Alors que les préoccupations sur le changement climatique s’intensifient, le débat sur la question démographique a également commencé : notre planète peut-elle nourrir 8 milliards d’êtres humains ? Il n’est pas facile de répondre à cette question par un simple oui ou non, en fonction d’un grand nombre de facteurs interdépendants et du niveau de consommation que chacun d’entre nous juge nécessaire pour soi. Et combien d’espace voulons-nous ? ou Avons-nous besoin de laisser des formes de vie non humaines sur notre planète ?

En attendant, nous devons dissiper certains malentendus : ceux qui veulent s’attaquer au problème démographique ne veulent pas produire un génocide ou procéder à une stérilisation de masse dans les pays du tiers monde. Malthus lui-même, qui a donné son nom au courant souvent vitupéré du néomalthusianisme, étant un bon pasteur anglican, prêcha en 1800 la chasteté pour limiter la croissance démographique. Les temps ont changé et la population est passée d’un milliard à l’époque à près de 8 milliards aujourd’hui, soit huit fois plus en deux siècles. Aujourd’hui, nous avons beaucoup d’autres éléments – et nous vivons dans un monde qui a radicalement changé – pour répondre à la question sur la population mondiale.

Comment peut-on mesurer si un pays a atteint le niveau de surpopulation ? Lorsqu’on n’est plus en mesure de répondre aux besoins de sa population et l’on doit recourir à des importations massives de nourriture et d’énergie en provenance de l’étranger. C’est le cas du Royaume-Uni, qui ne produit aujourd’hui que 52 % des aliments (et 64 % de l’énergie) qu’il consomme. Le niveau de surpopulation dépend également de nombreuses variables. Soit le Royaume-Uni réduit le gaspillage de nourriture et de ressources diminuant ainsi sa consommation, soit il doit donner naissance à moins d’enfants (mieux les deux), sinon il devra nécessairement vivre aux dépens d’autres pays et continents qui auront moins de ressources disponibles pour leur propre population locale.

Peut-être devrions-nous préciser que l’expression « croissance zéro », généralement perçue comme négative, ne signifie pas qu’il n’y a plus d’enfants. En fait, cela représente une condition optimale de stabilité, dans laquelle le nombre de naissances compense parfaitement le nombre de décès.

Il est vain de se demander « qui est en trop » ou de pointer du doigt quelqu’un (qu’il s’agisse d’une société de consommation occidentale ou de peuples du tiers monde dont la population augmente rapidement). Nous devons coopérer à l’échelle mondiale pour sortir de la crise environnementale qui afflige notre planète, en impliquant toutes les populations dans un processus démocratique basé absolument sur le volontariat et la compréhension, et non sur la répression.

Pour les populations du tiers monde, avoir des enfants est souvent le seul espoir d’avoir une chance de survie. En fait, le taux élevé de mortalité infantile et l’absence de systèmes de retraite qui garantissent aux personnes âgées une vieillesse digne, ainsi que le manque d’autodétermination des femmes, entraînent des taux de croissance démographique très élevés en Afrique subsaharienne. Aujourd’hui, la population croît rapidement dans les bidonvilles du Tiers-Monde, dans des environnements fortement urbanisés. Le Bangladesh a une densité de population de 1 145 habitants par km2, soit plus de 4 fois celle du Royaume-Uni.

Lagos, la capitale du Nigeria deviendra d’ici 2060 la plus grande ville du monde, avec près de 60 millions d’habitants (actuellement environ 21 millions). Tripler rapidement la population d’une agglomération urbaine ne crée pas de chances de survie, au contraire, elle les réduit. Comment assurer l’approvisionnement en eau potable et en nourriture de tous, concentrés dans l’un des coins les plus pauvres et les plus défavorisés de la planète ? Cette question nous concerne, même si nous vivons loin.

Enfin, dans l’examen de la question démographique, il faut nécessairement tenir compte du monde non-humain, c’est-à-dire de toutes les formes de vie et de leur droit d’exister : les animaux, les plantes et les phénomènes que nous considérons normalement inertes, mais qui, selon les études croissantes du monde scientifique, ne le sont pas : la terre elle-même, les nuages, l’eau, voire les pierres. En tant qu’espèce humaine, nous ne pouvons pas considérer que 100% de la planète est exploitable pour nos besoins. La disparition des forêts, des zones humides et des zones sauvages (et l’extinction massive de nombreux animaux et plantes qui en résulte) menace à long terme la survie de notre propre espèce humaine.

La nécessité de passer d’un système économique capitaliste-compétitif à un système décentralisé et coopératif est plus urgente que jamais. Dans ce contexte, quelles mesures devrait prendre la nation humaine, dont nous faisons tous partie, face à la question démographique pour faire face aux grands défis de l’avenir ?

Dans les pays occidentaux

– Réduire le gaspillage de nourriture, de ressources naturelles et d’énergie (décroissance) et améliorer l’éducation dans les écoles sur ces questions.

– Passer à des aliments moins à base de viande (l’élevage a un impact environnemental très élevé).

– Accepter une légère diminution graduelle de la population locale comme facteur positif.

– Accueillir les migrants comme s’ils étaient nos enfants, au-delà des différences ethniques, culturelles et religieuses.

– Mettre fin à la consommation de terres qui bétonne les zones rurales, et protéger les forêts

– Coopérer avec les organisations internationales pour aborder la question démographique avec les pays pauvres.

– Lancer et poursuivre d’intenses campagnes de sensibilisation, de dénonciation et de pression sur le rôle des multinationales et des puissances économiques, militaires et financières dans la détermination des inégalités et de la pauvreté.

Dans le Tiers-Monde

– Mettre fin à l’accaparement des terres, à l’expropriation des populations locales et au vol des ressources par les multinationales et les pays étrangers.

– Étudier les moyens de diffuser les contraceptifs par le biais de méthodes volontaires.

– Élire des gouvernements démocratiques et non corrompus capables de mettre en œuvre des mesures sociales et une plus grande autodétermination pour les femmes.

– Arrêter la déforestation.