Pressenza édite cet article dans le cadre de la Journée de la Nonviolence active, le 2 Octobre.

Le thème de la violence individuelle et sociale et sa caractérisation dans les différentes formes qu’elle prend est un point central de la Doctrine de Silo. Dans ses premiers écrits, le sujet apparaît déjà comme central, mais ici, nous allons le considérer comme une information, seulement au travers de quelques-unes de ses expressions orales ou écrites : harangues, discours et conférences publiques.

Dans sa première prise de paroles publique, la harangue « La guérison de la souffrance », Silo aborde différents thèmes mais la violence et le comportement pour la dépasser y apparaissent d’une manière centrale.

En 1969, le monde vivait sous les tensions de la « guerre froide  » entre le bloc capitaliste et le bloc communiste ; l’Amérique latine se tordait sous l’oppression militaire et l’Argentine était asphyxiée par une dictature. Elle était dirigée par un militaire messianique, Juan Carlos Onganía, qui a consacré le pays à la Vierge Marie tout en livrant les ressources naturelles à l’étranger et en réduisant les libertés individuelles.

La nécessité de revendiquer la subjectivité a été vécue de façon dramatique, sans trouver un moyen d’en sortir ; on cherchait à compenser le non-sens avec la drogue et d’autres formes de fuite de la vie.

La violence sociale ne figurait pas parmi les prévisions des formateurs d’opinion et c’est la première critique que Silo a reçue lorsqu’il en a parlé : pourquoi parler de violence quand le pays est pacifié ? Le 29 mai 1969, à peine 25 jours après la mise en garde de Silo, une rébellion populaire spontanée éclata dans la ville de Cordoba, Argentine, sur la base des actions communes des syndicats et des étudiants.

Origine de la violence individuelle

Se référant à l’expérience subjective de la violence, Silo explique son origine et met en garde contre sa projection vers la société : « Chez l’homme, la violence mue par les désirs ne reste pas seulement dans sa conscience, comme une maladie, mais agit aussi dans le monde des hommes ; elle s’exerce sur les autres personnes. »

Il encadre ensuite la violence dans la souffrance et explique la relation entre les deux termes :

« Tu dois distinguer deux types de souffrance : l’une est produite en toi par la maladie (elle peut reculer grâce au progrès de la Science comme la faim peut reculer grâce au triomphe de la justice); l’autre ne dépend pas de la maladie de ton corps mais en découle : si tu es infirme, si tu ne peux pas voir ou entendre, tu souffres ; mais, même si cette souffrance découle de ton corps ou de ses maladies, elle est celle de ton mental. »

« Il y a une autre souffrance qui ne peut reculer ni avec le progrès de la Science, ni avec celui de la justice. Cette souffrance, strictement liée à ton mental, recule devant la foi, devant la joie de vivre, devant l’amour. Tu dois savoir que cette souffrance est toujours basée sur la violence qui se niche dans ta conscience. Tu souffres par crainte de perdre ce que tu as ou à cause de ce que tu as déjà perdu ou pour ce que tu désespères d’atteindre. » […] « Toutes ces souffrances sont propres à ton mental. Toutes révèlent la violence intérieure, la violence présente dans ton mental. Remarque comment cette violence découle toujours du désir. Plus un homme est violent, plus ses désirs sont grossiers. »

Par la suite, il fait une première distinction entre les différentes manifestations de la violence : violence physique, économique, raciale et religieuse. Il prévient lors d’un développement ultérieur qu’il y a « d’autres formes de violence ».

Il termine en expliquant ce qu’il faut faire de la violence intérieure : « C’est uniquement par la foi intérieure et la méditation intérieure que tu peux en finir avec la violence en toi, chez les autres et dans le monde qui t’entoure. Les fausses solutions ne peuvent mettre un terme à la violence. »

Le dernier appel de cette harangue s’adresse à l’individu dans sa relation avec les autres : « Porte la paix en toi et porte-la aux autres. « .

