Le film documentaire « Libre » retrace la lute menée par Cédric Herrou pour aider les migrants qui passent dans sa vallée. Lors de la projection du film à Pessac, à côté de Bordeaux, Pressenza a interviewé Cédric.

 

Extrait de l’interview

Quel est l’accueil que vous recevez dans votre tournée en France ?

L’accueil qu’on reçoit, avec le film de Michel Toesca, « Libre » : on a fait un peu moins d’une centaine de présentations du film, il a tourné en salle, je crois qu’on a fait 50 000 entrées. Il est très bien reçu, surtout c’est assez touchant de voir que même dans des petites villes, ou dans des villages de 2000 ou 3000 habitants, on fait des salles pleines. On voit que la population est sensibilisée, pas forcément engagée, ce n’est pas forcément des gens qui hébergent.

Je pense qu’il y a une question qui dérange beaucoup de gens, c’est une question qui dérange, en fait. C’est de se dire, on peut pas accueillir toute la misère du monde, mais on doit en prendre sa partie, et surtout quand elle est sur notre territoire… pour rester digne, pour respecter la dignité des gens, pour conserver notre propre dignité. Ce n’est pas d’être immigrationniste ou pro-migrant de dire que quand on a des gens ici, on les traite dignement.

Qu’est-ce que nous, citoyen, pouvons nous faire à notre niveau ?

Ce film parle d’une vallée à laquelle on a imposé une problématique. C’est une vallée dans laquelle les habitants se sentent chez eux, dans l’espace public, sur la place du village. Le chez soi ne s’arrête pas à son balcon, à son salon. On est responsable du territoire de l’espace public.

Le film montre une lutte citoyenne simple. Ce n’est pas une lutte qui est dramatique, c’est une lutte qui est joyeuse, qu’on fait entre amis. Ce n’est pas une lutte pro-migrante, il faut ouvrir un peu les yeux et regarder autour de soi, et se rendre sensible à la détresse qu’il peut y avoir.

On peut être par exemple dans le RER, on voit une personne qui a des bagages et qui n’arrive pas à monter les excaliers : on l’aide ; dire bonjour à quelqu’un qui est SDF et qui mendie, sans forcément donner de l’argent. La fraternité ce n’est pas donner de l’argent à tout le monde, la fraternité c’est considérer l’individu à notre égal, quel que soit son statut social, son statut administratif, sa couleur de peau ou sa religion. C’est d’assumer ce qu’on nous dit depuis longtemps. Notre devise on l’oublie, on voit liberté égalité fraternité, mais on a perdu la notion des mots, de ce que cela veut dire liberté égalité fraternité.

Qu’est ce que le vivre ensemble ? Je pense que quand on est sensible à la détresse de l’autre, au besoin de l’autre, cela fait du bien. On se sent un peu plus vivant ; vous devriez essayer, on arrive à mieux s’endormir le soir !