Samedi 27 avril, Pressenza Francophone a organisé un événement à Bordeaux, au cinéma Utopia, pour les 10 années d’existence de l’agence.

Suite à la projection de film de Flore Vasseur « Meeting Snowden » et au débat, nous avons interviewé François PELLEGRINI, professeur à l’Université de Bordeaux.

Jean-Marc DUNET : On vient de visionner le film « Meeting Snowden », il y a beaucoup de choses dans ce film : liberté de la presse, liberté des médias, liberté d’informer, droit de savoir, lanceurs d’alerte, démocratie ; comment mets tu ces éléments en relation ?

François PELLEGRINI : Je pense qu’ils sont intimement liés. D’abord je tiens à dire que c’est vraiment un très beau film, parce que c’est à la fois un film intimiste, et qui ouvre les fenêtres sur le monde entier. Et la conversation finale de Snowden, où il parle de ce que c’est qu’être humain, est aussi un point d’orgue qui apaise. Comme cela a été dit pendant le débat, c’était à la fois un film qui révèle des choses inquiétantes, mais qui donne de l’espoir parce qu’effectivement n’importe qui, n’importe quel humain, à un moment donné peut dire : non, le monde dans lequel on vit ne me plaît pas et je décide, moi, d’agir, sans garantie de succès, simplement parce que ne pas agir est pour moi plus atroce qu’agir.

JMD : On disait que les choses évoluent rapidement, que ce qui se passe maintenant n’était pas prévisible il y a quelques années. Est ce que tu peux décerner une tendance qui donne espoir ?

FP : Je ne sais pas si maintenant on est dans cette dynamique d’espoir. Ce que je peux dire c’est qu’on est dans une situation qui est critique avec une rigidification des structures en place et une tendance au contrôle généralisé. Et chaque fois que cela s’est vu dans l’histoire, c’était parce que bouillait sous la marmite des volontés de changement. Une société évolue par nature, là aussi c’est dit dans le documentaire, la vie c’est dynamique et donc toute société évolue ; une société qui cherche à ne pas évoluer est une société qui se condamne. Finalement ce qui apparaît dans le documentaire c’est qu’on est dans une phase de rigidification, et que les ferments de changement cherchent à s’exprimer. Ce qu’il faut c’est que justement cela ne se fasse pas trop par la violence.

JMD : Et cela tu le vois à l’échelle planétaire ?

FP : Oui, bien sûr. On a pu citer le printemps arabe, on peut voir ce qu’il se passe en Algérie, à chaque fois finalement l’humain est placé face aux mêmes nécessités et aux mêmes dynamiques sociétales. Donc oui, cela se voit, maintenant qu’on est dans un monde de plus en plus connecté il est facile pour les gens de voir ce qui se passe ailleurs. Ce qui nécessite d’ailleurs l’accès aux réseaux numériques, et de le garantir. Mais l’information trouve un moyen de circuler et à un moment donné elle peut faire tâche d’huile et faire en sorte que des gens décident de passer à l’action, parce que c’était la petite étincelle qui leur manquait.

 

Nous remercions François Pellegrini pour sa participation au débat et à cette interview.

 

Plus d’information sur les événements Pressenza 10 ans à Bordeaux :

1/ [10 ans Pressenza – Bordeaux] Expo photo et projection débat

2/ Interview :  « Nous sommes dans une phase de rigidification, les ferments de changement cherchent à s’exprimer », François Pellegrini

3/ Accès du citoyen à l’information : interview de Patrick Maupin, de Greenpeace

4/ Interview : Korbak, d’Aquilenet : internet, un outil démocratique