Les abus, des détentions illégales, les tortures et les violations des droits humains par les forces armées à l’encontre des citoyens a conduit à la création d’un groupement d’avocats qui aident ceux qui se sont vu violer leurs droits pendant la grève nationale dénommée « el paro nacional ». 

Par María Alejandra Cárdenas

La Première Ligne Juridique (PLJ) est un réseau national constitué d’avocats, d’étudiants en droit et d’enquêteurs criminels dont le but est de soutenir collectivement, de défendre et d’appliquer les lois et les droits dans le pays. Depuis le 28 avril 2021, la population subit et est témoin grâce aux réseaux sociaux de la violence policière exercée pendant les manifestations sociales mais aussi depuis.

Les avocats Miguel Ángel del Rio et Augusto Ocampo ont fondé la Première Ligne Juridique face aux abus d’autorité des forces armées. Grâce aux plateformes numériques, ils ont lancé un appel à des professionnels du droit dans le pays à rejoindre l’initiative.

Près de 3 000 avocats participent à l’initiative au niveau national. Ils défendent des jeunes arrêtés et violentés par des membres de l’ESMAD (Escadron Mobile Antiémeute), de la police et de l’armée.

Andrés del Corral, avocat de la Première Ligne Juridique explique : « Nous ne défendons pas des bandits, ni des délinquants. Nous prenons la défense de manifestants. Mais dans le cas où il est clairement établi que le manifestant a utilisé des bombes artisanales ou des armes à feu, la Première Ligne Juridique ne le défendra pas. Une autre chose est qu’il y a des montages judiciaires contre des personnes, c’est déjà arrivé. »

Pour plus d’information : Première Ligne Juridique

 

Domaines d’interventions

La Première Ligne Juridique a pour objectif de défendre les garanties constitutionnelles et de consolider l’Etat de Droit Social. Cela se fait par des actions juridiques, comme par exemple celle de Hábeas Corpus, un mécanisme de recherche d’urgence.

On retrouve parmi les axes stratégiques de la Première Ligne Juridique un composant pédagogique, la participation citoyenne et les communications. Ces trois axes s’adressent aux citoyens, grâce au Centre d’Etudes Socio-juridiques Latino-américaines, aux Flyers de la Mission Médicale et à l’Ecole Juridique Populaire.

La rencontre de l’Ecole Juridique Populaire a lieu tous les jours sur la Plateforme Zoom. Le but est de discuter des événements qui se sont déroulés dans le pays et de continuer à se former aux structures de l’Etat, aux mécanismes de participation et à la Constitution Politique.

L’assistance juridique et la prise en charge apportées par la PLJ sont totalement gratuites dès la réception de dénonciations par des participants ou par les réseaux sociaux. On analyse et on priorise les cas en fonction de leur nature, des groupes de travail et de la disponibilité. Puis on procède avec l’accompagnement juridique qui permettra de rédiger des rapports sur les résultats des différents cas.

Johana Beltrán, avocate de la Première Ligne Juridique indique : « de notre côté, nous ne traitons pas seulement les dossiers en première audience qui est celle de l’inculpation. La Première Ligne Juridique s’engage, lorsqu’elle commence un dossier, à aller jusqu’à la fin si une personne est inculpée. Jusqu’au jugement. C’est notre devoir en tant qu’avocat. »

 

Cas d’abus policiers

Depuis que cette initiative est créée, plus de 100 dossiers ont été pris en charge au niveau national. Le tout premier fut celui de Álvaro Herrera Melo, un étudiant en musique de la ville de Cali et joueur de trompette française qui fut détenu et torturé par l’ESMAD.

Herrera est actuellement associé à tous les processus artistiques comme le « cacerolazo » symphonique (concert de casseroles). Avec son avocat Sebastián Caballero, ils rassemblent toutes les preuves pour pouvoir déposer des plaintes auprès des différents organismes de contrôles qui sont liés à l’évènement de mai dernier.

« Nous devons changer ce pays ! Cela fait de nombreuses années que nos droits se sont transformés en privilèges, mais malheureusement, la Constitution ne le reconnaît pas. Résistons les amis ! Le chemin est long, très long, mais rien n’est impossible. Et si nous voulons avoir un avenir meilleur, nous devons penser au présent ».   

Álvaro Herrera

Pour voir la vidéo ( 2′ 32′′ ) avec les sous-titres en français sur un ordinateur : 1. Cliquez sur l’icône Sous-titres (rectangle blanc en bas à droite de la fenêtre du lecteur vidéo).   2. Cliquez sur l’icône Paramètres (roue dentée en bas à droite), puis cliquez successivement sur Sous-titres, puis sur Traduire automatiquement.    3. Dans la fenêtre qui s’ouvre, faites défiler la liste des langues et cliquez sur Français.

 

Comment définir la Première Ligne Juridique ?

La Première Ligne Juridique est un engagement social, il n’y a pas d’idéologie politique derrière, seulement des enjeux qui doivent être résolus en collaboration avec d’autres premières lignes comme la Première Ligne Médicale, la Première Ligne Dentaire et la Première Ligne Psychologique. Ensemble elles cherchent à transformer et à renforcer les garanties de la jeunesse dans les mobilisations sociales.

Le bouclier de la première ligne se compose du vert qui représente l’espoir pour la jeunesse et pour les générations futures. Le rouge rend hommage au sang des jeunes qui sont morts en manifestant pour leurs droits. Selon l’Institut des Études pour le Développement et la Paix (Indepaz), le nombre de victimes de la violence homicide dans le cadre de la grève nationale s’élevait au 29 août 2021 à 80. Le bleu représente la paix, la stabilité et l’ordre.

Enfin, les membres de la Première Ligne Juridique travaillent de manière coordonnée entre les régions, les syndicats et l’éducation, des personnes de différentes générations sont actives pour lutter contre la corruption et les poursuites non justifiées contre les manifestants.

 

Traduction de l’espagnol, Frédérique Drouet