Communication présentée par Javier Belda dans l’axe Conscience-Monde, lors du 8e Symposium international du Centre Mondial d’Études Humanistes, qui a eu lieu les 16, 17 et 18 avril 2021.

La présentation est liée à la monographie « Vacío casual. El espíritu oriental de la ciencia » (Vide causal, L’esprit oriental de la science).

Le titre « Vide causal » fait référence à l’hypothèse largement répandue selon laquelle le vide n’est pas sans forme.

Nous nous interrogeons sur les fondements scientifiques de cette théorie et sur la relation qu’elle entretient avec les anciennes conceptions orientales, lesquelles rejoignent les intuitions profondes de l’être humain à travers l’histoire.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, cela vaut la peine de consacrer 5 minutes à une vidéo. Il est possible que vous ayez déjà vu cette vidéo ou quelque chose de similaire, mais la vérité est qu’il est toujours bon de jeter un coup d’œil à cette perspective du cosmos qui est une expérience en soi.

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La séquence présentée semble être à l’opposé de cet exposé (suite de la vidéo) : la taille de l’Univers, alors qu’ici nous allons parler des particules atomiques. Si un atome est petit, une particule l’est encore plus, ce qu’il y a de plus dans un atome, c’est le vide. Si la particule avait la taille d’une fourmi, l’atome entier serait l’équivalent d’un terrain de football.

L’univers

L’Univers est en expansion à un rythme accéléré depuis 13,8 milliards d’années depuis le Big Bang ; il est incroyablement grand, avec un diamètre de 93 milliards d’années- lumière. Il est censé tout contenir mais il n’est à l’intérieur de rien.

L’Univers visible contient des centaines de milliards de galaxies. Pour nous donner une idée de sa taille, Carl Sagan a fait la comparaison suivante : « il y a autant d’étoiles dans l’Univers que de grains de sable sur toutes les plages du monde ». [1]

En même temps, Sagan disait aussi : « Si nous étions lâchés au hasard dans le Cosmos, la probabilité que nous nous retrouvions sur ou près d’une planète serait inférieure à une chance sur un milliard de milliards de milliards de milliards de milliards (1033). Dans la vie de tous les jours, une telle probabilité serait considérée comme nulle. »

Cependant, depuis le 19e siècle, nous disposons d’une image qui nous montre les galaxies de l’Univers dans toute leur amplitude, image qui est fréquemment utilisée par les lycéens.

Toute la matière baryonique de l’Univers est contenue dans le tableau périodique des éléments.

Paradoxalement, notre insignifiante planète représente un Univers à petite échelle, puisqu’elle contient tous ces éléments… Apparemment, cela n’a pas de sens de considérer les choses à partir de leur taille.

Les atomes sont minuscules, avec des diamètres d’environ un dix-millionième de centimètre. Chaque être humain représente 1028 atomes.

Au début, il n’y avait pas d’atomes, mais une soupe primordiale très chaude composée de protons, de neutrons et d’électrons libres. La matière n’existait pas.

Dans les premières fractions de secondes du Big Bang, une dimension espace-temps s’est créée surgissant de rien. Le premier temps est connu sous le nom de temps de Planck (une unité de temps, considérée comme le plus petit intervalle de temps pouvant être mesuré) – par la suite – aux alentours de10-43 secondes, l’Univers entier mesurait 10-33 cm (100 trillions de fois plus petit qu’un atome).

À environ10-35 secondes, un changement de phase a initié l’expansion exponentielle de l’Univers pendant une période appelée inflation cosmique.

La limite de la gravité

La différenciation entre l’Orient et l’Occident s’est accentuée dans la culture chrétienne à partir du Schisme de Photius qui eut lieu au IXe siècle et a marqué la séparation de l’Église catholique et de l’Église orthodoxe. « Un Occident divisé, pauvre, et mal gouverné a largement contribué à donner cette importance à l’église ».

La profonde interrelation entre le monde asiatique et le monde occidental est attestée par l’artisanat et le commerce le long des routes de la soie, ainsi que par les langues indo-européennes.

CARTE ROUTE DE LA SOIE

Dans les origines de la civilisation, l’historiographie identifie les fondements de la civilisation occidentale avec la naissance des sociétés historiques – avec l’écriture – afro-asiatiques, à partir des cités sumériennes du IVe millénaire av. JC.

La recherche de l’équilibre idéal a pris forme dans les domaines de la physique et de la cosmologie avec la référence à la géométrie d’Euclide, qui est restée le modèle de base pour les modèles interprétatifs de l’univers jusqu’à la fin de la Renaissance.