Origine de la violence sociale

Dans les thèses du Nouvel Humanisme, la thèse 4 est particulièrement descriptive : « La contradiction sociale est le produit de la violence. L’appropriation du  » Tout  » social, par une de ses parties, est violence et cette violence est à la base de la contradiction et de la souffrance. La violence se manifeste comme le dépouillement de l’intentionnalité de l’autre (et bien sûr de sa liberté) ; comme action d’immerger l’être humain ou l’ensemble des êtres humains, dans le monde de la nature ».

Nonviolence active

Dans le dictionnaire du Nouvel Humanisme, Silo la définit ainsi : « Stratégie de lutte du Nouvel Humanisme qui consiste à dénoncer systématiquement toutes les formes de violence qu’exerce le Système. C’est aussi une tactique de lutte s’appliquant dans des situations ponctuelles où l’on constate un quelconque type de discrimination. »

Les prédécesseurs

La conférence sur « La religion dans le monde contemporain » [N.d.E. Conférence du livre ‘Silo parle. Lien vidéo, lien texte] était la deuxième tentative de Silo d’aborder ce sujet. Elle a eu lieu le 6 juin 1986 dans le hall de la Maison Suisse à Buenos Aires. La première tentative, en 1974, a échoué à cause de l’intervention de la police qui, sans aucune accusation, a arrêté les 500 participants qui remplissaient la salle. Dans cette conférence, il y a une reconnaissance explicite des autres combattants de la Nonviolence qui l’ont précédé : comme Tolstoï, l’homme qui fut un écrivain brillant et devint « le mystique christiano-anarcho-pacifiste, source indubitable d’un nouveau projet et d’une nouvelle méthodologie de lutte, la nonviolence. (…) et les idées de Ruskin et l’Évangile social de Fourier – celui que Marx mentionne dans Le Manifeste –, se combinent chez un jeune avocat indien en lutte contre la discrimination en Afrique du Sud, Mohandas Gandhi.”

(…) C’est avec lui que débutent les marches pacifiques, les grèves sur le tas, les sit-in de rue, les grèves de la faim, les occupations pacifiques… en somme, ce que Gandhi appelle « résistance civile ». (…) et la force morale émerge… contre l’arrogance économique, politique et militaire ».

Dans une autre conférence à Buenos Aires, ‘Qu’entendons-nous aujourd’hui par humanisme universaliste ?‘, [N.d.E. Conférence du livre ‘Silo parle’] le 24 novembre 1994, devant la Communauté Emanu-El, il soulignait : « Si, par sa force morale, la figure de Giordano Bruno, qui fut confronté au martyre, apparaît par conséquence comme le paradigme de l’humanisme classique, nos contemporains Einstein et Oppenheimer peuvent tout autant être considérés avec justesse comme humanistes à part entière. Et pourquoi, bien que se situant au-delà du champ de la Science, ne devrions-nous pas considérer Tolstoï, Gandhi et Luther King comme des génies humanistes ? Schweitzer n’est-il pas un humaniste ? Je suis sûr que des millions de personnes dans le monde entier soutiennent une attitude humaniste face à la vie. Je ne cite que quelques personnalités car elles sont reconnues par tous comme des modèles de la position humaniste ».

Ailleurs, il revient sur ces icônes de la nonviolence et inclut un autre Africain : « Les conceptions de Tolstoï de la nonviolence et de l’amour se sont incarnées de manière originale dans l’activité de Gandhi en Inde, Schweitzer en Afrique, Nkrumah au Ghana, Luther King aux Etats-Unis ».

