Ce matin [N.d.T. 11 septembre 2018], j’étais avec la députée Karol Cariola dans un lieu emblématique situé dans mon quartier, dans la commune de Peñalolén. Un endroit qui se souvient du pire de ce qu’était la dictature. Un lieu qui aurait dû toujours être un lieu de paix et pourtant la DINA (N.d.T. Direction d’Intelligence Nationale, la police politique de Pinochet) en a fait l’un des endroits les plus terrifiants pour la torture et le meurtre : Villa Grimaldi ou le sinistre Quartier Terranova.

Là-bas, on a tué, on a torturé à la limite de l’imaginable, des compatriotes ont disparu, attachés à des rails, puis jetés à la mer. On y trouve le témoignage vivant de ce qu’a été l’horrible dictature civique militaire que certains prétendent encore nier.

Mais ce lieu d’horreur, paradoxalement, c’est aussi un lieu d’Amour, un lieu de souvenir des êtres chers, un lieu de mémoire, un lieu de Vie. Il y a un mur avec les noms des assassinés. Et ça les rend humains. Ce sont des noms comme les frères Recabarren Gonzalez, ou Bautista Van Showen et 260 autres exécutés et disparus.

Aujourd’hui, le président Piñera a souligné que le 11 septembre est une date qui divise les Chiliens, reflétant ainsi le grave problème que nous vivons en tant que société, car 45 ans après le coup d’État militaire, il est impossible que certains justifient encore ce qui est injustifiable. À ce stade, nous devrions être tout à fait d’accord pour condamner les crimes graves, les meurtres perfides et les humiliations horribles que des milliers de Chiliens ont souffert du simple fait de penser autrement. Et cette condamnation devrait être complète, sans contextes qui minimisent les crimes et sans explications qui justifient les horreurs.

Aujourd’hui, 45 ans après le coup d’État civique militaire, nous voyons avec inquiétude comment le déni augmente et s’installe au sein d’une partie de la droite. Ils prétendent effacer aujourd’hui ce qui a été nié auparavant ! Mais ils ne pourront pas ! Ils ne peuvent pas faire que tout un peuple oublie. Ils ne pourront pas effacer leurs traces de mort. Nous n’oublierons pas. Et ils ne pourront jamais justifier ce qu’ils ont fait. Il n’y a pas de contexte possible. Il n’y en a pas, peu importe à quel point ils essaient de justifier l’injustifiable.

Et sans vengeance, mais avec clarté et fermeté, avec la conviction que nous faisons ce qui est correct, nous continuerons à rechercher la vérité et la Justice. Et nous ferons tout ce qui est nécessaire pour que la Justice ne cède jamais la place à l’Impunité.

Pour moi, aujourd’hui est aussi un jour d’espoir quand je vois que les nouvelles générations se sont appropriées l’exigence et l’engagement pour la vérité et la justice.

Je ne demande pas de faire un événement quelconque aujourd’hui.

Aujourd’hui, je veux seulement rendre hommage à tous les Sites de Mémoire qui, comme Villa Grimaldi, honorent la Mémoire des morts pour que plus jamais… Pour que ça ne se reproduise plus jamais !!!

C’est un hommage aux assassinés, aux torturés, aux décapités, aux femmes violées, aux exilés, aux détenus disparus, à ceux qui ont été exécutés par des motifs politiques. Un hommage à tous ceux qui sont morts pour le simple délit de vouloir léguer un monde meilleur aux nouvelles générations.

Je ne demande pas de faire un événement quelconque aujourd’hui.

Je demande seulement que nous puissions, en tant que société, assumer un engagement solennel de ne jamais nier ce qui s’est passé et de lutter chaque jour de notre vie pour la vérité, la Justice et avant tout pour un Chili plus Humain.