Ce mercredi 9, vers midi, des nouvelles ont commencé à circuler sur les réseaux sociaux qu’un groupe de femmes autochtones occupait pacifiquement un secteur du ministère de l’intérieur. Arrivant de différentes provinces, elles ont exigé d’être reçues par le ministre Rogelio Frigerio.

Clarifiant la raison de cette mobilisation, la référente mapuche Moira Millán a déclaré : « Nous exigeons que le ministre de l’Intérieur vienne dialoguer avec nous car nous apportons des dénonciations, des revendications et des propositions pour nos territoires ».

Argumentant que Frigerio n’était pas à Buenos Aires, le personnel du ministère a proposé d’entamer le dialogue. Les femmes ont refusé, exprimant leur détermination à rester sur place. Devant l’insistance de l’un des fonctionnaires de « pré-informer le ministre », Moira a proposé :

« Si vous voulez pré-informer et dire quelque chose, dites-lui que nous sommes venues dénoncer les disparitions forcées de membres des communautés – il en est sûrement conscient – que nous sommes aussi venues dénoncer le meurtre, les personnes engagées par les transnationales extractives qui mutilent, violent et assassinent fondamentalement les femmes autochtones, et que nous sommes également venues dénoncer toute la politique répressive du terrorisme sur nos peuples et sur nos corps, en particulier sur les femmes indigènes. Et pendant que nous venons dénoncer tant de douleur, dites au ministre que nous venons avec des propositions qui seraient fondamentales à inscrire à l’agenda politique parce que nous, avec nos corps, avec nos connaissances, défendons la vie dans les territoires et nous sommes les principales artisanes et gardiennes de la vie dans nos territoires. Et c’est notre contribution à la lutte contre le changement climatique. »

« Dites au ministre que nous venons avec une bonne disposition à mettre un ordre du jour catégorique. Il a une occasion historique. Jamais, depuis la formation de l’État jusqu’à ce jour, aucun gouvernement n’a répondu à nos demandes, respecté nos droits. »

« Ce n’est pas une question de gouvernement. Il s’agit d’un État historiquement raciste. Les gouvernements précédents, comme celui-ci, ont été criminels et génocidaires, et les politiciens et les candidats qui viennent contester le pouvoir de ce gouvernement ne parlent pas non plus du programme pour les indigènes ou de l’environnement. Nous sommes préoccupées par le fait que la mort continue d’être perpétuée en tant que modèle de développement économique. »

Les fleurs autochtones ont rendu public un document dans lequel elles expriment leurs revendications et leurs aspirations.

A la tombée de la nuit, elles ont publié un nouveau communiqué qui exprime :

« Les femmes autochtones auto-convoquées des territoires en conflit attendons depuis près de 6 heures le ministre de l’Intérieur Rogelio Frigerio afin de présenter nos dénonciations et revendications. Il y a eu un triste défilé de fonctionnaires de rang très inférieur qui essaient de nous convaincre de quitter le bâtiment pour avoir des réunions stériles avec eux. Nous ne partirons pas. Nous en avons assez de la répression, des expulsions, des morts, de la destruction et de la contamination de nos territoires. Nous ne partirons pas tant qu’un État, et non un gouvernement, ne nous donnera pas de réponses concrètes et définitives à nos demandes. Nous ne sommes pas effrayées, nous n’avons pas peur, nous sommes juste très indignées et dignes de rage. Nous ne venons pas seules, la terre que nous habitons et les énergies qui nous habitent nous accompagnent. Ici, nous sommes fermes et sur nos pieds. Nous exprimons notre solidarité avec les peuples qui résistent, comme le peuple équatorien. Nous continuerons à vous attendre, Monsieur le Ministre. »

Signature du comité des femmes autochtones auto-convoqué : Nation Mapuche Lof Pillan Mahuiza, Chubut ; Nation Mapuche-tehuelche Lof Newen Tuaiñ Inchin, Chubut ; Nation Qom Barrio NanQom, Formosa ; Nation Moqoit, Tostado ; Nation Mbya Guaraní Mbokajyty 2, San Ignacio, Misiones ; Nation Tapiete, Tartagal, Salta ; QOM Nation Rosario.

Au moment de la rédaction de ce texte, elles demandaient l’appui de personnes et de groupes d’amis pour ce qu’elles considéraient comme une expulsion imminente du ministère.