Plus récemment, dans la harangue de 2004 à Punta de Vacas,  Silo souligne :  » Deux grandes âmes qui luttèrent contre la discrimination et l’injustice accompagnent notre rencontre. Guides inspirateurs de la nonviolence : Mahatma Gandhi et Luther King connurent l’échec mais jamais ne renoncèrent à leur tentative. Aujourd’hui, ils sont très présents dans notre esprit et dans notre cœur. »

Humanisme et vie quotidienne

Lors de la conférence de 1994, Silo a expliqué : « Cependant, si quelqu’un exigeait de nous une définition de l’attitude humaniste dans le moment actuel, nous lui répondrions en peu de mots : « Est humaniste celui qui lutte contre la discrimination et la violence en proposant des issues qui permettent à l’être humain de manifester sa liberté de choix. » ».

Préhistoire et histoire

Dans une autre de ses nombreuses conférences, données cette fois-ci à l’Universidad Autónoma de Madrid, Espagne, le 16 avril 1993, donnant une « vision actuelle de l’humanisme » [N.d.E. Conférence du livre ‘Silo parle’], il souligne que « l’on ne pourra passer de la Préhistoire à la véritable histoire humaine sans que soit éliminée l’appropriation violente et animale de certains êtres humains par d’autres. »

(…) « Nous, humanistes, posons le problème de fond : savoir si nous voulons vivre et décider dans quelles conditions. Toutes les formes de violence – physique, économique, raciale, religieuse, sexuelle et idéologique – à cause desquelles le progrès humain a été entravé, répugnent aux humanistes. Toute forme de discrimination, manifeste ou larvée, constitue pour les humanistes un motif de dénonciation ».

Limites

En 1993 s’est tenu à Moscou le Forum Humaniste [N.d.E. Conférence du livre ‘Silo parle’], un événement international auquel ont participé des délégations internationales de 42 pays et des professeurs russes. C’était le 7 octobre et après avoir reçu le salut d’Indra Devi (Eugénie Peterson), Silo a expliqué ses idées dont nous tirons une brève citation sur les limites de l’intégration culturelle : « le Forum Humaniste doit fixer des conditions minimales : les courants qui prônent la discrimination ou l’intolérance ne peuvent y participer, pas plus que ceux qui encouragent la violence comme méthodologie  d’action pour imposer leur conception ou leurs idéaux, aussi élevés soient-ils. Mis à part cela, aucune autre limitation n’a lieu d’être ».

L’attitude humaniste à l’heure actuelle

Dans une autre conférence importante de Silo, déjà mentionnée, qui a eu lieu à Buenos Aires dans la Communauté Emanu-El, le siège du judaïsme libéral en Argentine, nous lisons :

« Les caractéristiques de cette attitude commune aux humanistes de différentes cultures sont les suivantes : 1. la place de l’être humain comme valeur et préoccupation centrale ; 2. l’affirmation de l’égalité de tous les êtres humains ; 3. la reconnaissance de la diversité personnelle et culturelle ; 4. l’aspiration à développer la connaissance au-delà de ce qui est accepté comme vérité absolue ; 5. l’affirmation de la liberté des idées et des croyances ; 6. le rejet de la violence. »

Conscience non-violente

Lors de la dernière conférence de Silo en Argentine, le 17 mai 2006 au Parc de la Reja à Buenos Aires, il a présenté ‘Psychologie IV’, lien vidéo, lien texte. [ N.d.E. Le livre ‘Notes de Psychologie’ regroupe les parties I, II, III et IV] complétant ainsi sa contribution à cette discipline, qui a été publiée sous forme de livre en août 2006 et présentée au Salon du livre de Rosario le même jour. Dans un passage, dans le cadre des structures de la conscience, se référant à des phénomènes accidentels et des phénomènes désirés, il explique :

« Je crois opportun de faire ici une petite digression. On peut envisager des configurations de conscience avancée dans lesquelles tout type de violence provoquerait de la répugnance avec les corrélats somatiques correspondants. une telle structuration de conscience non violente pourrait parvenir à s’installer dans les sociétés et serait une conquête culturelle profonde. Cela irait au-delà des idées et des émotions qui se manifestent timidement dans les sociétés actuelles, pour commencer à faire partie de la trame psychosomatique et psychosociale de l’être humain ».

