Dimanche 24 novembre 2019, à St-Médard-en-Jalles, près de Bordeaux, le CDK-B (Conseil Démocratique Kurde de Bordeaux) a célébré le 41ème anniversaire du PKK, le Parti des Travailleurs Kurdes co-fondé le 27 novembre 1978 par Abdullah Öcalan.

Salle comble (la communauté kurde bordelaise réunit près d’un millier de personnes) pour une fête traditionnelle très familiale, haute en couleurs, et après plus d’un mois de manifestations contre l’intervention armée de la Turquie au Rojava, suite au retrait des Etats-Unis de cette région, quel meilleur hommage à leurs confrères et consœurs menacés par les tirs ? Quelle meilleure réponse de la part de cette communauté kurde en exil, comme de la part de tout peuple ayant subi un conflit armé, la répression, un programme d’assimilation ou d’extermination, quelle meilleure preuve de résistance que de se réunir, cuisiner, chanter, danser et partager, transmettre, affirmer son identité culturelle et continuer d’exister et de vivre ?

Beaucoup ne comprennent pas pourquoi il est important de soutenir le Rojava : s’il est vrai que la « question kurde », lointaine, est complexe à appréhender, lorsque déjà, il est difficile de s’informer correctement sur ce qui se passe dans son propre pays, peu savent le modèle que représente aujourd’hui le Rojava, ou Kurdistan syrien autonome, en termes d’organisation alternative fondée sur la démocratie directe et participative, l’égalité hommes-femmes, l’écologie sociale et le multiculturalisme. Si le PKK, à ses débuts était, et est encore considéré comme terroriste par beaucoup de pays, rappelons simplement son changement idéologique depuis 2005, lié aux réflexions de son dirigeant principal, Abdullah Öcalan, dont les échanges avec le fondateur du municipalisme libertaire, Murray Bookchin, entre autres, inspirèrent le confédéralisme démocratique appliqué au Rojava.

Rappelons en passant que Abdullah Öcalan, capturé par les Turcs en 1999 est encore détenu dans l’île-prison d’Imrali au nord de la Turquie, et que si les kurdes, un des plus anciens peuples natifs du Moyen-Orient, ont pu récemment forces de Daesh, c’est grâce à leurs milices organisées armées, notamment les Forces de Défense des Femmes. Aujourd’hui, 25 à 35 millions de kurdes vivraient actuellement en Irak, en Iran, en Syrie et principalement en Turquie. Alors, quelle menace représente effectivement le Rojava pour le président Erdogan, le régime turc et autres Etats‑Nations impérialistes à la soif d’hégémonie inextinguible ?

Ne soyons plus dupes, comme les kurdes, n’attendons rien de cette « people politique » mondialisée et inspirons-nous d’eux, du Rojava.

Merci aux kurdes de leur accueil, leur leçon de dignité et d’espoir.

Et merci à Xavier de m’avoir accompagnée dans cette aventure culinaire, sonore et culturelle.