« Mysterium Cosmographicum » a été le premier ouvrage de Johannes Kepler, en 1596. Il y expose une cosmographie de caractère mystique et mathématique qui établit des corrélations entre les sphères planétaires et les cinq polyèdres convexes réguliers, qui ont été mis en relation avec une succession harmonique de notes de musique.

Le titre complet du livre de Kepler met en évidence l’inspiration de la Renaissance : Précurseur des essais cosmologiques, qui contiennent le secret de l’Univers ; sur la merveilleuse proportion des sphères célestes, et sur les causes véritables et particulières du nombre, de la magnitude et des mouvements périodiques des cieux ; établis au moyen des cinq solides géométriques réguliers.

Il sortait du quiétisme pour entrer dans le mouvement. Les esprits curieux de la Renaissance ont tourné leur regard vers un passé lointain de beauté et d’harmonie pour s’élever dans une inspiration sacrée. Ils ont ramené les machines, l’alchimie, l’astronomie et tout ce qui était diabolisé au Moyen Âge.

La sphère armillaire, inventée indépendamment dans la Grèce antique et la Chine ancienne, symbolise cette révolution.

Tycho Brahe avait observé la position des étoiles et des planètes depuis Uraniborg, un palais au Danemark qui allait devenir le premier institut de recherche astronomique.

La précision des mesures de Tycho fut la condamnation définitive de l’harmonie divine des trajectoires sphériques de Kepler. Cependant, sa démission cachait une découverte transcendantale pour l’évolution de la cosmologie dans le futur. En 1609, il publie son ouvrage Astronomia nova où il expose une vision, non seulement harmonique mais aussi précise, pour décrire le mouvement des planètes avec des « trajectoires elliptiques » autour du Soleil.

La rupture définitive avec la physique aristotélicienne – et le conflit avec l’église romaine – apparut avec Galileo Galilée.

Son inspiration interdisciplinaire est également un signe de la recherche d’un ordre harmonieux caractéristique de la Renaissance et du corrélat scientifique du début de l’ère moderne.

Galilée est considéré comme le père de l’astrophysique pour avoir établi les fondements de la mécanique.

L’accélération uniforme de deux objets de masse différente en chute libre observée par Galilée, était contraire aux postulats d’Aristote.

 

L’état naturel de tous les éléments est devenu le mouvement, non seulement dans le cosmos mais dans toutes les dimensions. S’il n’y a pas de friction et que nous donnons une poussée à un objet, il se déplacera éternellement à la même vitesse.

Mais qu’arrive-t-il à une flèche tirée par un arc ? Qu’est-ce qui maintient la flèche en mouvement une fois qu’elle a quitté l’arc ?

Aristote : l’impulsion initiale de la corde de l’arc continue à se transmettre à la flèche par l’air.

Descartes : Quant à la cause générale (du mouvement), il me semble clair qu’elle ne peut être autre que Dieu lui-même. Au commencement, il a créé la matière ainsi que le mouvement et le repos ; et maintenant, par sa coopération ordinaire, il conserve simplement les quantités de mouvement et de repos qu’il a introduites dès le début.

Galilée : le boulet de canon combine un mouvement horizontal, qui est uniforme, avec un mouvement vertical, qui consiste en une accélération constante vers le bas – la gravité – de sorte que la balle change de trajectoire jusqu’à ce qu’elle rencontre le sol.

La réponse de Galilée résout également une autre question célèbre de l’époque concernant le boulet de canon.

Newton a appliqué son puissant esprit à la question du mouvement du boulet de canon. Si le canon était assez puissant pour envoyer le boulet aux antipodes, le projectile rencontrerait la courbure de la terre, de sorte qu’il ne pourrait pas atterrir sur le sol. Le boulet de canon deviendrait ce qui est aujourd’hui un satellite artificiel.

A l’époque de la Modernité, une conception mécaniciste du monde s’est imposée face aux apparences trompeuses.

Le grand héritage d’Isaac Newton est constitué par les trois volumes des Philosophiae Naturalis Principia Mathematica, où il décrit la « loi de la gravitation universelle » et pose les bases de la physique classique.

À cette époque (1687), le monde était entièrement décrit et ses mystères entièrement dévoilés, ce qui est resté le cas jusqu’au vingtième siècle.

Cependant, le domaine du spirituel n’était pas obsolète, c’est simplement que l’impulsion éthérée s’était déplacée vers des lieux plus profonds.