Pacifisme et nonviolence

En 1983, le journal argentin El Observador a publié un article de Silo intitulé Pacifisme et Nonviolence. C’était une contribution à la construction d’un monde sans le fléau de la violence. Il commence par une question :

« Pourquoi l’on insiste sur le fait que le travail social le plus important est celui qui s’oriente vers la réalisation de la paix ? la réponse mettait les choses à leur place, clairement : « Car on part de ce dilemme sans compromis : augmenter la paix ou accroître la destruction ».

L’armement et l’équilibre de guerre

En réponse à ceux qui parlaient d' »équilibre de guerre relatif », de « guerres limitées », Silo éclaircit dans cet article, la valeur de chacune des vies de « trois millions d’êtres humains qui (selon les données des Nations Unies) ont été tués au cours des 15 dernières années ».

Et plus loin il demandait : « Pourquoi ne pas équilibrer vers le désarmement, au lieu de faire le contraire ? »

Armement et défense

Face à l’argument selon lequel les grandes puissances doivent défendre des zones de plus en plus étendues, Silo a répondu : « D’après cela, il viendra un moment où il n’y aura plus aucun point sur la planète qui ne soit d’intérêt vital pour une superpuissance. Sous ce prétexte, nous pouvons rejeter la liberté, la justice, les droits et toute nation qui n’est pas puissante. »

En ce qui concerne le phénomène d’accumulation d’armes dans les petits pays, il a expliqué : « Regardez la carte des conflits armés et vous verrez qu’ils se multiplient à la périphérie des pouvoirs. Les producteurs d’armes semblent donc très intéressés par l’approvisionnement des « nécessiteux », car le marché de la guerre est également en hausse dans les pays sous-développés. Seulement, si environ 30% de leurs budgets annuels sont consacrés aux dépenses militaires et non aux activités productives, l’appauvrissement et la dette extérieure ont tendance à se multiplier. »

Armement et économie

« L’armement est essentiellement une guerre économique dans laquelle une partie tente de détourner les ressources productives de l’autre. Cependant, tout matériel en retard ou obsolète doit être placé dans d’autres domaines afin de compenser au mieux les investissements réalisés à l’époque ».

« Les puissants augmentent leur potentiel de guerre, développent des conflits à la périphérie et génèrent une dépendance économique autour d’eux. Puisque, d’autre part, les soi-disant « points d’intérêt vital » commencent à être tous les points du monde, chaque géant devra les garder directement ou indirectement, à l’aide d’armes. Aujourd’hui, ce sera la frontière elle-même, demain l’accès aux voies de communication, puis les mers chaudes, plus tard les sources de pétrole et de matières critiques… continuant ainsi, jusqu’à atteindre l’espace extérieur. »

Guerre totale

Face au raisonnement selon lequel « personne n’y penserait aujourd’hui en appuyant sur le bouton sans attendre une réponse immédiate de l’agressé », Silo a mis en garde en 1983 contre la probabilité croissante des accidents et de l’action de petits groupes terroristes :

« En effet, les puissances ne veulent pas d’une guerre totale dans laquelle elles seraient détruites, mais elles considèrent qu’une guerre nucléaire restreinte est faisable. Cependant, comme le monopole atomique est relativement gérable, personne n’est à l’abri de l’accident qui pourrait précipiter une puissance mineure, ni du chantage qu’un petit groupe serait capable d’exercer.

(…) « D’ailleurs, si les choses continuent ainsi, personne ne sera à l’abri d’être piégé dans une zone où il y a un conflit restreint, ou une rencontre conventionnelle en raison du développement guerrier favorisé par les grandes puissances ».

