Baltasar Garzón, avocat et coordinateur de la défense de Julian Assange, à Madrid, à 18.00h ce 13 avril a donné une conférence de presse, pour répondre aux doutes soulevés par l’arrestation de Julian Assange à l’ambassade de l’Équateur à Londres.

Tout d’abord, Baltasar Garzón s’est montré très préoccupé par le fait que le gouvernement équatorien, et en particulier son Président, n’a pas dit la vérité dans le communiqué publié au sujet des arguments avancés pour l’expulsion de Julian Assange et pour la fin de son asile :

« La menace contre Julian Assange pour des raisons politiques, la persécution des Etats-Unis, est plus valable que jamais. WikiLeaks a récemment été qualifié d’organisation terroriste. Le risque n’a pas non plus été réévalué. La validité de la nécessité de l’asile n’a pas été contredite, en violation de la réglementation régissant ce droit. De même, les normes mêmes de la Commission interaméricaine des droits humains ont été violées, devant laquelle nous avons déposé une demande de mesures conservatoires qui, bien qu’elles n’aient pas été acceptées, la Commission a clairement indiqué que l’Équateur ne pouvait manquer de garantir le non-refoulement sans une nouvelle évaluation contradictoire de la disparition du risque fondé qui l’avait accordé ».

En raison de ce manquement, une plainte a de nouveau été déposée ce 13/04 auprès de la Commission interaméricaine, dont les résolutions lient l’Équateur et l’obligent donc à les respecter. En outre, Baltasar Garzón a ajouté : « l’avis consultatif rendu par la Cour interaméricaine, à la demande de l’Équateur, est parfaitement clair, c’est-à-dire que l’interprétation que le Président Lénine Moreno a faite de l’asile est arbitraire et non cohérente, il a cessé de le protéger, comme il y était tenu ».

Baltasar Garzón, a affirmé qu’il n’est pas vrai que Julian Assange n’a pas respecté les mesures du protocole de cohabitation et que, en tout état de cause, aucune norme internationale ne prévoit que, pour non-respect d’un protocole de cohabitation, l’on puisse expulser et mettre fin unilatéralement au bénéfice de l’asile.

« Deux résolutions du Groupe de travail sur la détention arbitraire de 2015 et 2018 ont insisté sur la nécessité de protéger Julian Assange. Le 25 de ce mois-ci, le rapporteur de l’ONU sur la protection de la vie privée allait rendre visite à Julian Assange à l’ambassade et nous ne doutons pas que cette mesure hâtive visait également à empêcher cette rencontre du rapporteur avec Julian Assange.

La situation est très grave parce que, comme cela a été exposé lors d’une conférence de presse ce 12/04 par WikiLeaks, cette organisation, Julian Assange, ses défenseurs, avocats et autres, ont subi une attaque informatique avec des infiltrations massives et l’invasion des données des réunions qui ont eu lieu dans l’ambassade, afin d’obtenir des documents et vidéos et audio des réunions et de la vie dans la légation. Pour toutes ces raisons, une action en justice sera engagée immédiatement. Les instances correspondantes ont déjà été informées. Il y a même eu une tentative d’extorsion avec identification de personnes spécifiques.

En ce qui concerne la situation personnelle de Julian Assange, il y a un an et deux mois, il a été présenté à la juge de Webminster la possibilité de rendre compte de la violation de la mesure conservatoire de liberté surveillée avec un bracelet de cheville, qu’il avait depuis 2010 lorsqu’il est entré à l’ambassade d’Équateur en juin 2012. Par conséquent, rien à dire au sujet de la décision judiciaire dans ce cas particulier. Nous le contesterons, si nécessaire, par les moyens procéduraux correspondants.

Nous ferons tout ce qui est nécessaire au niveau national et international pour défendre les droits de Julian Assange car nous comprenons qu’il s’agit d’une persécution politique claire qui part précisément de la publication massive par WikiLeaks en 2010 d’informations très sérieuses, offensantes pour les droits humains, clairement définies comme processus de corruption et crimes graves pendant la guerre en Irak. C’est pourquoi le gouvernement équatorien, le président Rafael Correa à l’époque, lui a accordé un asile qui a été maintenu jusqu’à présent, et arbitrairement, par la main du président Moreno, il a été supprimé. »

En ce qui concerne la suspension de la nationalité équatorienne accordée à Julian Assange depuis plus d’un an, Baltasar Garzón affirme qu’il s’agit d’un événement très grave et qu’il s’est déroulé sans respect pour aucun type de procédure. Ainsi, toutes ces circonstances seront également enregistrées devant la justice équatorienne et, « en résumé, nous pensons qu’une personne qui avait obtenu l’asile politique a été mise en danger et s’est conformée, malgré ce qui est dit unilatéralement au sens contraire par le gouvernement et, surtout aujourd’hui, par le Chancelier devant l’Assemblée nationale, à des accusations aussi graves que celles qui sont opposées à Julian, à toutes ces conditions. Ce que vous ne pouvez pas faire, c’est kidnapper l’opinion d’un journaliste. »

Enfin, Baltasar Garzón a affirmé que l’accusation selon laquelle Julian Assange est à l’origine des fuites des INApapers et d’autres documents est totalement fausse, puisque Julian Assange n’était plus éditeur de WikiLeaks à cette époque et que cette plateforme l’a radicalement démentie.