En Occident, l’hermétisme et l’alchimie avaient connu leur apogée peu avant la Renaissance, mais leur prestige mystique fascinait toujours Isaac Newton. Ses textes alchimiques (écrits sous un pseudonyme) sont restés pendant des années un secret gardé sous clé à Cambridge. Ce n’est qu’en 2016 qu’un nouveau manuscrit de Newton sur la pierre philosophale a été rendu public.

Certains des principes de la doctrine hermétique étaient : la pensée symbolique, l’être humain comme lien entre le microcosme et le macrocosme, l’anima mundi, la théorie des correspondances entre les niveaux, la complémentarité des opposés, la méditation comme technique d’ascèse, et la vie comme voie de transmutation personnelle.

Newton a étudié et développé le légendaire occultisme hermétique avant d’étudier la nature de la lumière, l’optique, le calcul infinitésimal et la gravitation.

Albert Einstein : « Essayez de pénétrer avec nos moyens limités dans les secrets de la nature et vous découvrirez que, derrière toutes les lois et connexions discernables, il reste quelque chose de subtil, d’intangible et d’inexplicable. La vénération de cette force qui surpasse tout ce que nous pouvons comprendre est ma religion. Dans ce sens, je suis, de fait, religieux. »

La gravité n’est rien d’autre que la manifestation de la géométrie de l’espace-temps. S’il est plat, il n’y a pas de gravité, elle se manifeste lorsqu’il est courbe. Cela fait entrer en vigueur le concept de géométrie non euclidienne formulé par Nikolaï Lovachesky en 1826.

Carl F. Gauss et Bernhard Riemann ont développé la nouvelle géométrie différentielle curviligne. Enfin, le modèle quadridimensionnel de l’espace-temps a atteint sa plénitude avec les équations de Hermann Minkowski, qui ont ébloui Einstein, et que plus tard Bernhard Riemann a perfectionnées en développant une géométrie différentielle curviligne.

L’essence divine, cependant, est restée insaisissable. Cette gravité qui est passée des mains de Galilée à celles de Newton et d’Einstein reste encore un mystère aujourd’hui…

Bien que la gravité maintienne l’harmonie de notre système solaire et, de fait, nous maintient au sol, en exerçant une force de 9,8 N/kg, il s’agit d’une force incomplète.

Selon le modèle standard de la physique des particules, le champ gravitationnel où s’exprime la gravité est dépourvu d’une particule (non trouvée) qui puisse justifier pleinement son existence / son fonctionnement.

La théorie des cordes apporte une solution au problème de la gravité, car la vibration d’une corde donnée correspondrait précisément aux propriétés d’un graviton, sans masse et se déplaçant à la vitesse de la lumière, tout comme le photon.

L’effervescence scientifique entre le 19e et le 20e siècle ainsi que le besoin d’aller plus loin dans la compréhension de l’Univers ont été le prélude à l’émergence de la physique quantique.

L’atomisme et les origines de la physique quantique

Dans un collisionneur de particules comme le LHC de Genève, lorsqu’un électron et un positron se rencontrent, ils s’annihilent, suite à la collision de la matière et de l’antimatière.

Leur énergie est transférée au vide, cette énergie crée des particules matérielles réelles issues de la dimension du vide, qui sont enregistrées pendant une infime fraction de temps dans les ordinateurs du CERN. Ainsi, à partir de rien, la matière apparaît, comme le boson de Higgs, qui a une espérance de vie de 10-22 s (un milliardième de seconde).

Le rapport de la matière au vide se heurte autant à la physique traditionnelle qu’à notre expérience quotidienne. Par ailleurs, il n’est pas étranger à la philosophie orientale ancienne.

Si l’on prend le concept de l’atome comme fil conducteur, il existait en Inde, vers 600 avant notre ère, la doctrine Vaisheshika, selon laquelle l’Univers était réductible aux paramāṇu (atomes), indestructibles, indivisibles et dotés d’une dimension d’un genre particulier.

Dans le Rig Veda, le concept métaphysique brahman (en sanskrit : ब्रह्मन्) correspond à la même substance universelle de laquelle participent tous les êtres. Brahman est l’incréé, l’éternel, l’infini, le transcendant la cause, le fondement, la source et tous les buts existentiels.

La période hellénistique est caractérisée par une forte influence orientale sur la pensée occidentale, suite aux campagnes d’Alexandre le Grand.