La crise du système

La conclusion décourageante des sceptiques et de ceux qui croient seulement en la force et le nombre – c’est-à-dire en la violence – est que les courants d’opinion, les organisations non gouvernementales ou les partis ne peuvent arrêter la course aux armements. Silo a répondu en expliquant les conséquences de la crise du système et en anticipant ce qui allait arriver dans les décennies à venir :

« Il ne s’agit pas des volontarismes personnels ou collectifs. Il s’agit d’une crise du système qui accompagne le développement de la guerre. Par exemple : des dettes pourraient rester impayées et le système financier pourrait s’effondrer ; certaines ressources essentielles pourraient s’épuiser : des alliances militaires pourraient être rompues… L’asphyxie économique des populations peut changer le signe du système dans lequel elles vivent. La violence atteindrait alors un tel niveau de pollution quotidienne que la sécurité personnelle serait diminuée dans n’importe quelle ville et en plein jour. Le terrorisme, la criminalité de droit commun, l’agression et l’arbitraire à tous les niveaux peuvent conduire les populations à l’explosion sociale. »

« Dans une crise généralisée du système, les mécanismes de contrôle sont fracturés et les peuples sont orientés dans la direction opposée aux facteurs qui les ont fait souffrir. Les gens sont des amoureux de la paix, mais si leurs dirigeants les entraînent illégitimement dans un conflit, ils les répudient aussi violemment. Il ne s’agit pas de volontarismes. La crise générale du système est indissolublement liée au développement de la guerre et, par conséquent, les conditions d’une répudiation active du système mondial sont créées. Il s’agit de sensibiliser et de faire prendre conscience que les pratiques violentes dans tous les domaines sont la traduction de la méthodologie d’action du système. »

La violence comme choix

En ce qui concerne un autre thème que les gens violents utilisent pour se justifier, que la violence est inhérente à la nature humaine, Silo déclarait :

« Ce n’est pas le cas, maintenant, de discuter de la prétendue « nature humaine ». Une telle idée s’oppose au progrès humain. La vérité est que la paix est possible en ce moment critique et dans les moments à venir, si les gens réalisent que la violence fait partie de la méthodologie du système. Par conséquent, la crise peut être surmontée au travers de la méthodologie de la nonviolence. »

Quant à l’efficacité de la Nonviolence face à des régimes comme le nazisme, Silo a montré le contexte des dictatures sanglantes : « Parce que la violence était répandue à l’époque (presque autant qu’aujourd’hui), des dictatures pouvaient être imposées. Comment des fascismes ont-ils pu être installés par des moyens non-violents ? Un phénomène ne peut être isolé de son contexte. Si l’on prend le nazisme une fois développé et on le place après dans un environnement non-violent, l’approche est intentionnellement fausse. C’est l’inverse : dans un environnement non-violent, les dictatures ne peuvent pas se développer. »

Éclaircissement et mobilisation

Quant à « quoi faire » pour obtenir un changement de la situation mondiale basé sur la Nonviolence, la réponse de Silo a été catégorique : « Il ne s’agit pas d’attitudes volontaristes d’individus ou de groupes. Il est inévitable que la crise générale du système s’accompagne d’un renforcement des mouvements pour la paix, de sorte que, sous la pression sociale, ils commencent à déterminer l’orientation des États, dans la direction opposée à celle qu’ils mènent aujourd’hui ».

(…) « il y a deux activités à prendre en compte : l’éclaircissement et la mobilisation. C’est-à-dire : s’éclaircir soi-même, éclaircir les autres sur le problème et en même temps, mobiliser l’environnement dans lequel on vit, dans la direction de la paix. »

« Peu de gens savent combien de millions de dollars sont dépensés en armes par minute. Peu de gens connaissent les tonnes d’explosifs distribuées par habitant parmi les 4,3 milliards d’habitants de la planète. La plupart des gens ne savent pas combien d’hôpitaux, d’écoles, d’universités et de centres de recherche peuvent être construits avec le budget de l’armement. Seuls quelques spécialistes reconnaissent la quantité et la qualité des aliments (en tout cas phénoménale) qui peuvent être produits avec un tel capital : les zones non fertiles et les zones érodées qui peuvent être récupérées. Et bien sûr, la conscience écologique n’a pas encore été pleinement éveillée, ce qui finira par contribuer à bannir la criminalité contre les êtres humains et la nature. Le crime est alimenté surtout par la voracité des milieux bellicistes, indifférents à la contamination radioactive et chimique. »

