Le changement climatique ne ralentit pas, nous ne mettrons pas la vie au centre de nos préoccupations tant qu’il n’y aura pas de justice sociale et tant que nous ne garantirons pas la survie de l’humanité. Il est aujourd’hui possible de mettre fin à la pauvreté dans le monde immédiatement, en introduisant un revenu de base universel et inconditionnel pour chacun. Nous savons qu’il y a assez de richesses pour le faire. 

Lors du Forum mondial de l’Eau, de la Terre, du Climat et de la Diversité (Foro Mundial por el Agua, la Tierra, el Clima y la Diversidad) organisé par le sénateur argentin Andrea Blandini le 5 juin, Journée mondiale de l’Environnement, il a été question du droit de chacun à la survie et de la possible mise en œuvre du revenu de base.

Voici la vidéo de l’intervention :

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Retranscription de la présentation

Aujourd’hui, à l’occasion de la Journée mondiale de l’Environnement, nous plaidons pour mettre la vie au centre de nos valeurs. Nous ne pouvons pas ignorer que le changement climatique ne ralentira pas, que personne ne s’occupera des planètes, de notre chez-nous, qu’il n’y aura pas de justice sociale si la vie et la survie des hommes n’est pas protégée en même temps et de manière prioritaire.

Une fois ce sujet réglé, alors nous pourrons parler de soins de santé de bonne qualité ou d’éducation gratuite pour la totalité de la population mondiale par exemple.

Nous devons nous assurer en toute priorité que l’humanité puisse survivre, que chaque homme qui nait ait la possibilité de survivre (logement, alimentation, électricité, etc.)

Chaque homme doit pouvoir accéder à des conditions de vie décentes. 

Cela semble naturel, mais ça ne l’est pas. Même s’il est reconnu dans certains articles de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, article 25.1 par exemple, ce droit n’a pas réussi à pénétrer la représentation collective dans toutes les régions du monde, à l’instar du droit à l’éducation ou à l’intégrité physique, entre autres.

De plus, il est devenu usuel et presque normal que des millions de gens meurent de faim ou de soif. Et on légitime cela par la chance ou la malchance d’être né dans certains pays, par une mauvaise organisation des capacités individuelles ou collectives, par le fait qu’on ne veuille pas travailler, etc.

Pourquoi ne sommes nous pas terriblement outrés par la mort d’autant de gens à cause de la pauvreté ou de la précarité ? Pourquoi est-ce que ce droit ne s’est pas construit comme les autres ?

Personnellement, je pense que ce thème touche un sujet central du système dans lequel nous vivons, un ennemi de la vie en général. On parle de ce qui pourrait remettre en question la propriété privée et le mythe sur laquelle elle repose qui dit « tu gagneras ta vie à la sueur de ton front ».

C’est ainsi qu’aujourd’hui un grand nombre de spécialistes et de mouvements sociaux partout dans le monde exige un revenu universel de base.

Il est évident et exigé depuis des dizaines d’années que nous devons réagir à la robotisation et mécanisation grandissantes du monde du travail. Elles suppriment des postes de travail rémunérés. L’équation emploi = subsistance n’est plus équilibrée.

Mon avis est que nous devons différencier l’emploi et le travail. L’emploi est un travail rémunéré et le travail représente toute activité qui en grande partie n’est pas rémunérée, mais qui dans la plupart des cas maintient et développe la vie : le soin qui a surtout été développé par les femmes, le travail bénévole, le travail solidaire, le travail artistique bien souvent… mais ce n’est PAS le sujet du jour.

Cette comparaison emploi – travail a été détruite encore davantage par la pandémie. Des millions et des millions de gens veulent travailler mais ne le peuvent pas. Cela signifie inévitablement que nous sommes condamnés à dépendre de l’aide humanitaire ou de la charité là où on peut se l’offrir, ou à mourir de faim.

Il est clair que l’équation emploi = subsistance ne fonctionne plus. Nous devons chercher des alternatives. Des alternatives qui bien sûr nous libèrent. Pas des alternatives qui nous rendent encore plus esclaves, comme c’est le cas avec la plupart des emplois aujourd’hui.

Alors des voix vont s’élever et commencer à exiger un revenu de base comme nous l’avons annoncé.

Nous remarquons que très souvent lorsqu’on parle de revenu de base, il est en fait question de revenus ou d’aides sociaux. Cet amalgame est dans la plupart des cas voulu et utilisé pour brouiller les pistes.