Des écoles se sont développées dans la Grèce hellénistique, dont l’épicurisme fut l’une d’entre elles, qui proposait une vision du monde fondée sur l’atomisme de Leucippe et Démocrite.

Il existe des références à l’atomisme bien antérieures, par Moschus de Sidon, un érudit et penseur de Sidon (Liban) au 14e siècle avant JC.

Les physiciens théoriques du Moyen Âge étaient philosophes. L’un de ces atomistes, Guillaume de Conches, connaissait les travaux des médecins arabes et grecs, tels que Galien.

Il existe peu d’informations sur les alchimistes médiévaux car leurs pratiques étaient secrètes, afin d’éviter la Sainte Inquisition, ainsi qu’en raison du style hermétique qui a accompagné l’alchimie depuis l’Antiquité.

La théorie atomiste a atteint son apogée aux 15e et 16e siècles, alors que l’aristotélisme perdait de sa pertinence (Nicolas de Cusa et Giordano Bruno).

Robert Boyle (1627-1691) eut une grande influence sur Newton. Son livre « Le chimiste sceptique » a mis fin à l’idée aristotélicienne des quatre éléments et des trois principes de Paracelse. Il a postulé que la matière était composée d’atomes et que le résultat de tout phénomène était une conséquence des collisions de ces atomes entre eux.

Cependant, l’histoire scientifique occidentale de l’atome commence à la fin du 19e siècle, lorsque divers modèles de l’atome ont commencé à apparaître.

À la fin du XIXe siècle, divers modèles de l’atome ont commencé à apparaître, du modèle classique de Dalton (1803) au modèle cubique de Lewis, au modèle saturnien de Nagaoka, au pudding aux raisins de Thomson, au modèle planétaire de Perrin, au modèle nucléaire de Rutherford, à l’orbitale circulaire de Bohr, à l’orbitale elliptique de Sommerfeld, jusqu’au modèle quantique ondulatoire de Schrödinger et à ses variantes relativistes de Dirac et Jorndan.

Avec l’émergence de la conception quantique de la matière, l’indétermination a commencé à s’imposer dans le monde scientifique.

La “Conférence de Solvay de 1927” a été le moment le plus important pour la physique naissante.

L’expérience de la double fente a donné lieu à de multiples interprétations.

Lors de la conférence de Solvay en 1927, l’interprétation de Copenhague, élaborée principalement par Niels Bohr et Werner Heisenberg, a été adoptée. Le principe d’incertitude formule l’impossibilité d’effectuer une mesure expérimentale sans perturber ce qu’elle est censée mesurer. La dualité onde-particule n’était plus seulement une propriété de la lumière, mais de toute la matière.

Einstein, entre autres, n’était pas satisfait d’une théorie qui ne « bouclait pas la boucle. » Une explication alternative à l’interprétation de Copenhague fut la théorie des variables cachées. La première idée de ce type a été la théorie des ondes pilotes de Louis de Broglie et, plus tard au XXè siècle, de David Bohm, etc.

Paul Dirac a ramené l’idée de beauté dans les mathématiques avec son équation fascinante, en partant de l’équation de Schrödinger. Il a établi le champ électromagnétique comme le monde dans lequel les particules agissent, établissant que le vide, en réalité, n’est pas vide (découverte de l’antimatière).

En ce qui concerne l’effondrement de la fonction d’onde, Richard Feynman a d’abord rejoint l’approche de Solvay-27. Il dit qu’il s’agissait d’une fonction complexe dans l’espace de Hilbert, c’est-à-dire d’un objet mathématique. Donc il n’existerait rien de physique qui puisse réellement s’effondrer.

Mais l’approche avait un point d’incohérence à partir du moment où les expériences ont confirmé l’affectation matérielle. Feynman lui -même a également déclaré : « celui qui pense avoir compris la mécanique quantique, n’a rien compris ».

Selon le concept de champ, proposé à l’origine par Paul Dirac en 1930, les électrons sont des ondes provoquées par le champ électronique. C’est le point fondamental sur lequel repose la théorie quantique des champs que Feynman a finalement établie dans les années 1980.

El champ unifié

En 1935, Einstein, Podolsky et Rosen ont rédigé un article soulignant la nécessité d’une nouvelle théorie locale de variables cachées pour remplacer la théorie quantique. Il est connu sous le nom de « paradoxe EPR ».

L’argument d’EPR postulait que :

1-Les paramètres ont une réalité qu’ils soient mesurés ou non, c’est-à-dire qu’il existe une réalité distincte de leur observation.

2-Localité : l’information ne peut pas voyager plus vite que la vitesse de la lumière.