« L’élan qui sera donné aux zones défavorisées le jour où les armes seront effectivement fondues en outils de progrès n’est pas encore pris en compte par le citoyen moyen, à qui ce type d’information a été délibérément caché.

« Enfin, aucun effort n’a été fait pour faire savoir à la population combien leur revenu serait plus élevé, combien leur qualité de vie serait meilleure, combien leur horizon serait plus clair en termes de sécurité et de possibilités, si la course aux armements était en déclin.

 » Éclaircir ces thèmes, informer concrètement l’environnement dans lequel on travaille et vit ; sensibiliser les collectivités politiques et religieuses auxquelles on participe sur la base de données précises ; travailler pour que cette information soit diffusée par tout véhicule approprié, c’est le faire en faveur de la paix.

« Et quant à la mobilisation de couches toujours plus larges de la société dans la direction proposée, tout ce qui les oriente dans des actions concrètes et avec une méthodologie non-violente est un facteur à prendre en compte pour la formation d’un front social en développement.

L’organisation

Silo souligne dans « Pacifisme et Nonviolence » que la façon de mettre en œuvre l’éclaircissement et la mobilisation d’une manière efficace et durable était l’organisation.

« Une organisation qui clarifie les grands fléaux de l’humanité : violence physique, violence économique, violence raciale et violence religieuse. Une organisation qui crée des centres de communication directe (pas d’intermédiation comme le font les médias). Enfin, une organisation qui permet à chacun de communiquer avec soi-même et qui enseigne comment désarmer la bombe de violence que chaque être humain porte en lui ».

Communication directe

Dans la note journalistique qui nous concerne, Silo précise même les détails :

« Il faut une structure qui soit mise en place sur la base de centres de communication directe entre les personnes et dans laquelle chaque participant puisse adopter une nouvelle posture face à la vie, inspirée par la nonviolence. Cette organisation doit être en mesure de guider des couches toujours plus larges de la population dans un front commun contre la violence. De plus, il doit être construit dans l’environnement dans lequel se déroulent les activités quotidiennes. L’environnement de travail, professionnel, étudiant et de résidence ; puis l’environnement des relations : le quartier, la population, la famille et le groupe d’amis.

La société et les individus en paix

« L’idéal le plus grand et le plus ambitieux est la réalisation d’une société de paix, mais chaque milieu particulier offre des possibilités concrètes d’action pour l’éclaircissement, la mobilisation et la somme des volontés dans la même direction.

(…) l’idéal du monde de la paix, commence à se concrétiser dans la pratique et dans l’engagement quotidien envers le milieu dans lequel chacun doit vivre et dans lequel chacun doit lutter pour obtenir des transformations positives ».

Méthodologie du changement

Dans le livre ‘Lettre à mes Amis‘, sixième lettre, se trouve le Document Humaniste, une déclaration de Principes de ce courant de pensée, dans le point III se présente  « la position humaniste ». Puis, dans la septième lettre, Silo explique les différences entre Révolution, comprise comme un changement de fond et la Nonviolence comme méthodologie pour obtenir le pouvoir.

Enfin, au bénéfice de l’extension de ce travail de vulgarisation, ceux qui sont intéressés à approfondir le thème peuvent se tourner vers le « Dictionnaire du nouvel humanisme« . Dans ce texte, également inclus dans ‘Œuvres complètes II’, il y a des explications précises sur les différentes formes de violence et sa relation avec la Nonviolence comme posture morale, attitude, méthodologie et forme incontestable d’action valable, entre autres.