Évènement culturel annoncé à la dernière minute, une quinzaine d’Artistes en Collectif Autogéré de Bordeaux sont venus réchauffer de leurs chants le hall de départ de la Gare St-Jean. Opération caritative ? Promotionnelle ? Non, c’était leur manière de venir soutenir, sur leur temps libre, en fin d’une semaine chargée, un groupe de cheminots entrés en grève depuis à présent plus d’un mois.

Entre deux blocages, dès le lundi 20, de lycées ou de sites économiques divers, après 3 jours de manifestations syndicales éparses, de happenings, mercredi, jeudi : marche aux flambeaux, un temps fort vendredi, la manifestation traditionnelle du samedi particulièrement mouvementée ce 25 janvier sur Bordeaux, cet évènement dominical semble anodin et est certainement passé inaperçu pour beaucoup d’usagers ou de Bordelais, mais pour ceux qui sont sur le terrain, dans la rue, c’est une preuve de plus que la mobilisation sociale contre le gouvernement d’Emmanuel Macron, face à son indifférence, ses mensonges, sa propagande et la violence déployée pour les intérêts financiers qu’il défend, cette mobilisation indispensable de « la base » ne faiblit pas, bien au contraire, elle grandit, se répand aux différents corps de métier, aux différentes classes sociales, aux différentes générations et dans le temps. Elle s’organise pour continuer chaque jour de la semaine, et ce malgré la répression, l’intimidation, les séries de procès à la limite de l’absurde ou de l’insupportable parfois, dont la liste s’allonge au Palais de justice : de manifestants, ou non, de militants écologistes, de lanceurs d’alerte, de grévistes à présent, procès auxquels il est important également d’être présents : pour montrer la solidarité, la fraternité et la résilience qui apparaissent dans l’adversité.

Tout cela, quel temps cela prend ! Mais justement, outre le geste de solidarité de ces artistes, leur initiative n’est-elle pas à prendre comme une invitation, dans le hall d’une gare, à prendre le temps ? Pourquoi ne prenons-nous pas tous ce temps ? Un temps pour soi-même et un temps pour les autres, pour écouter de la musique, chanter, danser, discuter, rêver, réfléchir, vivre tout simplement. Quand nos besoins vitaux sont satisfaits (manger, boire, dormir) pourquoi ne prenons-nous pas tous ce temps tout le temps, à chaque instant ? Pourquoi avons-nous peur, par exemple, de nous arrêter de « travailler », de faire grève ? Servitude volontaire ? Conditionnement des gens pressés de notre « moderne » société où notre identité passe par notre fonction professionnelle et parce que le temps, c’est de l’argent ? Nous courons après le temps, à côté d’autres gens, qui eux, survivent, dans le hall d’une gare…

Je remercie donc ces artistes engagés, aux gilets jaunes, aux cheminots, aux avocats, aux professeurs, à tous les grévistes et militants pour leur détermination, leurs actions, les rencontres, les réflexions occasionnées et leur temps.

Et soyons patients. A chacun de mener ses propres réflexions, de choisir à quoi consacrer son temps, selon l’urgence qu’il ressent ou non; à chacun de choisir ce qu’il préfère : subir, attendre de tomber au fond de cette marmite planétaire qui bout à feu doux, ou agir et dans le deuxième cas, trouver son mode d’action ou d’expression la plus en adéquation avec sa nature, pour qu’ensemble, enfin, bientôt! nous puissions renverser cette marmite et en sortir ou en éteindre le feu.

Maggy ROEUNG

 

Merci à Xavier pour les photos et à toutes les personnes rencontrées ce jour-là. Merci pour leur compréhension, par rapport à la date tardive et déjà avancée dans la semaine de la parution de cet article…

Contact : Artistes en Collectif Autogéré de Bordeaux

 

Vidéo de « l’Art soutient la grève » : Anne, Anaïs, Lionel et Christopher

Cliquer sur l’image pour visionner la vidéo.

Réforme des retraites
manifestation d’une chorale à la gare Saint Jean à Bordeaux

https://youtu.be/-qSXQb-IltA