Cependant, le théorème de Bell, formulé en 1965, a montré que l’intrication et l’action à distance font partie du monde microscopique. Les choses s’influencent mutuellement malgré la distance, car il n’y a rien qui ne soit interconnecté au tout. Cette approche est en contradiction avec la limite de la vitesse de la lumière, puisque l’intrication des états entre les particules se produit instantanément.

Le théorème a été prouvé expérimentalement par Alain Aspect en 1983, confirmant l’affectation des mesures, et la non-localité de l’Univers au niveau des particules subatomiques. Ce fut le triomphe de la théorie quantique sur le sens commun et l’expérience quotidienne. Lorsque deux particules, telles que les atomes, les photons ou les électrons, s’entrelacent, elles expérimentent un lien inexplicable qui est maintenu même si les particules sont séparées et aux extrémités opposées de l’Univers.

Pour David Bohm, la métaphysique est précisément l’essence de la physique quantique.

Ses publications, et surtout son ouvrage posthume « The Undivided Universe » (1993) représentent une synthèse globale de la pensée scientifico-philosophique de l’auteur.

Toute la réalité est mue par un champ unifié, un fond d’énergie en activité incessante, un mouvement causal qui soutient et génère en même temps. Ce mouvement comprend structurellement l’esprit et la matière. Le mouvement dans sa dynamique universelle produit la diversité des êtres et des phénomènes que nous saisissons par les sens.

Il s’agit non seulement de surmonter la fragmentation atomistique, mais aussi son statisme qui réduit toute forme de changement à des interactions entre des parties absolument stables. La nouvelle notion du monde établit le flux universel des manifestations et des processus. Ce qui est préalable, ce ne sont pas les choses, mais le mouvement.

La pensée de Bohm nous rapproche de la méditation, au-delà du raisonnement théorique.

Conclusions

Après des milliers d’années, il est surprenant de constater la grande similitude de la physique actuelle avec les cosmogonies orientales lorsqu’on considère – comme l’une des idées les plus avancées sur l’origine de tout – que l’Univers est né d’une fluctuation dans le vide. Les ondes électromagnétiques apparaissent et disparaissent constamment des particules existent et cessent d’exister, dans une danse primordiale à partir de laquelle se constituent le temps et la réalité que nous percevons.

Un nouveau monde s’est ouvert devant l’être humain, dont la compréhension va bien au-delà de la conception empirique pour devenir une expérience totalisante en un ravissement qui intègre la conscience et le monde. En même temps, ce nouveau regard se relie à une mythologie syncrétique.

« Le Vide universel est, et tout le reste est dépourvu de réalité ontologique. Quiconque a compris cette vérité – qui est, avant tout, la vérité des bouddhistes du Madhyamaka, partiellement partagée par d’autres écoles – devient un bouddha. »

On trouve de multiples références à la vacuité dans la cosmogonie hindoue, dans le Manavadharmashastra, qui est le texte le plus important en référence au dharma. Il traite des principes, des lois et des règles qui régissent le cosmos et la société humaine.

« Par le samadhi, le yogi transcende les opposés et réunit, en une expérience unique, le vide et le trop plein, la vie et la mort, l’être et le non-être. De plus, le samadhi, comme tout état paradoxal, équivaut à une réintégration des différentes modalités du réel en une seule modalité : la plénitude indifférenciée d’avant la Création, l’unité primordiale. Le yogi qui atteint le samadhi asamprajnata réalise aussi un rêve qui obsède l’esprit humain depuis le début de l’histoire : coïncider avec le Tout, retrouver l’Unité, refaire la non-dualité initiale, abolir le Temps et la Création ; et en particulier, abolir la bipartition du réel en objet-sujet. ».[2]


[1] Des calculs ont été effectués et l’estimation s’est avérée correcte. https://www.bbc.com/mundo/noticias-44943002 ).

[2] Mircea Eliade. Yoga, inmortalidad y libertad. Ed. La Pléyade, Buenos Aires, 2020.

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Javier Belda est membre du Centre mondial d’études humanistes. Il a publié les monographies : Mitología del inframundo (2014), Estructura evolutiva de equilibrio-desequilibrio (2018), Résumé de « Futuro no-lineal » (2019) et Vacío causal (2020-2021). Et en ce mois d’avril 2021, le roman Le rapport Denisova. Ses productions couvrent des sujets liés à la mégahistoire et à la cosmologie.

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Traduit de l’espagnol par Valérie Egidi