La monographie « El Secreto de la Flor de Oro, antecedentes de la disciplina energética en China » (Le secret de la fleur d’or, antécédents de la discipline énergétique en Chine) a été présentée au Parc d’étude et de réflexion Odena, à Barcelone. Nous avons réalisé une entrevue avec l’auteure, Raquel Paricio.

« Le secret de la fleur d’or » est un court texte qui explique des pratiques mystiques orientées vers la création d’un corps spirituel qui transcende notre existence. La première version écrite du texte est apparue au VIIIe siècle, mais ces pratiques existaient déjà avant, au moins depuis le VIe siècle avant notre ère. Elles sont attribuées à Lao Tseu, mais les recherches les font remonter à l’époque du mythique Empereur Jaune, peut-être au XXe siècle avant notre ère ou avant cela.

L’étude de la monographie se concentre sur l’analyse des pratiques qu’elle expose et leur contextualisation dans l’histoire de la Chine. Les pratiques, les registres et les significations qui y sont exposés, d’origine taoïste, sont présentés de manière obscure, sans un ordre précis. Il est donc nécessaire de les analyser en fonction du symbolisme chinois lui-même mais aussi en suivant des étapes qui aideront à rendre le processus plus compréhensible. Il est révélé que le livre suit parfaitement un index à partir duquel on peut assembler les morceaux du casse-tête et entrevoir les aspects suivants : le but de ces pratiques, les procédures, le style de vie proposé, les registres d’expérience obtenus et les significations dévoilées.

Qu’est-ce qui vous a motivé à entreprendre cette étude ?

Des années après avoir découvert le texte « Le secret de la fleur d’or » et voyant que son contenu restait indéchiffrable, j’ai décidé d’en faire mon compagnon de voyage afin de réaliser quelques pratiques qui nous aideraient, moi et d’autres personnes, à comprendre les méthodes qu’utilisaient différentes cultures pour pénétrer les espaces sacrés et, dans le cas présent, comment et de quelle manière le taoïsme accédait au TAO.

De nombreuses lectures et pratiques ont été nécessaires pour comprendre ces notions présentées de manière si énigmatique.
Le livre était pour moi comme un trésor, comme quelque chose que je devais découvrir pour obtenir les registres d’expérience souhaités et que ce livre me proposait. Il était si entouré d’une aura de mystère qu’il s’est révélé d’une grande aide dans mes pratiques de méditation et insinué dans ma vie quotidienne.

Je pourrais dire que découvrir le « secret » pour vivre dans cette « fleur d’or » a été la motivation principale.

Qu’avez-vous découvert en cours de route ?

Le chemin a été intense. Ce fut une relation amoureuse avec une culture que je ne connaissais pas. Je devais avant tout étudier la Chine à partir de ses pratiques culturelles, de son art, de ses expériences esthétiques. Tout cela provoquait en moi une résonance sans pareille, où l’expression de la phrase la plus délicate, certains dessins, peintures, objets, matériaux, etc. pouvaient provoquer une résonance interne que je vivais avec une forte charge émotionnelle. Connaître une culture imprégnée du désir de transcender la vie signifiait briser tout conditionnement mental pour entrer dans une autre sphère de possibilités.

Bien qu’ayant été une culture très marquée par de nombreuses périodes de guerre, de lutte et de violence, son désir d’accéder à ce qui est immortel en fait une culture où tout tourne autour de cet objectif, qu’il s’agisse des pratiques chamaniques les plus anciennes ou d’une multitude de pratiques respiratoires et de techniques de mobilisation énergétique : l’alchimie comme pratique extérieure au corps, à la manière de l’alchimie alexandrine ; l’alchimie intérieure ; l’art de l’alcôve ; la respiration embryonnaire, etc. Et parmi elles, la circulation de la lumière, la technique incluse dans « Le secret de la fleur d’or » permettant d’atteindre l’immortalité.

En plus de constater que l’ensemble du texte répondait aux questions concernant le but de ces pratiques, les procédures, le style de vie, les registres et les significations – un travail qui aidait à ordonner une pratique personnelle –, les lectures que je faisais pour mieux connaître la culture présentaient des concepts qui imprègnent un style de vie et une conception cosmogonique propres à la culture chinoise. C’est le cas des termes « Vacuité », « Un » et « Retour au commencement ». Tout cela nous a conduit à entrevoir une civilisation où l’Immortel, lié à la naissance de l’esprit, est présenté comme une philosophie de vie.

Diaporama :

Library of Congress
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En quoi ce travail contribue-t-il à d’autres analyses qui ont été faites du livre ?

Le schéma d’analyse utilisé dans l’étude est exposé dans « Notes de psychologie », de Silo, une étude pour comprendre le fonctionnement du psychisme humain et les différents niveaux de conscience.

La différence avec le point de vue des autres commentateurs est fondamentale. Le point de départ est une analyse qui ne peut être comprise qu’en ayant une expérience préalable et un registre des états qui sont proposés, suivant un plan et quelques étapes. De là, on constate que sans expérience, il est difficile de théoriser ou d’analyser un processus et ses significations. On constate que le sujet ne peut pas être traité à partir du concept de psychologie contemporaine, parce que le mysticisme ne répond pas à ses principes. Mais il y a des commentateurs dont les analyses fournissent des orientations intéressantes, comme Thomas Cleary, ou les travaux d’Eva Wong.

D’après vos recherches, quels éléments de la culture chinoise ancienne feriez-vous ressortir ?

L’importance du concept d’énergie, qui n’est pas seulement utilisé dans les pratiques de méditation, mais également dans la compréhension du corps et du cosmos d’un point de vue différent de celui de l’occident. La médecine en est un bon exemple. Cela donne probablement un sens très différent au concept de mort, parce que s’il n’y a pas que le corps matériel, nous pouvons penser à quelque chose de différent en ce qui concerne le corps énergétique, quelque chose qui peut ne pas mourir.

Et en raison de mon parcours artistique, je ne peux que m’étonner des regards, des découvertes et des points de vue sur la représentation de l’art chinois qui a précédé la culture occidentale.

Ces pratiques existent-elles encore aujourd’hui ?

Il est difficile de savoir à quel point l’essence de ces pratiques est suivie. Lao Tseu serait l’auteur principal, tout comme l’auteur le plus lu, qui rapporte les significations obtenues du TAO, mais il est difficile de trouver des adeptes des pratiques originelles. En effet, il n’est pas facile d’accéder aux endroits où ils vivent, de sorte que l’information qui nous parvient est très diluée. C’est pourquoi je crois qu’analyser ce texte ancien en décortiquant chaque expression est un bon moyen de révéler un chemin pour les personnes intéressées à accéder aux espaces sacrés, à ce que le taoïsme appelle TAO et que d’autres pratiques appellent « Le Vide ».

La monographie se trouve à l’adresse suivante (en espagnol) :
http://parcodena.org/wp-content/uploads/2017/03/EL-SECRETO-de-la-FLOR-de-ORO_Raquel-Paricio_v2.pdf

 

Traduction de l’espagnol, Silvia Benitez