Favoriser l’entente au lieu du bellicisme déclaration du comité directeur du Versöhnungsbund de Vienne (Mouvement international de réconciliation – International Fellowship for Reconciliation)

En ces temps où l’exacerbation se déchaîne et où nous sommes submergés par les émotions, il paraît important d’observer quelques simples vérités :

  1. Toute guerre est un crime contre l’humanité. La guerre traumatise auteurs et victimes. Notre expérience nous a démontré que les guerres altèrent douloureusement ce que vit une, voire plusieurs générations.
  2. Une guerre s’achève toujours sur des négociations, sur l’entente et des compromis. Il est donc important de rester en dialogue avec tous, y compris avec l’ennemi, le « frère loup » (saint François d’Assise). Diaboliser l’adversaire n’apporte rien. Nous insistons sur le fait que l’adversaire est et reste un humain avec lequel dialoguer est possible.
  3. La résistance par les armes est un acte de violence : elle prolonge la guerre en l’aggravant et coûte des vies humaines. Le soutien de tiers par les armes incite à se sentir fort, il nourrit des fantasmes de victoires irréalistes, renforce la spirale de la violence et contrarie la volonté de dialoguer et d’aborder des compromis. Il ne s’agit pas de remporter une victoire, mais de sauver le plus grand nombre possible de vies humaines. C’est pourquoi les efforts doivent porter vers une situation dans laquelle toutes les parties au conflit peuvent mettre fin à la guerre, tout en gardant la face. Essentiels sont la médiation et l’équilibre des intérêts, et non une course à l’armement. À l’ère des armes nucléaires, il n’y a pas d’autre alternative concevable menant à l’entente et à l’équilibre. Qui veut vaincre une puissance nucléaire par les armes provoquera une intervention nucléaire.
  4. Nous sommes du côté de tous ceux et de toutes celles qui ne prennent pas les armes pour défendre leurs droits. Nous sommes donc solidaires des groupes en Ukraine et en Russie qui résistent au bellicisme par la non violence.

 

Que pouvons-nous faire, qu’est-ce qui est important maintenant ?

  1. Nous nous opposons à toute déshumanisation, tout ostracisme et rejetons tout jugement en bloc (« les Russes »).
  2. Nous réclamons que les contacts avec la société civile aussi bien russe qu’ukrainienne plutôt que d’être interrompus, doivent être poursuivis et intensifiés.
  3. Nous nous opposons à toute pensée nationaliste et impérialiste. Au lieu de cela, nous considérons l’autonomie, les droits des minorités et le droit à l’objection de conscience comme étant des éléments indispensables aux démocraties.
  4. Nous voulons rester dans la vérité : le réarmement massif de la Bundeswehr (Armée allemande) est un gaspillage financier irresponsable que nous ne pouvons et ne devons pas nous permettre, ni sur le plan social ni sur celui de la politique climatique.
  5. Nous considérons que les sanctions sont une réponse possible à la violence d’État et à la guerre. Néanmoins, celles-ci ne devraient pas affecter les personnes qui sont déjà en état de précarité.
  6. Nous demandons que chaque personne ayant fui la guerre et l’injustice ou qui refuse de faire son service militaire soit la bienvenue chez nous.

 

Source : Pressemitteilung

 

Traduction de l’allemand, Laurence Wuillemin