Voici ce témoignage, très impressionnant et ‘révélateur’, d’un chef de service de pédiatrie d’un hôpital de la région parisienne.

Que dire de l’État français qui, tout en engageant 30 milliards d’euros pour renouveler (encore !) son armement nucléaire, laisse des hôpitaux, avec leur personnel médical et leurs patients dans un tel état !!! ?

Pourrait-on imaginer une action militante efficace, en s’appuyant sur des témoignages comme celui-ci ?

A diffuser, en y associant le lien vers la pétition de change.org. Elle en est à 295.000 (29/01), si on arrive à 500.000, on peut saisir le Conseil Économique et Social.

NB : IDE = infirmière, USC = Unité de Soins Continus, c’est à dire des lits dédiés aux enfants les plus malades avec normalement plus d’infirmières, 28 SA = 28 semaines d’aménorrhée soir environ 6 mois 1/2 de grossesse.

Témoignage

« … Je n’ai pas eu le temps de vous répondre dans la journée, faute de temps.
Je n’arrive plus à envoyer des mails non urgents que tôt le matin (avant de mettre les pieds dans le service) ou tard le soir (après avoir quitté le service).

Bien sûr que je suis d’accord pour témoigner.

Je pourrai même faire témoigner mes collègues pédiatres, mes IDE (infirmières) et auxiliaires, qui n’en peuvent plus alors que nous ne sommes que le 3 décembre !! Il leur reste encore deux ou trois mois très tendus à tenir. Le service de pédiatrie a perdu à partir de la fin de l’hiver dernier 30% de ses IDE expérimentées et puis sa cadre de santé également suite à la gestion calamiteuse de l’équipe paramédicale imposée par la direction des soins.

Aujourd’hui, je me retrouve avec une équipe composée d’un tiers de nouvelles IDE dont certaines, tout juste sorties de l’IFSI (Institut de Formation en Soins Infirmiers) en septembre dernier. Et pour compenser le manque d’effectifs, la Direction des soins me propose des IDE de renfort ou des vacataires dont certaines ne connaissent rien à la pédiatrie.
Pire encore, dans son dernier mail, Mr D…  me demande de proposer aux internes d’aider les infirmières à surveiller les bébés !!!
Dans quel hôpital sommes-nous ?

Je vous laisse deviner la réaction de ces jeunes infirmières face à un bébé de 3 ou 4 kg qui suffoque brutalement à cause de sa bronchiolite et qu’il faut intuber rapidement et brancher à un respirateur en attendant l’arrivée du SAMU pédiatrique qui est bloqué avec le transfert d’un autre patient ailleurs.

Le malaise a maintenant atteint les jeunes pédiatres de l’équipe qui n’ont pas l’habitude de la réanimation, qui viennent pleurer dans mon bureau à cause du stress et qui renoncent à assurer leur garde 3 heures avant par peur de voir un enfant décompenser ou un grand prématuré naître à moins de 28 SA pendant leur garde (N.d.E. 28 semaines d’aménorrhée, soit environ 6 mois 1/2 de grossesse).

Le week-end dernier je n’étais pas censé travailler. Mais comme le service était plein avec beaucoup de bébés instables en USC (Unité de Soins Continus), je suis venu aider ma jeune collègue qui était prévue pour faire la visite ce week-end. Et heureusement que je suis venu car un nourrisson de 4 mois a failli faire un arrêt respiratoire et nous avons dû l’intuber in extremis. Elle m’a dit “heureusement que tu étais là. Je ne sais pas comment j’aurai fait avec cet enfant. Et il faut bien sûr s’occuper des 28 autres enfants du service dont 8 en USC !

Et ce n’est pas fini. Car ensuite, j ’ai passé plus d’une heure et demie au tel pour trouver une place en réanimation pour accueillir ce bébé.  Devinez où ?  A Amiens !
La maman a fait un malaise lorsque les IDE lui ont dit que la seule place disponible était à Amiens.

Nous ne travaillons plus dans des conditions de sécurité, ni pour les patients ni pour les soignants ni pour nous autres, médecins !!!

Je ne peux plus continuer à cautionner ce système qui est en train de nous broyer et cette direction qui n’en fait qu’à sa tête.
Je ne peux plus supporter le malaise de certains de mes collègues ni celui des soignants.
Je ne tiens pas à voir décéder à bébé dans mon service par manque de moyens.
C’est pour cela que je pense à démissionner de mes fonctions de chef de service.

Je vous remercie encore pour votre écoute et votre soutien … »