Lors de la manifestation contre le projet de loi des retraites du 24 janvier 2020, Laurence Laborde co-secrétaire FSU Gironde, a refait le calcul du montant des retraites en l’illustrant de cas concrets.

Alors, les femmes sont-elles les grandes gagnantes de cette réforme comme le prône le gouvernement ?

Crédit vidéo : Xavier Foreau

Discours de Laurence Laborde

« Quand nous avons entendu Edouard Philippe dire que les femmes seront les grandes gagnantes de la réforme Macron, avec mes copines nous nous sommes précipitées sur le projet de réforme pour voir ce qui allait se passer pour nous, sachant qu’aujourd’hui les retraites des femmes sont inférieures de 30% à celles des hommes.

Et voilà ce qu’on a vu ! »


« Agnès est caissière à Auchan, en temps partiel imposé. Elle  n’aura pas de carrière complète quel que soit  l’age auquel elle partira (sauf peut être à 80 ans).

Les 1000 euros de retraite minimum, ce n’est pas pour elle.

Seule dans ce cas Agnès ? Et non, 40% des femmes ont une carrière incomplète. »


« Soazic est aide soignante.

La fin des régimes dits « spéciaux » c’est cinq années de plus à l’hôpital, pour un travail qu’elle aime mais qui épuise son corps et son esprit.

Seule dans ce cas Soazic ? Pas du tout, Elle fait partie des 400 000 infirmières, sage femmes, aides soignantes qui partent aujourd’hui à 57 ans et devront atteindre 62 ans. »


« Je suis professeure des écoles. Je ne touche aucune prime, leur intégration dans le calcul de la pension ne me concerne pas.

Seule dans ce cas ? 2/3 des primes de la fonction publique sont versées à des hommes. Leur intégration dans le calcul des pensions ne va pas réduire mais creuser l’écart entre ma retraite et celle des mes collègues hommes. »


« Françoise est vendeuse à temps partiel. Elle a 55 ans, son mari vient de décéder. Elle ne touchera sa pension de réversion qu’au moment de son départ à la retraite (à 64 ans si elle ne veut pas de décote)

Seule dans ce cas Françoise ? : Surement pas, 100 000 femmes touchent une pension de réversion entre 55 ans et 64 ans actuellement et ne la toucheraient pas avec la réforme Macron. »


« Christine a 45 ans avec deux enfants encore à charge. Elle a interrompu sa carrière à plusieurs reprise pour suivre son mari. Ils viennent de divorcer et Christine touche une pension alimentaire en raison de son faible revenu. Si son mari décède, elle ne touchera plus rien puisque la pension de réversion est supprimée en cas de divorce

Seule dans ce cas Christine ? 45% des mariages se terminent par un divorce. »


« Nathalie est agent administratif dans un collège. Elle a débuté au SMIC et terminera à 1724 euros. Le calcul de sa pension sur toute sa carrière et non les six derniers mois va entraîner une perte sèche de plusieurs centaines d’euros du montant de sa retraite déjà peu élevés.

Seule dans ce cas Nathalie ? Et non ! 63% des fonctionnaires sont des femmes. »


« Et oui, Emmanuel Macron et Edouard Philippe n’ont oublié qu’une chose : l’école publique a fait des miracles : tout le monde sait lire… même les femmes.

Les Grandes Gagnantes ont tout compris. Du coup, elles sont de plus en plus nombreuses dans la rue, visibles, déterminées, prêtes à témoigner de leur quotidien et de l’avenir de misère que leur prépare cette réforme, et prêtes à se battre.

Alors Macron tu sais ce qu’elles te disent les Grandes Gagnantes ? »

 

Remerciement à Laurence Laborde.