparitions forcées, qui sera célébrée au début de 2011.

De nombreuses organisations de proches célébraient déjà cette journée internationale bien avant qu’elle ne soit officiellement reconnue par l’ONU. Cette journée était dédiée à rendre hommage aux disparus et, dans la pratique, à rendre visible cette question.

https://www.un.org/fr/observances/victims-enforced-disappearance

 

Traduit de l’anglais par Laurence Wuillemin, München