ALERTE 17 – Les organisations de défense des droits humains demandent l’intervention humanitaire de l’ONU pour faire face à la gravité de la crise à Guayaquil, qui a un impact direct sur les cantons voisins.

En plus des images de corps abandonnés dans les rues de Guayaquil en raison du manque d’aide du système d’urgence 911, la perte de corps dans les hôpitaux est une autre preuve de l’effondrement du système de santé public en Équateur face à la pandémie COVID-19.

La semaine dernière, le Comité permanent pour la défense des droits humains (CDH) a reçu des plaintes de parents de personnes décédées, notamment à l’hôpital Guasmo Sur de Guayaquil, et qui, après plusieurs jours, n’ont toujours pas reçu le corps de leur proche. Dans certains cas, ils ont dû payer pour récupérer les corps et les enterrer.

L’hôpital général du Guasmo Sur, spécialisé dans les maladies respiratoires après la fermeture de l’hôpital de pneumologie Alfredo Valenzuela, est au centre de ce drame douloureux, qui montre le chaos du système de santé public et la négligence dans l’application des protocoles de gestion des cadavres dans les hôpitaux, et qui, en pratique, constituerait une grave violation des droits humains liés à la dignité de la personne et aux effets traumatisants sur les familles des défunts.

À ce stade, la responsabilité du niveau de contagion ne peut être attribuée au comportement des malades ou des morts. La tragédie que connaît Guayaquil aujourd’hui est le résultat de l’incapacité du gouvernement national, de la mairie, du Comité national des opérations d’urgence (COE), et du système de santé public et privé à prévenir les effets de la contagion, aussi connus dans d’autres continents, et à contrôler non seulement la propagation du virus, mais aussi le taux de mortalité. Cette tragédie a également un impact direct sur les cantons voisins qui dépendent des soins médicaux de Guayaquil, car le système de santé est encore plus précaire pour les endroits éloignés des grandes villes.

Les agents de santé publique et les usagers ont longtemps dénoncé la précarité du service. Ils avaient dénoncé les puissantes mafias qui profitent du trafic de médicaments et de matériel. Ils avaient dénoncé les conséquences de la réduction des budgets pour la fourniture du matériel et les licenciements de personnel médical et administratif. Ils avaient dénoncé les tentatives récurrentes de privatisation des services de santé publique, qui conduisent indéniablement à un déni systématique de soins à la population appauvrie.

D’autre part, la grande inégalité sociale qui se consolide à Guayaquil depuis plus de 40 ans a eu de graves conséquences en cette période de pandémie de COVID-19 : les personnes démunies n’ont aucun moyen de soigner et de guérir les malades atteints du coronavirus ; les hôpitaux ne reçoivent même pas les cas les plus graves et ensuite, lorsque leurs patients meurent, ils n’ont ni argent ni ressources pour les enterrer, car la ville est un chaos de mort et de spéculation dans les cimetières et les entreprises funéraires. Tout un système s’est effondré.

Ainsi, des personnes aux ressources économiques limitées sortent les défunts de chez elles et les laissent dans la rue, parce qu’avant cela, ils ont appelé le 911, le bureau du maire, etc. et personne ne leur a répondu. Les températures à Guayaquil, à midi, peuvent atteindre 38°C, et ces corps dans les rues aggravent l’état de malaise public, qui se multiplie et devient une menace encore plus grande pour toute la population.

En raison de ce qui précède, nous exigeons que le gouvernement national déclare que Guayaquil et les cantons environnants souffrent d’une crise humanitaire, et nous demandons le soutien urgent du système des Nations Unies et d’autres gouvernements. Si cette demande d’aide humanitaire extérieure n’est pas formulée par le gouvernement équatorien, nous demandons une intervention humanitaire urgente de l’ONU.

Il est nécessaire de procéder à l’installation urgente :
1. Des hôpitaux d’urgence;
2. Des instruments et équipements de protection pour le personnel médical, paramédical et infirmier;
3. Des masques, des gants et de l’alcool pour toute la population;
4. D’une usine de production d’oxygène;
5. Des médicaments pour attaquer le COVID-19;
6. Des médicaments pour renforcer le système immunitaire de la population;
7. Des aliments non périssables pour que les personnes pauvres puissent rester chez elles et être mises en quarantaine.

La situation à Guayaquil n’est pas seulement une calamité publique qui a motivé le décret de l’état d’urgence le 16 mars dernier, sans résultat effectif. Aujourd’hui, une aide humanitaire urgente est nécessaire, par l’intermédiaire des organisations internationales, pour faire face à la gravité de cette pandémie.