Une vingtaine de femmes de chambre mènent une lutte sans relâche depuis le 17 juillet 2019, pour réclamer une revalorisation salariale et l’internalisation de leurs postes à l’Ibis Batignolles, le deuxième plus grand hôtel Ibis de France et d’Europe, après celui de l’aéroport Paris-Charles-de-Gaulle.

Et 17 mois de lutte !

Soutenues par CGT-HPE, le syndicat des salariés des hôtels de prestige et économiques et le DAL, Droit au logement, elles se sont invitées dans un hôtel IBIS, appartenant au groupe Accord, où elles ont répandu des bouts de papier pour symboliquement salir l’hôtel .

Comme beaucoup d’autres, les femmes de chambre de l’Ibis Batignolles sont employées par un prestataire externe, la société STN. Elles n’ont donc pas le statut de salariées de l’hôtel, elles ne sont pas sur la convention collective hôtelière, et ne bénéficient pas de ses avantages – comme une indemnité nourriture, qu’elles réclament.

Qui sont ces femmes qui osent tenir tête au groupe Accord ?

Sylvie, femme de chambre en lutte

Nous, on a osé briser le silence, mais les femmes de chambre ont peur car parfois elles ne savent pas s’exprimer, elles pensent a nourrir leurs enfants et si tu leur dis de faire grève elles pensent qu’elles n’auront pas de salaire et préfèrent supporter la souffrance.

Mais nous, on a osé sortir du silence pour dire au monde entier ce qui se passe dans l’hôtellerie.

Après 4 sous-traitants, la STN est venue et il y a eu de mutations abusives auprès de personnes qui sont en maladie. Lorsque le médecin du travail leur dit de faire 10 chambres au lieu de 20, alors tu es mutée dans un hôtel où tu ne connais personne et personne ne va te défendre, tu es désespérée. Ensuite c’est le licenciement, car tu n’es plus rentable. Il y a eu 13 mutations et là ils nous ont poussé à bout.

Le sous-traitant répond à un appel d’offre et celui qui gagne c’est celui qui casse les prix et il en profite sur le dos des femmes de chambres. C’est ça le système.

On doit leur faire comprendre que nous ne sommes pas des moutons et on doit les affronter.

Nous on va aller jusqu’au bout, jusqu’à la victoire.

 

Sébastien de la CGT-HPE syndicat des salariés des hôtels de prestige et économiques.

On est en conflit du travail avec le groupe Accord depuis 17 mois auprès de ces femmes de chambres.

On dénonce la sous-traitance qui permet la discrimination des salariés et qui permet de se dé-responsabiliser des questions sociales et du statut des salariés, de comprimer les salaires qui est l’objectif premier de la sous-traitance.

Il y a 2 actions en cours au conseil de prud’hommes (CPH) [N.d.E. Le conseil de prud’hommes est chargé de régler les conflits individuels entre employeurs et salariés liés au contrat de travail de droit privé] sur la question de la discrimination, car on considère que le groupe Accord à travers ses agissements crée une discrimination systémique et raciale. Ce sont toutes des femmes et africaines, il y a donc une double discrimination de genre et de race et ça c’est le système de la sous-traitance qui le permet.

Ces femmes-là ne sont pas prêtes de céder et nous non plus.

Il y a eu un élément déclencheur lorsqu’une femme de chambre a été violée par le directeur de l’établissement où elle travaillait et le groupe a payé des avocats pour accompagner ce directeur !!

De plus c’est leur 3ème sous-traitant en 10 ans et leur statut social baisse, c’est un ras le bol qui a finit par exploser.

Comme dit Sébastien, elles ne demandent pas la lune mais la base légale.

Être recruté par l’établissement où elles travaillent pour avoir le même statut social que leurs collègues recrutés directement par Ibis, bénéficier de la convention collective hôtelière et de ses avantages – comme une indemnité nourriture -, qu’elles réclament.

La baisse des cadences à 2 chambres de l’heure et non pas 3.5 , et bien sûr l’augmentation des salaires et la régularisation des temps partiels imposés en contrat a temps plein pour qu‘elles soient rémunérées au salaire minimum interprofessionnel garanti SMIG.

Le groupe Accord et le sous-traitant se renvoient sans cesse la balle.

Il serait temps que ce leader mondial puisse avec cœur faire œuvre de reconnaissance envers celles et ceux qui dans l’ombre participent au bien être et à l’éclat de leurs étoiles en accord total avec leur slogan :

« Nous sommes bien plus qu’un leader mondial.
Nous sommes 300 000 femmes et hommes qui plaçons l’humain au cœur de toutes nos activités, et nous sommes animés par une passion immodérée pour le service et un goût du dépassement. »

Mais aussi que sous-traitant ne rime plus avec maltraitance.

Nous saluons leur combat, leur courage et leur force, espérons un heureux dénouement pour l’année 2021

PS : pour soutenir la grève

https://www.lepotsolidaire.fr/pot/0oz7r5n8