Le Duden met fin au masculin pour les personnes : « doctoresse » n’est plus « la forme féminine de docteur ».

Barbara Marti pour le journal en ligne INFOsperber

La rédaction du Duden modifie sur son dictionnaire en ligne les références au genre et les désignations professionnelles. Au genre masculin s’ajoute automatiquement la forme féminine. Un « locataire » n’est plus « quelqu’un qui loue quelque chose » mais une « personne de sexe masculin qui loue quelque chose ». Une « locataire » est une « personne de sexe féminin qui loue quelque chose ». Sous « doctoresse », on pouvait lire jusqu’ici « féminin de docteur ». Depuis peu, on peut lire sur le Duden Online « personne de sexe féminin qui a obtenu le droit d’exercer et de soigner des malades après avoir suivi des études de médecine et une formation clinique ».

C’en est fini du générique masculin

La rédaction du Duden souhaite ainsi préciser près de 12.000 désignations professionnelles et personnelles d’ici la fin de l’année. Dans le journal Die Welt, on peut lire la justification : « Les formes masculines n’ont jamais été neutres. Dans le cadre de notre travail continu de rédactions de contenus, nous précisons uniquement les informations de significations ». Ainsi, sur duden.de, le générique masculin qui englobe le féminin disparaît. Cela met fin en partie en Allemagne a un vent d’indignation. Les partisans du générique masculin ont parlé de « gagas des genres », « de la bêtise des genres ». Mais on peut tout à fait parler « de bêtise des genres » lorsque la forme masculine prévaut pour tous les groupes de personnes.

La langue comme composant du changement 

L’allégation selon laquelle le genre grammatical n’aurait rien à voir avec le genre biologique (sexuel) a été contredite à diverses reprises, et tout récemment par les linguistes renommées Gabriele Diewald et Damaris Nübling. Diewald a indiqué dans le « Spiegel » qu’on pouvait certes parler de femmes également lorsque l’on parlait de « professeurs », mais, selon des recherches, ni les jeunes filles ni les femmes ne se sentiraient concernées. Le problème de base est le patriarcat pour lequel il y aurait un sexe plus important et un sexe moins important. Lorsque l’on veut par exemple augmenter la part des femmes dans un métier, il faut s’y prendre à plusieurs niveaux. L’un de ces niveaux est la langue. Elle fait toujours partie d’un changement sociétal et il ne faut surtout pas la considérer à part. 

L’habitude

La chroniqueuse Margarete Stokowski a posé la question suivante sur le « Spiegel Online » : pourquoi les partisans du genre masculin ne mentionneraient pas clairement qu’ils trouvent cela exaspérant de nommer les femmes explicitement. Ce serait compréhensible et humain. « Pourquoi tous ces arguments fantaisistes ? Finalement il ne s’agit que d’une chose. Certaines personnes trouvent cela fatigant de changer la langue et ont d’autres priorités. » En Suisse, les radios et chaînes de télévisions publiques ont déjà adopté une  langue juste depuis longtemps. Au début, cela paraissait laborieux et forcé comme l’indique Rico Bandle, plutôt connu pour ses positions conservatrices, dans le « Sonntagszeitung ». « Et puis à un certain moment, on s’y habitue ».

 

Traduction de l’allemand : Frédérique Drouet