Lorsque l’on parle de revenu de base, j’insiste sur le fait que nous ne parlons pas d’aide pour les plus pauvres, aide qui d’ailleurs laisse la pauvreté revenir de manière chronique. Ce sont les miettes que ce système capitaliste se permet d’  « offrir » à ceux qui sont systématiquement volés, sans aucune honte ni aucune morale. Nous ne sommes pas contre cette aide qui permet aujourd’hui à des millions de personnes de se nourrir, mais nous savons que cette aide signifie « du pain pour aujourd’hui mais la faim pour demain ».

Lorsque nous parlons d’un revenu de base, nous parlons d’un revenu de base universel, inconditionnel, individuel, suffisant et permanent. Nous parlons d’un revenu, une allocation octroyée en principe par l’état, qui serait identique pour toute la population. Des plus riches aux plus pauvres. Nous nous battons pour que ce soit ainsi. Pour que le revenu de base soit UNIVERSEL. Nous voulons faire en sorte qu’il soit reconnu comme étant le premier droit humain. Le droit à l’intégrité, le droit à la vie…

Par ailleurs, il doit s’agir d’un revenu de base INCONDITIONNEL. Il doit être garanti à toute personne, sans avoir à justifier d’un niveau de richesses, d’une aptitude à travailler, etc.

Ce revenu de base doit également être INDIVIDUEL. Chaque individu devrait y avoir le droit, dès lors qu’il est né. Il ne doit pas s’agir d’un revenu familial comme c’est souvent le cas pour l’aide aux « pauvres ».

Lorsqu’on parle d’un revenu de base, on parle d’un apport financier SUFFISANT, qui permet à l’être humain de vivre dans des conditions décentes au niveau logement, alimentation, énergie, etc.

Enfin, nous exigeons que ce revenu de base soit introduit de manière PERMANENTE et que ce ne soit pas une réponse provisoire à la pandémie actuelle par exemple.

En bref, nous parlons de droit. Le droit qui protège chaque être humain à vivre, et à vivre dans des conditions correctes. Nous ne parlons pas de charité ou d’aide pour les pauvres.

Un revenu de base universel, inconditionnel, individuel, suffisant et permanent peut d’ores et déjà être mis en place. Les ressources sont suffisantes pour la première fois dans l’histoire, comme les économistes et les spécialistes ont pu le démontrer dans leurs études, pour que tous les individus puissent vivre dans des conditions de vie décentes.

Pourquoi est-ce que cette prospérité qui ne fait que croître en raison des progrès robotiques et technologiques doit être redistribuée ? Parce que cette richesse nous appartient à TOUS. Deux raisons à cela : il s’agit de la conséquence de l’accumulation du travail effectué par des milliers de générations au cours de l’histoire, et parce que l’ensemble de la population sur la planète y contribue d’une manière ou d’une autre. C’est pour cela que nous parlons d’un revenu, la richesse nous appartient à tous et est rentable, et par conséquent doit nous être redistribuée.

Les humanistes exigent aussi que les machines fassent le travail… Le problème n’est pas l’emploi ou le manque d’emploi, mais d’assurer la survie.

La problématique liée à garantir la subsistance n’est pas le manque de richesses. Le problème, et nous le savons tous, est que cette richesse est détenue par un petit nombre.

Les humanistes du monde ne défendent pas le paradigme économique d’un revenu de base universel et inconditionnel. Mais c’est une étape dans la redistribution des richesses, et OUI, cela pourrait mettre fin à la pauvreté. Immédiatement.

Pour ce faire, nous avons besoin d’une population mobilisée qui s’engage, d’hommes politiques courageux qui veulent passer de la théorie à la pratique.

Un revenu de base va de pair avec une nouvelle vision de l’homme, un homme qui peut montrer ses aspirations sans en avoir honte et sans aucune limite… à partir du moment où cela le libère d’un emploi ou bien d’un manque d’emploi asservissant.

Un revenu de base peut aider à ouvrir la voie vers une société, vers une humanité dans laquelle aucun homme n’est en-dessous des autres. Pour reprendre les mots du penseur Silo  « Traite les autres comme tu aimerais être traité… Et avec cela, nous commençons à nous libérer ». 

 

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Traduction de l’allemand : Frédérique Drouet