Le sommet du processus de coopération de l’Europe du Sud-Est (SEECP), qui s’est tenu à Sarajevo les 8 et 9 juillet 2019, s’est engagé depuis 1996 à encourager les progrès dans le processus de coopération régionale et de collaboration entre les pays des Balkans occidentaux et d’Europe du Sud-est. Il s’agit d’un processus de construction d’un environnement de coopération et de stabilité régionales dont les objectifs stratégiques sont de renforcer la sécurité et la stabilité dans la région, d’améliorer les relations économiques et la coopération régionale, notamment dans les domaines du développement des ressources humaines, de la consolidation des institutions démocratiques et de la lutte contre la criminalité organisée.

Bien que l’on travaille en synergie avec d’autres institutions régionales et multilatérales et, en particulier, en vue de la rapprocher des institutions de la Communauté européenne, il s’agit d’une initiative régionale autonome, fondée sur un projet de plusieurs pays de la région, puisque les pays inspirateurs et fondateurs sont la Serbie (1996), la Bosnie-Herzégovine, la Bulgarie, la Roumanie, la Macédoine, la Grèce et la Turquie ; d’autres pays se sont ajoutés les années suivantes et qui couvrent aujourd’hui l’Europe du Sud-Est dans sa totalité.

Un format dont la composition a donc traversé certains des moments les plus importants, souvent dramatiques, des événements historiques les plus récents de la région : de l’immédiat après-guerre bosniaque au déclenchement de la guerre du Kosovo, des événements dramatiques du 5 octobre 2000 à la fin de l’expérience historique de la Yougoslavie, de l’indépendance du Monténégro à la sécession du Kosovo, de l’entrée des pays de l’Est de l’Union européenne au plus récent développement des relations régionales, plus récemment le dernier accord entre la Grèce et la Macédoine du Nord. Il y a donc beaucoup de contrastes et de conflits qui se sont croisés et continuent de se croiser à bien des égards dans la région, tout comme de nombreux différends et controverses qui continuent de marquer les relations politiques et diplomatiques entre les différents pays.

La dernière preuve en est la veille du sommet de Sarajevo : la Bosnie-Herzégovine, pays hôte, en effet, selon les déclarations à la presse de Milorad Dodik, président de la présidence tripartite bosniaque, a invité le Kosovo à travailler « selon le format prévu pour ces rencontres internationales », c’est-à-dire comme un sujet institutionnel non étatique, avec le nom de la région et une étoile qui précise cette désignation conformément au droit international.

En fait, l’accord officiel entre Belgrade et Prishtina remonte à 2012, dans le cadre du dialogue bilatéral, médié par l’Union européenne, pour le règlement des questions relatives au statut et pour l’avancement des relations entre les deux « capitales », qui régit la manière dont le Kosovo peut participer aux sommets régionaux, signer des accords et intervenir pour son compte dans ces forums. Le « nom à utiliser » est « Kosovo* » où l’astérisque renvoie à la note qui clarifie la position internationale de la région : « Ce nom n’implique aucune position sur le statut et est conforme à la résolution 1244 du Conseil de sécurité des Nations Unies de 1999 et à l’avis de la Cour internationale de Justice de 2010 sur la déclaration d’indépendance du Kosovo ».

Toutefois, l’adoption de ce nom, conformément au droit international, par la Bosnie-Herzégovine, a déclenché la réaction des autorités kosovares, qui ont décidé de ne pas participer aux travaux du sommet. Bien que la presse ait accordé une grande importance aux plaintes diplomatiques, le sommet s’est conclu par une déclaration finale soulignant la nécessité d’une approche globale du processus d’intégration européenne, ainsi que dans les domaines du développement, de la sécurité et de la stabilité.

Il affirme que « le renforcement de la coopération économique est très important, notamment en termes de croissance économique, de développement durable et de prospérité pour tous les citoyens de l’Europe du Sud-Est  » et que « la sécurité de l’Europe du Sud-Est est une condition préalable fondamentale pour la sécurité et la stabilité du continent », notamment dans les domaines de la lutte contre le terrorisme, le radicalisme et le crime organisé, avec un accent particulier sur la traite des êtres humains, les conditions inhumaines de travail, le trafic d’armes et de munitions, le blanchiment de capitaux et la corruption. Enfin, il affirme que « la perspective européenne représente la garantie de la paix et de la stabilité dans la région des Balkans ».