Nous avons rencontré Effy à Athènes en octobre 2015, à l’hôtel où nous étions logés. Au travers de nos échanges nous lui avons raconté le pourquoi de notre présence en Grèce. Sur tous les fronts, à l’accueil, au téléphone, la nuit ou le jour en fonction de son planning de travail ; toujours disponible et bienveillante pour chacun, elle a été une présence chaleureuse, à l’écoute et une aide pour nos déplacements. Il nous a semblé évident de lui donner la parole, de l’écouter à notre tour. Effy travaille beaucoup, élève son enfant. Elle est à l’image de la Grèce, courageuse, accueillante et affronte le monde, son monde avec détermination et douceur. A ce moment là, fin octobre 2015, Effy avait un temps d’avance sur le futur. En effet depuis le 17 novembre 2018, chaque samedi, des milliers de femmes et d’hommes manifestent dans de nombreuses villes de France se réappropriant l’espace public pour dénoncer la violence sociale, économique de cette système où l’argent est plus important que l’humain.

 « Oui c’est le temps du réveil, c’est un moment très bien pour cela, très, très bien et je crois que c’est la même chose pour les autres pays, pas seulement en Grèce. Je crois que ce réveil se produira dans d’autres pays peu à peu ».

Interview de Effy (durée 7:05)

Interview

Je m’appelle Effy, je suis grecque, je vis en Grèce et je vis une période très difficile en Grèce. J’espère que les personnes d’autres pays comprendront que les conditions en Grèce ne sont pas si faciles et que le plus important est que nous ne sommes pas des paresseux.

Est-ce que votre vie et votre mode de vie ont changé entre le moment avant la crise et aujourd’hui ?

Personnellement, ma vie n’a pas changée parce que j’ai l’habitude de travailler beaucoup, beaucoup plus que la normale, la seule différence est que maintenant je travaille juste pour survivre et pour payer beaucoup d’impôts. Et pour payer ma vie, je ne fais que travailler et rien d’autre.

Et la façon dont tu vis ta vie… Je veux dire, es-tu plus combative maintenant, plus impliquée dans la société, avec les gens ou moins impliquée ?

Non, j’ai confiance, je crois que nous pouvons faire un changement, pas seulement en Grèce, parce que c’est un nouveau départ avec de nouvelles valeurs. Nous devons nous entraider, nous devons croire aux grandes idées parce que c’est le pays ou la démocratie est née et nous devons nous battre pour cela.

Tu parlais d’une nouvelle période, pourrais-tu développer ce point ? Pourquoi penses-tu que nous sommes dans un nouveau moment ?

Parce que toutes les vieilles idées que nous avons ici en Grèce s’écroulent. Nous dépensions beaucoup d’argent pour avoir une vie facile. Maintenant, tout change, nous devons croire davantage dans les idées, dans les gens, nous devons aller ensemble pour créer un avenir meilleur. Mais cette cause n’est pas facile en Grèce, c’est très difficile. Nous sommes forcés de travailler juste pour payer des impôts, et nous sommes forcés de survivre, rien d’autre. Ils essaient de nous mentir, ils ne nous disent pas la vérité : la TV, la radio, les journaux, ils n’ont jamais dit la vérité. Je crois que c’est partout pareil. Nous devons ouvrir notre esprit, nous devons nous éduquer davantage, nous devons lire davantage, nous devons chercher où est la vérité, parce que je ne crois pas que la crise concerne les pays pauvres ; au contraire, je crois que nous avons tout, nous pourrions vivre très bien. D’un autre côté, nous n’avons plus toutes ces bonnes choses.

Vois-tu la même attitude chez d’autres personnes en général, les gens se réveillent-ils ?

Oui, c’est le temps du réveil, c’est un moment très bien pour cela, très, très bien et je crois que c’est la même chose pour les autres pays pas seulement en Grèce. Et je suis très heureuse parce que les autres pays soutiennent la Grèce, et surtout la France. Et je crois que ce réveil se produira dans d’autres pays peu à peu.

As-tu des enfants ?

Oui, j’ai un enfant, il a onze ans. Et durant ces quatre dernières années à cause du fait que je travaille jour et nuit, il m’était impossible, en tant que mère de voir mon fils, à cause de la situation.

Comment vois-tu l’avenir pour toi et ton enfant ?

En fait, je suis optimiste. Je crois que les gens se réveillent comme nous l’avons déjà dit et que nous aurons plus de valeurs et je crois que mon fils vivra dans une société meilleure, plus amicale, pas comme avant, pas comme à mon époque. Tout ira mieux, j’espère que ça ira mieux, cela doit aller mieux, parce qu’autrement il n’y aura rien à dire, rien pour se battre. Pour cette raison, je crois que les Grecs accueillent des immigrés, des gens de partout dans le monde. Je crois que tout le monde en Grèce est grec parce que la Grèce est la lumière. Nous nous battrons pour un avenir meilleur, je suis sûre de cela.

Pour terminer cette conversation, un mot spécial à dire aux gens qui te verront.

Je veux leur envoyer de l’amour, mon amour et j’admire la façon dont ils se battent pour nous, parce que je crois qu’ils admirent la Grèce et que nous nous battrons tous pour le peuple grec. La télé ne dit pas que les gens d’autres pays se soucient de nous. Je suis sûre qu’ils aiment la Grèce et qu’ils se battront pour un avenir meilleur, pas seulement pour la Grèce, pour le monde entier, car la crise est partout, ce n’est pas seulement ici.

 

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