Extrait de l’article de Richard Hétu dans La Presse du 19 octobre

Plus une conclusion et deux parenthèses rédigées par Pierre Jasmin.

 (New York) De son vivant, Colin Powell a incarné à la fois le rêve américain et un certain cauchemar, celui du mensonge d’État. Né à Harlem de parents originaires de la Jamaïque et élevé dans le South Bronx, il a gravi les échelons militaires et politiques au cours d’une carrière qui lui aura permis d’orienter la stratégie et la diplomatie des États-Unis sous quatre présidents, dont trois républicains. Au fil de ses décennies de service, il a abattu les barrières raciales, devenant le premier Noir à occuper les postes de conseiller de la Maison-Blanche à la sécurité nationale sous Ronald Reagan, de chef d’état-major de l’armée américaine et de secrétaire d’État sous George W. Bush.

Mais rendu au sommet de cette brillante carrière, ce vétéran de la guerre du Viêtnam a participé à l’une des plus grandes supercheries de l’histoire du gouvernement américain, sacrifiant sa crédibilité pour justifier l’invasion de l’Irak lors d’un discours funeste devant le Conseil de sécurité des Nations unies.

L’image est devenue emblématique. [Assis à la table du Conseil de sécurité des Nations unies, Colin Powell s’exclame “What we are giving you are facts and conclusions based on solid intelligence”]. Il brandit une fiole contenant une substance blanche. « Il ne peut faire aucun doute que Saddam Hussein a des armes biologiques et qu’il a la capacité d’en produire rapidement beaucoup plus », a-t-il ajouté. « Et il a la capacité d’épandre ces poisons et maladies mortels de façon à provoquer des morts et des destructions massives ».

Aucune des « preuves » avancées par Colin Powell le 5 février 2003 ne sera confirmée. Après son départ de l’administration Bush, en 2005, il dira avoir été trompé par les renseignements de la CIA [à qui on doit ceux sur le « génocide ouïghour » avalés par le député conservateur Michael Chong et 266 députés canadiens de la Chambre des Communes le 22 février dernier]. Powell reconnaîtra aussi que le dossier sur les armes de destruction massive en Irak constituera une « tache » sur son bilan. « Je suis celui qui l’a présenté au monde au nom des États-Unis, et [il] fera toujours partie de mon dossier », dira-t-il. « C’était douloureux. C’est douloureux maintenant. » Plus de 4000 Américains et des centaines de milliers de civils irakiens sont morts dans le conflit déclenché par l’invasion menée par les États-Unis sur la base de mensonges.

Colin Powell a continué à exercer une certaine influence auprès de ses compatriotes. Il l’a démontrée en 2008 en appuyant la candidature de Barack Obama à la présidence, convainquant des électeurs indépendants et républicains de l’imiter. Après avoir voté pour Hillary Clinton en 2016 et Joe Biden en 2020, Colin Powell a rompu pour de bon avec le Parti républicain dans la foulée de l’assaut du Capitole par des partisans de Donald Trump, le 6 janvier dernier. « Nous avons besoin de personnes qui disent la vérité, qui se souviennent qu’elles sont ici pour nos concitoyens. », a-t-il déclaré, en dénonçant le refus des responsables républicains de tenir tête à leur président. R.H.

Accusations fausses avancées par la CIA pour favoriser la guerre P. J.

Il faut se souvenir des accusations frauduleuses répétées en de nombreux points de presse et présentations publiques par Lewis “Scooter” Libby, assistant du vice-président Dick Cheney et par Douglas Feith du Bureau de Plans Spéciaux de feu Donald Rumsfeld, sur de soi-disant liens entre al-Qaeda et le gouvernement Hussein, prouvés fictifs.

Remercions le courageux inspecteur-général suédois de l’ONU Hans Blix affirmant devant le conseil de sécurité que Saddam Hussein ne possédait pas d’armes nucléaires, malgré les manigances de la CIA accusant le Niger d’avoir fourni de l’uranium à l’Iraq. Blix était appuyé par El Baradeï, à qui on a accordé le prix Nobel de la Paix (2005) pour avoir résisté aux pressions de Blair et Bush (Jean Chrétien refusera le soutien canadien à la guerre sur la base des grandes manifs que nous avions organisées et des renseignements de l’ONU). Ces renseignements que possédait l’Agence d’énergie atomique internationale qu’il dirigeait, avaient permis à El Baradeï de nier à l’ONU l’échafaudage de « preuves » monté par le même Libby, pourtant démoli auparavant par le courageux ambassadeur américain au Niger, Joe Wilson. Mais Libby s’en était vengé en révélant publiquement l’identité comme agent de la CIA de son épouse Valerie Plame. Ce pourquoi il recevra une peine de prison de 30 mois, commuée par George W. Bush, qui au moins n’a pas accordé son « pardon présidentiel » à cette faute mettant la vie en danger des contacts iraquiens secrets de madame Plame. Il faut voir le film non moins courageux de Doug Liman, Fair game, déjà tourné en 2010 avec comme acteurs principaux jouant l’espionne et son mari ambassadeur, Naomi Watts et Sean Penn, tel que mentionné dans notre article de février 2011 : http://www.artistespourlapaix.org/?p=846